mardi 31 mars 2015

Bilan du mois de mars 2015

Romans


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L'ami d'enfance (1968) de Maigret de Georges Simenon


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Azadi (2015) de Saïdeh Pakravan
Anima (2012) de Wajdi Mouawad
La main (1968) de Georges Simenon 


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La gaieté (2015) de Justine Levy


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L'écrivain national (2014) de Serge Joncour
La Voie de l'ennemi  (The Blessing Way, 1970) de Tony Hillerman



Films


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Phoenix (2014) de Christian Petzold


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The Voices (2014) de Marjane Satrapi
Big Eyes (2014) de Tim Burton
Quelques jours de La vie d'Oblomov (1980) de Nikita Mikhalkov


* * (*)
Le Dernier loup (2015)  de Jean-Jacques Annaud
L'Enquête (The International, 2008) de Tom Tykwer


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La Compagnie des loups (The Company of Wolves, 1984) de Neil Jordan




Documentaires


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Le sel de la terre (The Salt of the Earth, 2014) de Juliano Ribeiro Salgado et Wim Wenders 


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Pierre Bonnard, les couleurs de l'intime (2015)
Patience, patience… T'iras au paradis (2014) de Hadja Lahbib
Vivre sa mort (2014) de Manu Bonmariage
Le cas Pinochet (2001) de Patricio Guzman


Séries


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Peaky Blinders (Saison 1)

Expositions



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Musée van Gogh à Amsterdam
Rijksmuseum à Amsterdam 
Late Rembrandt à Amsterdam 



dimanche 29 mars 2015

La série Peaky Blinders, saison 1



Nous sommes à Birmingham, au lendemain de la première guerre mondiale. Un environnement industriel, âpre et poisseux, dans lequel se heurtent plus que se côtoient les prolétaires, les révolutionnaires communistes, les mafias locales, l’IRA et la police royale irlandaise, envoyée de Belfast sous les ordres de Churchill pour nettoyer la ville. Birmingham est bien un territoire à conquérir ou à soumettre et la famille Shelby, une mafia locale surnommée les "Peaky Blinders" (en raison des lames de rasoirs glissées dans la visière de leurs casquettes), compte bien ne pas en rester là. Dirigée par Tommy Shelby (l’époustouflant Cillian Murphy), un homme encore hanté par les images de la guerre et des tranchées dans la Somme, ce qui ne l’empêchera pas d’être plus déterminé que jamais à étendre le territoire des activités illicites de la famille. Dans cette perspective, la découverte d’une cargaison d’armes pourrait s’avérer un outil d’échange ou de chantage bien intéressant pour se positionner le mieux possible sur l’échiquier du mal… 

La première saison (6 épisodes) de la série Peaky Blinders a débarqué dernièrement sur la chaîne Arte, bien qu’une troisième saison soit déjà en préparation du côté britannique. J’avoue ne pas être trop fan des films mafieux en général mais je dois reconnaître que cette série est d’une qualité si exceptionnelle que le traitement du sujet, à priori sans beaucoup d’intérêt pour moi (style encore un film sur la mafia *soupirs*) en devenait tout simplement passionnant car particulièrement inspiré ! Quelques scènes sont réalisées avec tellement de prouesses qu’on s’étonne de retrouver cette qualité sur le petit écran. Le scénario, les dialogues, la photo, les décors,  et l’interprétation exceptionnelle des acteurs (en tête Cillian Murphy mais aussi Helen McCrory, tous deux ayant obtenu le FIPA d'or 2014, respectivement pour le meilleur acteur et la meilleure actrice de série) méritent également tous les éloges, sans oublier une histoire d'amour impossible comme on les aime au cinéma et des rôles féminins qui sont très loin de faire de la simple figuration, chose que je déplore souvent dans ce genre de films, en général très "macho man". Et que dire sur la bande-son qui nous chavire les oreilles, menée essentiellement par Nick Cave et les White Stripes. Une série excellente que je ne peux que vous conseiller à découvrir.  Pas encore convaincu ? Alors je vous invite à lire les 12 raisons de regarder la série PEAKY BLINDERS.


