mercredi 5 novembre 2014

Malpertuis de Jean Ray

Quatrième de couverture

L'oncle Cassave va mourir. Il convoque toute sa famille à son chevet dans la demeure de Malpertuis et leur dicte ses dernières volontés : que tous s'installent dans cette colossale maison de maître et que revienne, aux deux derniers survivants, sa fortune. Personne ne se doute du drame qui les attend. Tout commence par des lumières qui s'éteignent mystérieusement. Bientôt l'horreur jaillira des murs même de la maison.

Malpertuis est un roman fantastique devenu un classique de la littérature belge. Autant prévenir tout de suite, ce livre laisse rarement un sentiment mitigé : on aime ou on déteste.  Quant à moi, j'ai aimé me perdre dans cette maison étrange et angoissante qu'est Malpertuis. A l'image du jeune héros candide, nous assistons à des phénomènes étranges, inquiétants et malfaisants sans trop bien comprendre ce qui se passe, sans pouvoir faire de liens entre les événements et les personnages qui s'y côtoient. On se pose beaucoup de questions et on s'y perd souvent. Le jeune héros est-il fou ? A-t-il des hallucinations ? La maison Malpertuis est-elle hantée ? L'oncle Cassave aurait-il gardé quelques obscurs secrets avant de mourir ?

Jean Ray nous fera patienter jusqu'aux dernières pages avant de nous fournir la clé de l'énigme, totalement saisissante et impensable.

Un conseil : ne cherchez pas trop d'informations sur internet afin de ne pas gâcher l'effet de surprise de la fin du roman. Faites comme moi, laissez vos repères au vestiaire et perdez-vous dans cette étrange et bien sombre maison qu'est Malpertuis, prenez le risque de n'y rien comprendre et laissez-vous surprendre au dernier moment.


Extrait :
L'oncle Cassave va mourir. 

Sa barbe s'écoule, blanche et frémissante, de son visage plongé sur l'édredon rouge. Il aspire l'air comme s'il humait des odeurs parfaitement délectables et ses mains, qu'il a énormes et velues, griffent ce qui vient à sa portée. La femme Griboin qui est venue lui apporter du thé au citron a dit : 
- Il fait ses petits paquets.
L'oncle Cassave l'a entendue. 
- Pas encore, femelle, pas encore, a-t-il ricané. 
Quand elle fut partie, dans un remous de jupes apeurées, il a ajouté à mon adresse : 
- Ce n'est pas que j'en aie pour longtemps encore petit, mais après tout, mourir est une chose sérieuse, et il ne faut pas se presser.

Oncle Cassave (Orson Welles) dans Malpertuis de Harry Kümel

Malpertuis de Jean Ray, Éditions Luc Pire, 254 pages.

1943 pour l'édition originale.

4 commentaires:

  1. Bonjour Sentinelle. Comment vas-tu aujourd'hui ? Je ne connaissais pas ce roman. Ta chronique donne envie de le découvrir.

    RépondreSupprimer
  2. Bonjour Martin,

    Je vais bien et toi de même j'espère. Si tu n'es pas réfractaire au genre fantastique, pourquoi pas ? Ce roman est vraiment singulier et à part, à découvrir si on a envie d'autre chose ;-)

    RépondreSupprimer
  3. traversay1/02/2015

    Je ne connais pas le livre mais je viens de voir son adaptation au cinéma par Harry Kümel. C'est kitsch et complètement déconcertant. Pas étonnant non plus quand on connait le réalisateur (Les lèvres rouges). Ceci dit, le film a connu des aléas assez invraisemblables qu'il serait trop long de détailler.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il passe très régulièrement à la cinematek mais je n'ai pas encore "osé" le voir tant je me doute qu'il soit très spécial. Mais je tenterai un jour ou l'autre l'expérience.

      Supprimer