Nous sommes à Paris, en 1885. Augustine (Soko), 19 ans, devient la patiente préférée du professeur Charcot (Vincent Lindon), qui étudie l’hystérie à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière. D’objet d’étude, elle deviendra peu à peu objet de désir…
L’ambition de la réalisatrice Alice Winocour était plus qu’honorable en abordant la condition féminine à travers la prise en charge de l’hystérie au 19e siècle. D’un côté, l’hystérie et ses multiples manifestations : paralysies, cécités, troubles de la sensibilité, crises de nerfs, convulsions et pertes de connaissance. De l’autre, les célèbres séances d’hypnose du professeur Charcot à l'Hôpital de la Salpêtrière, qui exigeait de ses patientes qu’elles reproduisent « la grande crise » (contractures, convulsions et état cataleptique) devant un auditoire exclusivement masculin, séances qui se terminaient par une valse d'applaudissements comme après un bon spectacle et dans lequel le voyeurisme prévalait.
Un professeur Charcot parfois hautain et grossier en exposant le corps de ses patientes comme des carcasses d’animaux dans une foire agricole, d’autres fois plus vigilant quand il prend au sérieux la maladie de ses patientes (rappelons qu’ au Moyen-Age, les hystériques étaient tout bonnement considérées comme des sorcières et envoyées au bûcher, il y a donc une évolution certaine dans la perception de la maladie et sa prise en charge), tantôt calculateur en voulant l’utiliser pour favoriser sa carrière, ou encore très humain quand il succombe au charme de sa belle patiente.
Un mal qui puise sa source dans l’inassouvissement des tensions sexuelles mais également dans une société extrêmement corsetée à tous points de vue pour la femme, que ce soit dans l’habillement qu’au niveau psychologique ou sociétal.
Mais si Augustine s’écroule souvent lors d' une crise de convulsion, il ne fallait pas pour autant réaliser un film mou du genou. Car il faut bien avouer que la réalisation pêche par son académisme et sa mise à distance, empêchant toute émotion d’émerger en nous cantonnant essentiellement au rôle de spectateur.
Une intention très louable au départ mais un bilan plus mitigé en final. Il n’en reste pas moins très instructif pour ceux qui connaissent mal cette maladie et sa prise en charge à l’époque, très révélateur de la condition féminine dans une société extrêmement cloisonnée. Car quel avenir attend cette jeune fille pauvre, sans ressources et sans instructions une fois sortie de l’hôpital ?
Réalisateur:
Alice Winocour
Acteurs:
Vincent Lindon,
Soko,
Chiara Mastroianni
Origine:
France
Genre:
Drame
Année de production: 2012
Durée: 1h42
Si vous voulez approfondir le sujet, je vous conseille le roman Blanche et Marie de Per Olov Enquist. Cliquez sur la couverture pour accéder au billet correspondant.