Quelques extraits :







Et pour terminer, quelques morceaux musicaux qui accompagnent la première saison de la série Peaky Blinders.  Incontournables.

 Jack White - Love Is Blindness


Nick Cave And The Bad Seeds - Red Right Hand


The White Stripes - I Think I Smell A Rat



The Raconteurs - Broken Boy Soldier


La série Peaky Blinders, saison 1
Créée par Steven Knight (2013)
Acteurs :  Noah Taylor, Cillian Murphy, Sam Neill
Nationalité  :  Britannique
Genre : Drame, Historique, Policier
Toujours en production
Format :  52 minutes

Note : 5/5

lundi 23 mars 2015

Gao Xingjian












Rétrospective Gao Xingjian
Entre intimité et universalité
Musée d'Ixelles
Jusqu'au 31 mai 2015
Lien

vendredi 20 mars 2015

Azadi de Saïdeh Pakravan

Quatrième de couverture

Azadi signifie « liberté » en persan. Il y a ceux qui la rêvent et ceux qui en paient le prix. Téhéran, juin 2009. Après des élections truquées, une colère sourde s'empare de la jeunesse instruite de Téhéran. Dans la foule des opposants la jeune Raha, étudiante en architecture, rejoint chaque matin ses amis sur la place Azadi pour exprimer sa révolte, malgré la répression féroce qui sévit. Jusqu'au jour où sa vie bascule. Après son arrestation, et une réclusion d'une violence inouïe, ses yeux prendront à jamais la couleur de l'innocence perdue...

Tout en levant le voile sur une psyché iranienne raffinée et moderne, sans manichéisme et avec un souffle d'une violente beauté, Azadi raconte de façon magistrale le terrible supplice de celle qui cherche, telle une Antigone nouvelle, à obtenir réparation. Et à vivre aussi... là où le sort des femmes n'a aucune importance.

Tous les chemins mènent aux romans et parfois il passe tout simplement par la rencontre avec un écrivain. Ce fut le cas pour l’auteur Saïdeh Pakravan, qui était une des invitées du débat « Toutes sœurs du diable ? », organisé par la Foire du Livre de Bruxelles, et qui répondait à une tentative de dépasser les clichés et autres lieux commun sur ce qui construit les femmes, leur image et leur place dans nos sociétés contemporaines.

J’ai été frappée d’emblée par la sympathie, l’intérêt et l’ouverture à l’autre que dégageait Saïdeh Pakravan, qui répondait aux questions de l’animatrice de manière très posée, tout en essayant d'apporter toutes les nuances nécessaires à ses réponses. Bref, cette femme était intéressante et j’avais tout simplement envie de lire son roman, même si elle m’était totalement inconnue avant ce jour.

J’ai retrouvé le sens de la nuance de l’auteur qui aborde l’Iran sous ses multiples facettes, et ce par l’intermédiaire de nombreux personnages qui gravitent autour du personnage principal, personnages qui peuvent d’ailleurs parfois se révéler surprenants tant une certaine forme de misogynie peut aussi se loger là où on ne l’attendait pas. Un roman sur la jeunesse iranienne qui n’a jamais rien connu d’autre que le régime islamiste et qui s’est mise à rêver l’espace de quelques jours à ce que pouvait être le sentiment de liberté, avoir d’être brutalement réprimée par le régime en place.

L’auteur n’évite malheureusement pas un certain didactisme, donnant lieu à un récit assez prévisible, le tout porté par une écriture un peu trop simple à mon goût. Une impression en demi-teinte donc, mais une lecture tout de même intéressante et une sincérité de ton qui ne fait jamais défaut.
 
Azadi de Saïdeh Pakravan, Éditions Belfond, janvier 2015, 442 pages

jeudi 19 mars 2015

Une peinture en passant, de Marc Chagall


L'anniversaire de Marc Chagall, 1915

 
Rétrospective CHAGALL
Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique
28.02 > 28.06.2015
Lien

The Voices de Marjane Satrapi


Jerry (Ryan Reynolds) travaille comme ouvrier dans une usine de fabrication de baignoires dans un bled perdu américain. Si Fiona (Gemma Arterton), la belle anglaise de la comptabilité,  ne le laisse pas indifférent, la réciproque n’est pas de mise, contrairement à la collègue de service de Fiona qui le regarde avec une certaine convoitise. Il est vrai que Jerry ne manque pas de charme : un peu benêt mais séduisant, gentil, serviable et sympathique. Sauf qu’il s’obstine à ne pas prendre les médicaments prescrits par son psychiatre, laissant le champ libre à ses pulsions morbides qui ne sont plus entravées par les camisoles chimiques. Il faut dire que la solitude lui pèse et que le fait d’entendre des voix, plus spécialement celles de son chat maléfique et de son chien fidèle, égayent agréablement ses fins de soirées. Un malheureux concours de circonstance va perturber tout cet édifice au demeurant très précaire… 

Ce quatrième long-métrage de Marjane Satrapi est un film hybride et inclassable qui navigue allégrement entre la comédie noire, le gore, le trash et l’absurde. Le casting est impeccable et Ryan Reynolds est assez impressionnant dans ce rôle d’homme tendre et naïf mais aussi fêlé que sanguinaire. Quelques répliques savoureuses de sieur Moustache et la bonhomie du chien Bosco font merveille et la touche finale en forme de comédie musicale est assez réjouissante.

Un moment de cinéma divertissant, loufoque et amusant (ah ces salopettes de travail rose bonbon, moi j’adore), pour peu qu’on puisse supporter quelques scènes assez décapantes. Bref, on en voit de toutes les couleurs et dans tous les sens du terme !

A propos de l'acteur, voyons un peu ce que la réalisatrice nous en dit :

Qu’avez-vous fait pour vous approprier le scénario ? 
Rien. Je l’ai lu et comme c’était un scénario que je n’avais pas écrit, j’avais plus de recul. A un moment, il faut réfléchir ce scénario : Jerry est un serial killer mais on a de la sympathie pour lui. Comment rendre compte de cet aspect ? Il faut tellement y réfléchir que cette histoire devient la vôtre. Qu’on le désire ou pas, d’ailleurs. 

Rendre Jerry humain, ça passe aussi par le choix de l’acteur…  
Bien sûr ! Ce rôle n’est pas donné à n’importe quel acteur. Ryan Reynolds a un côté très sombre, avec ses yeux tout noirs, et en même temps, dès qu’il sourit, il vous fait chavirer le cœur. Il a un côté très enfantin, très petit garçon, qui fait qu’on a envie de tout lui pardonner. Ce sont des qualités qui ont fait de lui l’acteur idéal. Il est aussi très talentueux.  

Interview parue dans Le Soir du mercredi 11/03/2015

L'avis d'Alex.


Réalisateur : Marjane Satrapi
Acteurs : Ryan Reynolds, Gemma Arterton, Anna Kendrick, Jacki Weaver
Origines : Allemagne États-Unis
Genres : Comédie Crime Thriller
Public : À partir de 16 ans
Année de production : 2014
Date de sortie : 11/03/2015
Durée : 1h43

mercredi 18 mars 2015

La gaieté de Justine Levy

« C'est quand je suis tombée enceinte que j'ai décidé d'arrêter d'être triste, définitivement, et par tous les moyens. » 

Quatrième roman de Justine Lévy, tous à haute concentration autobiographique, mais première incursion dans son œuvre en ce qui me concerne. Je n’avais pas vraiment éprouvé jusqu’à présent de l’intérêt à me plonger  dans la vie de cette jeune femme,  mais son envie d’arrêter d’être triste à la naissance de ses enfants m’a interpellée, tant je trouvais la démarche intéressante, intelligente et peut-être même salvatrice. 

