samedi 14 février 2009

Le Dresseur d'insectes de Arni Thorarinsson

J’aime beaucoup les polars venus du froid : ils ont une tonalité particulière et je savoure à chaque fois ma lecture du moment. Il s’agit cette fois-ci de l’auteur islandais Arni Thorarinsson et de son deuxième roman traduit en français aux éditions Métailié qui s’intitule Le Dresseur d'insectes.
 
Il se trouve que je suis tombée dessus par hasard à la bibliothèque au rayon nouveauté et je n’ai évidemment pas résisté à l’appel.  Ceci dit, j’ai parfois eu bien du mal à me faire aux noms des protagonistes, souvent bien difficiles à se remémorer.  Je vous conseille donc, dans la mesure du possible, de commencer par le premier opus, Le temps de la sorcière, de façon à se familiariser avec les personnages et de ne pas se sentir trop démuni lorsqu’ils apparaissent dans ce second opus. Ne vous découragez pas si ce premier roman ne vous enthousiasme pas plus que cela, il semblerait effectivement que son deuxième opus soit bien meilleur mais je ne saurais le certifier, je vous en reparlerais donc le moment venu lorsque je l’aurai lu à mon tour.
 
Et puisque je suis occupée à vous parler des  noms biens compliqués des nombreux personnages qui émaillent ce récit, je ne résiste pas à vous faire un petit commentaire en marge de ce roman.  Car s’il est parfois laborieux de s’y retrouver, il est tout aussi difficile de savoir si nous avons affaire à un personnage masculin ou féminin, ce qui avouons-le, jette un trouble supplémentaire à cet épineux problème de « noms » islandais (je mets noms entre guillemets car, comme vous allez le lire plus bas, il ne s’agit pas vraiment de noms mais de prénoms).  Oui je sais, cela semble bien compliqué c’t’affaire.
Pour nous éclairer un peu, Eric Boury, le traducteur français du roman, a eu la très bonne idée de nous aider dans ce débroussaillage : sachez que les noms de famille sont très rares en Islande. Du coup, ce que vous prenez pour le nom qui suit le prénom n’est autre que le prénom du père ou, à quelques rares cas, celui de la mère, suivi de –son(fils) pour les hommes et de –dottir(fille) pour les femmes. De même, si vous cherchez quelqu’un dans l’annulaire téléphonique ou dans quelque fichier que ce soit, cette recherche s’effectuera par le prénom de la personne. Etonnant, n’est-il pas ?
 
Sur ce, fermons cette parenthèse – qui je l’espère était des plus intéressantes - pour mieux revenir au roman…
 
Au lendemain de la grande fête des commerçants de Akureyri, la grande ville du Nord de l'Islande, on dénombre de nombreuses gueules de bois, quelques dépucelages, plusieurs agressions, plusieurs viols aussi. Mais une femme qui se présente sous le nom de Victoria demande à Einar, le correspondant local du Journal du soir, de se rendre immédiatement, avec la police, dans une "maison hantée" de la vieille ville: ils y découvrent le corps d'une jeune fille étranglée. Personne n'a signalé de disparition. Peu après, Einar apprend que son informatrice, entrée dans une clinique de désintoxication, a été assassinée. Fort de son expérience d'ancien alcoolique, il se fait interner pour mener son enquête. Résistant à la pression de son rédacteur en chef avide de sensationnel, il saura découvrir l'identité réelle des deux victimes, engluées dans des relations perverses, et impuissantes devant les puissances de la modernité qui transforment à marche forcée une société dans laquelle la famille a gardé toute son importance.
 
Première originalité de ce roman, le protagoniste principal de cette série, Einar, n’est pas un policier mais un journaliste qui a été muté dans les territoires du Nord du pays. Ce qui est moins original, c’est que ce monsieur souffre de problèmes d’alcool (je vais finir par croire que tous les islandais sont des alcooliques en puissance), bien qu’il semblerait que ce ne soit bientôt plus qu’une ancienne habitude. En attendant, ce sont ces anciens démons qui l’aideront à s’immiscer dans le clinique de désintoxication afin de mener son enquête, à savoir découvrir les circonstances qui ont mené au meurtre de son informatrice.
Il faut dire que les responsables du journal local du soir sont avides de sensationnalisme afin d’augmenter au maximum les ventes et que Einar est prêt à tous les sacrifices pour nourrir la bête, son sens de la justice et sa curiosité faisant le reste. Il est bien question de surenchères journalistiques, de conflits éditoriaux et autres mais j’avoue que je n’ai pas trop suivi cet aspect là du roman.
 
Car ce qui m’intéresse avant tout dans ces polars venus du froid, c’est qu’ils vont bien au-delà de l’intrigue policière pour mieux ausculter la société islandaise et ses travers, bien éloignés des clichés touristiques : libéralisme des jeunes, alcool, drogue, influence de la culture américaine, viol et prostitution pour un éventuel moment de gloire, l’Islande n’est décidemment plus une île isolée de tout mais bien un espace où la mondialisation gagne du terrain (ceci dit, les récents problèmes politiques et économiques islandais ont depuis lors bien tordu le cou à ces mêmes clichés). Ce roman ne faisant pas exception à la règle, je l’ai dévoré en deux jours à peine et j’en redemande ! 


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