mardi 17 mars 2015

Phoenix de Christian Petzold


Le réalisateur allemand de 54 ans, Christian Petzold, a déjà sept long longs métrages à son actif. Il s’est fait surtout remarquer chez nous par son avant-dernier film Barbara, qui avait reçu en 2012 l’Ours d’argent du Meilleur réalisateur au Festival de Berlin. Il revient avec son actrice fétiche Nina Hoss, qu’il dirige ici pour la cinquième fois, dans un film où les fantômes n’ont pas fini de hanter un pays qui a porté au pouvoir le nazisme, qui a lui-même engendré le génocide que l’on sait.

La chanteuse juive Nelly Lenz, seule survivante d’une famille déportée à Auschwitz, revient dans un Berlin sous les décombres en compagnie de sa fidèle amie Lene (Nina Kunzendorf) , employée de l’Agence Juive. Défigurée, Nelly subira une reconstruction faciale, tout en demandant au chirurgien de lui donner un visage se rapprochant le plus possible de son ancienne apparence. Sa plus grande obsession est de retrouver son époux allemand Johnny (Ronald Zehrfeld), et ce malgré la mise en garde de son amie juive, qui lui révèle que cet homme l’a vraisemblablement dénoncée aux nazis. Ne pouvant y croire, elle décide de retrouver sa trace…

Christian Petzold nous convie à une plongée dans le Berlin de l’immédiat après-guerre, ravagée et en ruine, à l’image de notre héroïne. Nelly Lenz n’a pourtant pas encore perdu toutes ses illusions, et se raccroche malgré tout à quelques lambeaux de son passé pour essayer de se reconstruire, autant physiquement pour psychiquement. La désillusion et l’acceptation de l’inacceptable n’en seront que plus amères, tout en constituant sans doute l’ultime étape avant une éventuelle renaissance.

La trahison, l’aveuglement et le sentiment d’irrémédiabilité hantent cette histoire. Un film à l’émotion contenue, même s’il peut sembler parfois un peu minimaliste, tout en n’étant pas exempt de quelques longueurs. Il m’a tout de même fort séduite dans son ensemble, notamment par un final émouvant, tant il représente la fin d’une vie mais aussi le commencement d’une nouvelle histoire à écrire. La réussite du film doit beaucoup également à l’excellente interprétation de l’actrice Nina Hoss.

Le réalisateur Christian Petzold dédie ce film au procureur allemand Fritz Bauer, qui fit aboutir les poursuites contre les gardiens d’Auschwitz au début des années 60, et ce malgré la désapprobation des autorités de l’époque. Fritz Bauer permit également au Mossad de retrouver Adolf Eichmann, réfugié en Argentine. Retrouvé noyé dans son bain, le cinéaste est convaincu que la mort du procureur n’était pas accidentelle.

Les avis de Dasola, Alex et Martin.



Réalisateur : Christian Petzold
Adapté du roman Le retour des cendres de Hubert Monteihlet
Acteurs : Nina Hoss, Uwe Preuss, Ronald Zehrfeld
Origine : Allemagne
Genre : Drame
Année de production : 2014
Date de sortie en Belgique : 11/03/2015
Durée: 1h38


20 commentaires:

  1. Anonyme3/17/2015

    Raaah je suis déçue d'avoir loupé celui-là au cinoche ! Le sujet et la bande-annonce étaient alléchants et puis j'aime bien les films de Petzold ainsi que sa muse Nina Hoss.

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    1. Je ne dirais pas que c'est un grand film mais c'est un bon petit film, en tout cas j'ai été sous le charme des deux acteurs principaux, et sensible aux sujets abordés. J'avais hâte de le voir sortir sur nos écrans belges car cela faisait deux ou trois semaines que rien ne m'intéressait, et cela commençait à faire long.

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    2. Anonyme3/18/2015

      Je ne sais pas s'il y a de trop grandes différences entre ce que diffuse le cinéma belge et le cinéma français mais depuis trois mois, je trouve qu'il y a pas mal de films (peut-être suis-je trop curieuse ?), du coup je ne m'en sors plus !

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    3. Il y a pas mal de différences, effectivement. Vous avez notamment beaucoup plus de sorties par semaine que nous, il n'y a pas de comparaisons possibles d'ailleurs. Parfois, des blockbusters sortent en avance, mais pour le reste, vous êtes plus gâtés que nous ;-)

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    4. Anonyme3/19/2015

      C'est d'ailleurs un peu chiant quand trop de films sortent dans la même semaine, c'est parfois plus une malédiction ! Quand on bosse et qu'on a encore une vie privée - un minimum - difficile d'aller tout voir hélas !

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    5. Exact, avoir trop le choix peut se révéler finalement pénible, à moins de sacrifier sa vie privée. Et il y a tout de même plus important que les films dans la vie, enfin chacun ses choix.

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    6. Anonyme3/20/2015

      Comme tu le dis, la vie tout court reste plus important que voir des films, même si c'est ma passion ;) Et puis bon, on peut rattraper certains films en dvd, vod, etc... Ca va, je ne vais pas crever si je les vois pas tous tout de suite ! :D

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  2. Oui, je partage ton avis Sentinelle! J'ai bien aimé la symbolique du film, l'atmosphère particulière qu'instaure le cinéaste, cette sobriété de ton, même si cela pèse un peu trop parfois. Il m'a quand même manqué un petit quelque chose pour être vraiment emportée, comme pour Barbara.

    J'ai aussi été un peu génée par le principe de départ (cet homme qui ne reconnait pas sa propre femme, même transformée.) Mais la fin est si belle qu'elle emporte la mise :-)

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    1. Comme toi, il m'a aussi manqué un petit quelque chose pour être totalement transportée, une mise à distance volontaire du cinéaste qui fait du coup un peu barrage ? J'avais déjà ressenti la même chose avec Barbara également.

      Comme tu dis, il faut passer outre le fait qu'il est totalement impossible de ne pas reconnaître sa femme dans ces circonstances : la voix, le grain de peau, l'odeur, le corps, les yeux, le sourire... et quoi de plus distinctif qu'un simple baiser ! Mais bon, on passe outre et on sa laisse porter malgré tout. Mais je reste persuadée que la réussite du film repose vraiment sur son actrice principale. J'aurais pu par exemple passer totalement à côté avec une autre actrice 'qui ne me parlerait pas'.

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    2. Oui, cette mise à distance ajoute de la gravité et du mystère, en tout cas cela lui donne une particularité, c'est indéniable! Mais comme dit Dom, il y a aussi quelque chose d'envoûtant qui fait que l'on oublie quelques a prioris. Un film dont on se souvient, c'est déjà un bon film :-)

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    3. C'est indéniablement un bon film, avec pas mal de mises en abyme entre une situation personnelle et plus historique.

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  3. Anonyme3/18/2015

    Je l'ai beaucoup aimé moi aussi, passé un premier moment pendant lequel je me demandais comment Est-ce possible qu'il ne la reconnaisse pas ? Mais il faut passer au dessus et se laisser aller à ce rythme lent et finalement empli d'intensité que Petzold instaure. Domreader

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    1. Coucou Dom, quelle bonne surprise de te lire sur mon blog !
      Comme dit plus haut à H2O (qui passe par ici totalement incognito, c'est une petite cachotière lol), il faut effectivement fermer les yeux sur l'impossibilité de ne pas reconnaître sa femme dans ces conditions, tant c'est totalement improbable. Mais bon, on passe dessus et on apprécie l'intensité de certains moments. J'ai particulièrement bien aimé le final aussi, j'ai trouvé cette scène très émouvante et très forte bien que très sobre aussi. A bientôt j'espère :-)

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    2. Pourquoi cachotière,?? :-D C'est mon pseudo sur google je pense...Le nom que j'ai trouvé pour notre blog prétexte (qui est peu alimenté, pas comme toi, Senti) Salut Dom, comme on se retrouve, ha ha!!!

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    3. Oui, c'est comique de vous retrouver ici, en tout cas, cela me fait plaisir :-)

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  4. Superbe film, que j'ai trouvé meilleur encore que son très beau portrait de "Barbara". Je ne savais pas pour la dédicace à Bauer, ce qui ajoute un peu plus de force encore à son propos.

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    1. Une dédicace très importante pour le réalisateur, qui s'en était expliqué dans une interview. J'aimerais d'ailleurs mieux connaître l'histoire de Fritz Bauer, un grand monsieur qui a connu une fin bien tragique. Un documentaire de Ivona Ziok semble être une référence, faudrait encore mettre la main dessus.

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  5. Bonsoir Chez Sentinelle, merci pour le lien pour un film qui fait partie de mes coups de coeur du début 2015 (et il y en a peu). Bonne soirée.

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    1. Merci à toi et très bonne soirée également Dasola.

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