Si quelques anecdotes assez amusantes sur la maternité et les angoisses qu’elle suscite sont bien présentes, Justine Lévy a visiblement beaucoup de mal à donner une place conséquente dans ce roman à ses enfants ou à sa manière d’être mère,  tant la presque totalité du récit s'articule principalement autour de sa personne et de son enfance meurtrie par les défaillances de sa propre mère, sans oublier la jalousie et la méchanceté de ses multiples belles-mères.

Malgré un contexte assez dramatique, douloureux et traumatisant, le ton reste tout de même très alerte et agréable à lire, même si l’ensemble finit par faire du sur place. Que me reste-t-il de cette lecture ? L’impression d’être face à une femme qui se cherche encore beaucoup, qui n’a sans doute pas vraiment réglé ses comptes avec son enfance mais qui assume assez bien ses névroses pour peu qu’elle puisse compter sur la présence indéfectible de son célèbre père et de son époux. Alors oui, on peut décider d’arrêter d’être triste pour éviter au maximum de transmettre ses failles et ses faiblesses à sa progéniture mais la démarche semble bien incertaine et un peu prématurée. Comme on dit dans ces cas-là, c’est finalement l’intention qui compte. 


La gaieté de Justine Levy, Éditions Stock, janvier 2015, 216 pages.

mardi 17 mars 2015

Phoenix de Christian Petzold


Le réalisateur allemand de 54 ans, Christian Petzold, a déjà sept long longs métrages à son actif. Il s’est fait surtout remarquer chez nous par son avant-dernier film Barbara, qui avait reçu en 2012 l’Ours d’argent du Meilleur réalisateur au Festival de Berlin. Il revient avec son actrice fétiche Nina Hoss, qu’il dirige ici pour la cinquième fois, dans un film où les fantômes n’ont pas fini de hanter un pays qui a porté au pouvoir le nazisme, qui a lui-même engendré le génocide que l’on sait.

La chanteuse juive Nelly Lenz, seule survivante d’une famille déportée à Auschwitz, revient dans un Berlin sous les décombres en compagnie de sa fidèle amie Lene (Nina Kunzendorf) , employée de l’Agence Juive. Défigurée, Nelly subira une reconstruction faciale, tout en demandant au chirurgien de lui donner un visage se rapprochant le plus possible de son ancienne apparence. Sa plus grande obsession est de retrouver son époux allemand Johnny (Ronald Zehrfeld), et ce malgré la mise en garde de son amie juive, qui lui révèle que cet homme l’a vraisemblablement dénoncée aux nazis. Ne pouvant y croire, elle décide de retrouver sa trace…

Christian Petzold nous convie à une plongée dans le Berlin de l’immédiat après-guerre, ravagée et en ruine, à l’image de notre héroïne. Nelly Lenz n’a pourtant pas encore perdu toutes ses illusions, et se raccroche malgré tout à quelques lambeaux de son passé pour essayer de se reconstruire, autant physiquement pour psychiquement. La désillusion et l’acceptation de l’inacceptable n’en seront que plus amères, tout en constituant sans doute l’ultime étape avant une éventuelle renaissance.

La trahison, l’aveuglement et le sentiment d’irrémédiabilité hantent cette histoire. Un film à l’émotion contenue, même s’il peut sembler parfois un peu minimaliste, tout en n’étant pas exempt de quelques longueurs. Il m’a tout de même fort séduite dans son ensemble, notamment par un final émouvant, tant il représente la fin d’une vie mais aussi le commencement d’une nouvelle histoire à écrire. La réussite du film doit beaucoup également à l’excellente interprétation de l’actrice Nina Hoss.

Le réalisateur Christian Petzold dédie ce film au procureur allemand Fritz Bauer, qui fit aboutir les poursuites contre les gardiens d’Auschwitz au début des années 60, et ce malgré la désapprobation des autorités de l’époque. Fritz Bauer permit également au Mossad de retrouver Adolf Eichmann, réfugié en Argentine. Retrouvé noyé dans son bain, le cinéaste est convaincu que la mort du procureur n’était pas accidentelle.

