Michel Tournier et Édouard Boubat |
Michel Tournier (19 décembre 1924 - 18 janvier 2016), qui vient de nous quitter à l'âge de 91 ans, était écrivain, conteur et traducteur, notamment de l'autobiographie inachevée de Carson McCullers, Illuminations et nuits blanches. Philosophe de formation, il fut élevé dans une famille passionnée de musique et de littérature allemande, ce qui le familiarisera avec la mythologie et la poésie germanique. Ce n'est donc pas un hasard si son œuvre marque le retour aux récits
traditionnels, en recourant aux mythes et aux légendes, tout en leur
conférant une interprétation contemporaine. Il recevra le Grand prix du roman de l'Académie française en 1967 pour Vendredi ou les Limbes du Pacifique et le prix Goncourt en 1970 pour Le Roi des Aulnes. Il publiera également des albums de photographies réalisées avec son ami photographe Édouard Boubat.
Si cela fait plus d'une vingtaine d'années que je n'ai plus lu Michel Tournier, il n'en demeure pas moins qu'il fut l'un de mes auteurs préférés dans les années 90, et je retrouve encore aujourd'hui dans ma bibliothèque une petite dizaine de ses ouvrages. Le Roi des Aulnes fut d'ailleurs pendant longtemps un de mes livres préférés. Nous y retrouvons le personnage mythique de l'ogre enlevant des enfants, repris d'une légende allemande popularisée par le poète Goethe dans une de ses célèbres balades, pour mieux le transposer dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale. Mais Michel Tournier ne fut pas que l'heureux gagnant du prix Goncourt, et je vous propose ci-dessous un petit florilège de ses œuvres. Je relirai probablement l'un ou l'autre au cours de l'année 2016, car il n'y a finalement pas meilleur hommage pour un auteur que de revenir vers lui par l'intermédiaire de quelques romans que nous avons particulièrement aimés. Je vous dis donc à bientôt Monsieur Tournier.
Extraits :
« Les légendes vivent de notre substance. Elles ne tiennent leur vérité que de la complicité de nos coeurs. Dès lors que nous n'y reconnaissons pas notre propre histoire, elles ne sont que bois mort et paille sèche. »
Gaspard, Melchior et Balthazar de Michel Tournier
« Le serpent peut être de deux sortes. Il est venimeux ou constricteur. S'il est venimeux, il tue d'un baiser. S'il est constricteur, il tue d'une étreinte. Le premier n'est qu'une bouche, le second n'est qu'un bras. Mais c'est toujours par un geste d'amour qu'il tue. »
Eléazar ou La source et le buisson de Michel Tournier
« La pauvreté prive un homme de toute vertu : il est difficile à un sac vide de se tenir debout. »
Vendredi ou les limbes du Pacifique de Michel Tournier
« Venise attire, mais aussitôt repousse. Tout le monde vient à Venise, personne n'y reste. A moins qu'on n'y vienne pour mourir. Venise est un très bon endroit pour mourir. L'air de Venise absorbe, je dirais presque avec gourmandise, les derniers soupirs qu'on veut bien y pousser. Cimarosa, Wagner, Diaghilev ont répondu à cet étrange appel. Un poète français a bien dit, n'est-ce pas, que partir, c'est mourir un peu. Il faudrait ajouter que mourir, c'est partir beaucoup. On sait cela à Venise... »
Les météores de Michel Tournier
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire