dimanche 3 janvier 2010

Gormenghast de Mervyn Peake

Deuxième volet de la trilogie de Gormenghast, j’ai mis du temps à lire la suite du premier volet, un an très exactement. C’est que l’accès à l’univers baroque, sombre et déjanté de l’auteur demande des conditions de lecture particulières en ce qui me concerne, aimant me fondre dans les murailles du château de Gormenghast les froides et sombres soirées d’hiver, histoire de me mettre dans l'ambiance adéquate. J’ai toutefois mis du temps avant de replonger dans cet univers singulier, ayant dû attendre de dépasser les 150 premières pages avant de me sentir à nouveau happée par l’atmosphère oppressante et étouffante du château.

Ce deuxième volet, intitulé « Gormenghast », porte légitimement le nom du château tant sa construction labyrinthique, ses dimensions - tellement énormes qu’elles nous semblent infinies-, sa décrépitude couplée à sa majesté ancestrale, son ombre même sur le village occupent une place prépondérante dans ce récit. Les personnages ne sont pourtant pas en reste : aussi grotesques que singulièrement originaux, ils suscitent autant notre intérêt que le château en lui-même.

L’histoire est pourtant simple : la vie de Gormenghast s’organise depuis toujours selon des rites ancestraux qu’accomplit le maître des rites, garantissant la sécurité du peuple ainsi que la famille du grand seigneur occupant les lieux. Mais une lourde menace plane dans ses murs et aux alentours : des meurtres et des disparitions inexplicables se multiplient, l’intrigant Finelame est proche de s’emparer du pouvoir, la folie guette ses habitants et des bouleversements inimaginables approchent à grands pas. Ajoutons à cela que le jeune Titus, le soixante-dix-septième comte d’Enfer, ne supporte plus de vivre au rythme des rites ancestraux et ne rêve que de liberté et d’évasion. En dépit de toutes ces menaces, il n’est pas dit que Gormenghast périra tant la lutte contre les forces du mal s’organisent et se mettent en place…

Malgré cette apparente simplicité, l’imagination de l’auteur arrive à construire un univers à nul autre pareil, si original que l’ensemble ne peut que paraître sublime au final.

Ce deuxième volet est par ailleurs souvent très sombre et très angoissant - beaucoup de personnages principaux meurent, certains dans des conditions atroces et dramatiques – mais l’horreur côtoie également des passages totalement hilarants et burlesques à souhait (les approches entreprenantes de Irma Salprune et de Belaubois m’ont fait pleurer de rire). Mervyn Peake m’a à nouveau complètement bluffée par l’originalité de son univers, si particulier et si attachant à la fois.


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