Les avis de Dasola, Alex et Martin.



Réalisateur : Christian Petzold
Adapté du roman Le retour des cendres de Hubert Monteihlet
Acteurs : Nina Hoss, Uwe Preuss, Ronald Zehrfeld
Origine : Allemagne
Genre : Drame
Année de production : 2014
Date de sortie en Belgique : 11/03/2015
Durée: 1h38


lundi 16 mars 2015

Vivre sa mort de Manu Bonmariage


Évidemment, on ne va pas voir le cœur léger le dernier documentaire de Manu Bonmariage, qui a suivi le parcours de deux hommes, Philippe et Manu, qui se savent condamnés par la maladie et expriment leur besoin de mourir dans la dignité, en envisageant éventuellement le recours à l’euthanasie. Deux hommes qui ne se ressemblent pas mais qui partagent cette connaissance de savoir que leur temps est compté, que l’heure des bilans à sonner, que les meilleurs moments sont derrière eux et qu’il faut se préparer à quitter la vie. On sait qu’il y aura des moments poignants, douloureux, que les yeux ne manqueront pas de se mouiller et qu’il vaudrait mieux garder un mouchoir à proximité. Et comme souvent dans ces moments-là, nous sommes presque rassurés en entendant quelques personnes présentes dans la salle se moucher plus que de raison, histoire de se sentir moins seuls. Il faut dire que ce sujet nous concerne tous puisque nous partageons cette issue irrévocable, à savoir mourir ou perdre un proche, et que l’être humain a l’avantage ou le désavantage de pouvoir se projeter dans l’avenir en imaginant volontiers toutes les étapes qui l’attendent entre le mauvais pronostic et l’issue finale, comme pour entretenir l’illusion de contrôler sa vie jusqu’au dernier moment. Le droit à l’euthanasie, autorisé en Belgique depuis 2002, serait-il le sésame vers une mort digne et sereine ?

Autant vous le dire tout de suite, ce documentaire risque de vous laisser avec beaucoup plus de questions que de réponses. Sachez toutefois que vous n’avez que le droit à la demande d’euthanasie et que le médecin ne sera en aucun cas obligé de le mettre en pratique si cette demande va à l’encontre de ses convictions. Cela va d’ailleurs donner lieu à une des séquences les plus difficiles du reportage, lorsque le médecin en question semble tellement démuni et désemparé devant les questions de son patient, à qui il ne peut que proposer des soins palliatifs à sa demande d’en finir le plus vite et rapidement possible. Nous passerons du coup sans transition de l’entrée à l’hôpital de Philippe à son enterrement familial, l’euthanasie ayant été visiblement une option non retenue.  Il n’en sera pas de même pour Manu, entouré par l’équipe médicale et ses proches, qui l’accompagneront dans ce dispositif extrêmement rigoureux d’une pratique médicale finalement encore très récente. Une approche que j’ai ressentie personnellement plus rassurante, tant Philippe m’a semblé tellement seul face à ses questions demeurées sans réponse, confronté au silence, au malaise et au manque d'adhésion du corps médical.

Un sujet extrêmement délicat, sensible et bouleversant,  que Manu Bonmariage arrive à aborder en touchant au plus près de l’intimité, tout en demeurant respectueux et pudique à la fois. Et ce n'était pas gagné vu la difficulté du sujet et la proximité des personnes impliquées.



Réalisateur : Manu Bonmariage
Origine : Belgique
Genre : Documentaire
Public : Tout public
Année de production : 2014
Date de sortie en Belgique : 04/03/2015
Durée : 1h15

Filmographie sélective de Manu Bonmariage

* 1979 Hay po L’Djou. Grand prix de la critique TV. Prix jeune talent de la province de Liège.
* 1980 à 2001 « Strip-tease », 47 émissions documentaires
* 1980 Du beurre dans les tartines Grand Prix du Festival de Nyon
* 1987 Allô Police
* 1990 Babylone
* 1992 Les amants d’assises. Prix Joseph Plateau
* 1999 Amours fous
* 2001 Bria et le grand mariage.  Premier Prix du jury Jeune Public au Festival de Nyon, Bayard du meilleur documentaire au Festival de Namur
* 2005 Chemin faisant vers Compostelle. Een stukje paradijs
* 2008 Ainsi soit-il. Looking for Dragone
* 2011 La terre amoureuse

