lundi 3 août 2015

Comme un avion de Bruno Podalydès


Synopsis

Michel, la cinquantaine, est passionné depuis toujours par les avions. Un jour, il tombe en arrêt devant des photos de kayak: on dirait presque un avion. C'est le coup de foudre. En cachette de sa femme, il achète un kayak, pagaie des heures sur son toit, et rêve d'épopées en solitaire. Michel se décide enfin à partir sur une jolie rivière inconnue. Sa première escale est dans une guinguette où il rencontre la patronne Laetitia, la jeune serveuse Mila et les quelques habitués. Michel y installe sa tente pour la nuit... et, le lendemain, a beaucoup de mal à quitter les lieux...

Le réalisateur Bruno Podalydès porte un regard tendre (et légèrement complaisant ?) sur un homme visiblement à un tournant de sa vie et qui décide de combler les vides de son existence en se lançant dans une petite escapade solitaire en kayak. Se laissant volontiers porter par les remous de la rivière, Michel n’ira cependant pas très loin puisqu’il fera une halte décisive à la première guinguette rencontrée sur son parcours. Eloges des petits bonheurs de la vie, des rencontres furtives, de la nature et de la lenteur, ce film plein de bienveillance peut être vu comme une sorte d’hymne à la liberté ou du lâcher prise des plus rafraichissants. Alors pourquoi ne me suis-je pas laissée bercer par cette douceur poétique et suis-je ressortie de la salle un brin mélancolique et plus que dubitative ? Parce qu’en y regardant un peu plus près, on se rend bien compte que le couple formé par Michel et Rachel traversent une crise existentielle et que l’escapade de Michel n’est sans doute qu’une petite fuite en avant qui ne résoudra pas grand-chose à l’affaire.

J’ai également trouvé tout ce petit monde extrêmement sympathique mais finalement assez engoncé dans un  sentiment de solitude qui ne veut pas dire son nom. 

Enfin, les personnages féminins sont suffisamment improbables pour y croire vraiment, reflétant peut-être quelques fantasmes masculins dans cette  composition essentiellement maternelle de leur personnalité. Prenons d’abord le cas de Rachel, la compagne de Michel jouée par Sandrine Kiberlain : douce, compréhensive, prévenante et tellement attentive qu’elle en devient un peu bobonne en attendant sagement (enfin pas si sagement que cela) le retour de son grand enfant. Passons maintenant à la patronne de la guinguette, Laetitia jouée par Agnès Jaoui. Alors là nous sommes en pleine terre nourricière car sous ses dehors un peu bourrue, cette femme toute en rondeur et en féminité maternelle accueille volontiers tous les paumés et marginaux de passage. Une femme d'une générosité sans pareille qui se donne toute entière sans rien demander en retour (Ô quelle merveille que cette femme-là), encore toute reconnaissante de retrouver avec un ineffable bonheur le  plaisir charnel grâce à Michel, qui retrouve tout d’un coup ses élans de jeunesse. Quel homme ne rêverait pas de rencontrer une telle femme ? Ben oui. Et enfin la petite dernière jouée par Vimala Pons, une sorte de fidèle Pénélope attendant patiemment le retour de son hypothétique Ulysse.

J’aimerais également revenir sur la dernière scène du film, lorsque Rachel rejoint sur la berge Michel. Il faut voir le regard émerveillé et béat de Michel contemplant sa Madone qui semble tout droit descendue du ciel. Notons tout de même que la Sainte n'est pas seule et qu'elle a un petit visage fermé et tout pensif, ce qui ne l’empêchera nullement de l’accompagner comme il se doit. Alors je ne sais pas si ce sont mes origines hispaniques qui remontent à la surface mais je serais volontiers descendue de ce piédestal pour plonger la tête de Michel sous l’eau de la rivière, histoire de lui rafraichir un peu les idées. Aurais-je la fibre maternelle légèrement atrophiée pour ne pas adhérer totalement au propos de Bruno Podalydès ? Bah ma foi, c’est bien possible. 

Enfin, vous l'aurez compris, je force volontairement le trait mais il y a quand même un peu de tout cela dans ce film. Soulignons malgré tout l’interprétation de haut vol de notre trio d’actrices (Agnès Jaoui, Sandrine Kiberlain et Vimala Pons), qui méritent à elles seules le détour.

Les avis positifs d’Alex, de Traversay et de Martin.  
Dasola est aussi mitigée que moi mais peut-être pas pour les mêmes raisons, s’étant volontiers plus ennuyée qu’autre chose.


Réalisateur : Bruno Podalydès
Acteurs : Bruno Podalydès, Agnès Jaoui, Sandrine Kiberlain, Denis Podalydès,Vimala Pons
Origine : France
Genre : Comédie
Année de production : 2014
Date de sortie : 10/06/2015
Durée : 1h44



10 commentaires:

  1. Les avis sont partagés & je ne suis pas trop tenté par le kayak ( ça donne mal au dos entre-autre ), par contre je vais me refaire sous peu 'Liberté-Oléron', celui-là j'en garde un excellent souvenir.

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    1. Je pense que le film a surtout suscité des avis enthousiastes en bénéficiant d'un bon capital de sympathies. Ceci dit, il se prépare beaucoup avant de se lancer mais pour ce qui est de kayaker, son périple tourne court dans la mesure où il sera vite interrompu et qu'il fera plus du sur place qu'autre chose. Je n'ai pas vu 'Liberté-Oléron'. Bonne "revoyure" donc :)

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  2. Tiens, serait-ce le grand retour de l'amie Sentinelle ? J'espère ! :)

    Bien qu'un peu plus enthousiasmé que toi, je partage largement ton avis général: le film est effectivement plus mélancolique qu'il n'y paraît au premier abord. ATTENTION SPOILERS POSSIBLES. Dans un futur que je donnerai aux personnages de Rachelle et Michel, je ne suis pas sûr qu'ils restent ensemble très longtemps. Mais ça, Bruno Podalydès a la gentillesse de nous laisser en décider. C'est pourquoi j'aime bien cette fin.

    Comme tu l'auras compris, j'ai apprécié aussi que le périple de Michel ne nous conduise pas très loin - ce qui signifie d'après moi que 1) l'aventure est au bout du chemin, mais aussi 2) que Michel n'est pas taillé pour les épopées.

    Le film ne restera sûrement pas dans les annales comme un chef d'oeuvre, c'est entendu, mais ça m'a fait du bien de me laisser glisser sur l'eau par procuration, à un moment où j'avais pas mal de travail. Disons que c'était une bonne petite séance récréative parmi d'autres films parfois plus "pointus".

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    1. Le grand retour, je ne sais pas mais je vais essayer de m’y remettre petit à petit ;-)

      Je n’ai pas beaucoup d’espoir non plus concernant le futur du couple. Sandrine Kiberlain prouve encore une fois qu’elle est une grande actrice tant son visage soucieux, à la fin du film, exprime beaucoup d’émotions contenues. Je n’ai aucun mal à comprendre qu’on puisse se laisser charmer par cet hymne à la nonchalance et la richesse des rencontres même si elles ne sont qu’éphémères mais j’ai été visiblement beaucoup plus sensible à la mélancolie sous-jacente et j’en suis vraiment ressortie un brin déprimée. Des personnes se mentent mutuellement mais surtout se mentent à elles-mêmes, puis cette solitude qui semble accompagner chacun des personnages… bref, j’ai été plus sensible à tout cet arrière-plan un peu flouté que par ces petits moments de bonheur qui ne sont que des récréations dans un quotidien bien morose.

      Sinon, l’aventure au coin de la rue, je suis tout à fait pour, ayant toujours été convaincue qu’il n’y avait pas besoin d’aller au fin fond de la cambrousse pour y gouter ;-)

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  3. Bonjour Sentinelle, merci pour le lien même pour un film que je n'ai pas trop apprécié. J'ai trouvé que c'est le film d'un gamin attardé qui veut se faire plaisir. Bonne fin d'après-midi.

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    1. Il y a un peu de cela aussi, et on peut trouver cela irritant. J'ai préféré penser qu'il effectue une parenthèse légère même si cela ne changera rien au cours de sa vie, qu'il devra bien affronter à un moment ou l'autre.

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  4. Je pense en lisant ton commentaire que pour certains films il y a une sensibilité différente entre spectateur féminin et masculin ça confirme que nous ne sommes pas pareil et c'est tant mieux ; ça doit être "chiant" la vie des robots ! cela dit je ne suis pas en désaccord avec ce que tu dis et en dehors du cinéma je continue à revendiquer pour l'égalité Hommes/Femmes! :)

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    1. Nos sensibilités sont sans nul doute assez différentes et plus particulièrement avec ce film, qui présente un point de vue assez masculin, du moins c'est comme cela que je l'ai ressenti. En tout cas, les personnages féminins m'ont bien fait sourire tant il était évident pour moi qu'ils avaient été écrits par un homme :-)

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  5. Pas plus emballée que ça par le charmant clapotis de Podalydes ? Pourtant n'est-il pas trognon à bricoler jouer les aventuriers de l'extrême avec son kit du Vieux Campeur ? Sur la même (longueur d') onde que Michel, je me suis déjà programmé une sortie canoë avant la fin du mois et nul ne sait encore si je ne m'arrêterai pas au premier troquet venu. ;-)

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    1. 'avoue que son tempérament lunaire et sa tendance à se laisser porter par les "flots" ne m'ont pas particulièrement séduite lol
      Oh que d'aventures en perspective, sympa si ce film t'en a donné envie. J'espère que tu nous en feras part sur ton blog à ton retour. Avec photos si possible, et pas truquées... bien que, ça pourrait être drôle aussi ;-)

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