D'autres documentaires à découvrir :

* Without Memory de Hirokazu Kore-eda
* Le Grand Silence de Philip Gröning
* En la casa, la cama y la calle de Liz Miller




dimanche 15 mars 2015

Le plaisir de Max Ophuls



Le réalisateur Max Ophuls adapte trois contes de Maupassant, Le Masque - La Maison Tellier - Le Modèle, réalisés chacun séparément mais reliés entre eux par la voix-off de Jean Servais. Le sujet commun pourrait se résumer par la recherche illusoire et vaine du bonheur à travers l’amour et le plaisir, tout en dénonçant la vanité du monde. 

Disposant du gratin de l’époque (Madeleine Renaud, Danielle Darrieux, Pierre Brasseur, Jean Gabin, Daniel Gélin…), la caméra virevolte dans cette France du second Empire, donnant lieu à une très belle mise-en-scène, dont les fameux travellings du réalisateur. Mais plusieurs frustrations demeurent malgré tout. D’abord cette impression de ne jamais trouver la bonne durée pour chaque histoire : trop court pour la première (Le Masque ) et la troisième (Le Modèle), trop longue pour celle du milieu (La Maison Tellier). Ensuite l’utilisation abusive d’une musique de bal populaire, exubérante et tonitruante, qui m’a personnellement beaucoup gênée tant je n’avais qu’une seule envie, celle de diminuer le son pour ne plus rien entendre. Je suis restée finalement très extérieure aux personnages, qui ne sont jamais arrivés à m’émouvoir un tant soit peu. La faute au format trop court, multiplié par trois ? Peut-être mais pas seulement, tant l’ensemble donnait une impression de confusion avec un petit quelque chose de surfait et d’inachevé. Reste la virtuosité du réalisateur, qui n'est plus à démontrer.



Réalisateur : Max Ophuls
Acteurs : Daniel Gélin, Ginette Leclerc, Jean Gabin, Danielle Darrieux, Pierre Brasseur, Madeleine Renaud
Origine : France
Genre : Comédie dramatique
Année de production : 1951
Durée : 1h35

jeudi 12 mars 2015

Portrait de femme de Jane Campion


Nous sommes à la fin du 19ème siècle. Isabel Archer (Nicole Kidman), jeune américaine en visite chez ses cousins anglais, surprend son entourage par son esprit d’indépendance, son intelligence et  son imagination. Trop avide de découvrir le monde, elle refuse coup sur coup deux demandes en mariage.  Son cousin Ralph, jeune phtisique secrètement amoureux d'Isabel, demande à son père malade de lui léguer une partie de son héritage.

Libre, impétueuse et avide de découvrir le monde après être devenue riche suite au décès de son oncle par alliance, Isabel Archer finit par succomber aux charmes de Gilbert Asmond (John Malkovich), un séducteur d'origine américaine rencontré lors d’un voyage en Italie. Sans le savoir, Isabel Archer tombe dans un complot fomenté par Madame Merle, qui a de très bonnes raisons de la jeter dans les bras de son ancien amant, Gilbert Osmond. Un mariage malheureux s’en suivra, conséquence d’un choix désastreux et irréfléchi qui conduira Isabel Archer dans la plus grande tourmente psychologique qui soit…

Quatrième film de Jane Campion, Portrait de femme est l’adaptation du chef-d’œuvre de Henri James. Portrait d’une femme farouchement indépendante et libre de ses choix dans une société anglaise encore fortement corsetée, ce qui ne l’empêchera pas d’être prise au piège d’un mariage qu’elle avait pourtant initialement désiré, avant de découvrir, quelques années plus tard, les manipulations dont elle fut l’objet.

Le couple Madame Merle/ Gilbert Asmond fait inévitablement penser au couple la Marquise de Merteuil/ le vicomte de Valmont, d’autant plus que les deux personnages masculins sont joués par John Malkovich. De ce fait, le spectateur est d’emblée mis dans la confidence, à savoir la connaissance presque immédiate de la face sombre de Gilbert Asmond, alors qu’Isabel Archer tombe naïvement dans les rets de ce grand manipulateur, trop présomptueuse et trop confiante dans les élans de cœur. 

Un film intimiste sombre dans lequel on retrouvera le pessimisme dans le choix des couleurs (à dominance bleu et brune) et la semi-obscurité des intérieurs. A l’image de l’esprit embrumé d’Isabel Archer qui,  de femme célibataire indépendante et orgueilleuse,  se transformera en femme captive de son époux.  Une soumission allant parfois jusqu'au masochisme, tout en en étant partagée entre passion et confusion des sentiments. 

Un très beau film sur la perte des illusions et la révélation de soi. Une leçon d'humilité aussi.





Titre original : The portrait of a lady
Réalisateur : Jane Campion
Acteurs : Nicole Kidman, John Malkovich, Barbara Hershey, Mary-Louise Parker
Origine : États-Unis
Année de production : 1996
Date de sortie en Belgique : 05/02/1997
Durée : 2h25

A découvrir également :

* Portrait de femme de Henry James

vendredi 6 mars 2015

Häxan ou La Sorcellerie à travers les âges de Benjamin Christensen

Dépeint par Carl Dreyer comme « un nouveau génie poétique », le réalisateur danois Benjamin Christensen (Viborg , 1879 - Copenhague , 1959) est considéré comme l’un des maîtres du cinéma fantastique. Tourné la même année que Nosferatu de Murnau (1921), son œuvre phare « Häxan ou La Sorcellerie à travers les âges » est un film documentaire-fiction sur la démonomanie ou la croyance en la possession par le démon. Il n’apportera sans doute plus beaucoup d’informations pertinentes sur le sujet au public d’aujourd’hui,  mais ce film mérite toujours toute notre attention pour ses scènes de fantasmagories et de sabbats pittoresques, qui sont autant de référence aux peintures de Bosch, Goya, Brueghel qu’aux dessins de Jacques Callot.

Le réalisateur dénonce également avec virulence l’inquisition catholique, les procès factices et les tortures mises en place pour pousser à la confession, à la dénonciation et à la condamnation de pauvres vieilles femmes laides un peu séniles ou de jolies jeunes femmes vilement tentatrices aux yeux des moines. C’est d’ailleurs en découvrant une copie d’un manuel d’un inquisiteur du 15e siècle que le réalisateur eut l’idée de dénoncer ces superstitions, qui pourraient prêter à rire si elles n'étaient pas responsables du massacre de milliers de femmes accusées à tort de sorcellerie au cours des siècles.

Ce film, visé par les censeurs qui l’accuseront de propagandisme antireligieux, abordera également la psychologie de ces femmes, qui au fil de temps ne seront plus considérées comme des sorcières soumises ou traitant avec les démons, mais comme de « simples » malades mentales enfermées dans des asiles comme aliénées ou hystériques. Il terminera également sur une note d'humour en montrant à quel point la croyance à l'existence de forces occultes et surnaturelles est toujours d'actualité au début du 20e siècle,  comme le prouve le succès toujours constant des voyantes et autres tarologues.

Ce film ressortira au Danemark en 1941, avec de nouveaux intertitres et une introduction de l’auteur. Il fera également l’objet d’une adaptation plus courte en 1967, dans laquelle l’écrivain William S. Burroughs assurera la narration, devenant par ce fait une œuvre de référence de la contre-culture.

L'avis de Benjamin Fauré.









Titre original : Häxan
Réalisateur : Benjamin Christensen
Acteurs : Maren Pedersen, Clara Pontopiddon, Benjamin Christensen
Origine : Suède
Année de production : 1922
Durée : 1h51