mardi 26 avril 2016

La cavale du Dr Destouches. D'après l'œuvre de Louis-Ferdinand Céline (BD)


« Le temps n’efface pas chez moi, il grave. »

Louis-Ferdinand Céline

Je poursuis ma découverte d’un moment très précis de l’histoire de France, à savoir la fuite vers l’Allemagne des collaborationnistes français en 1944. Nous y retrouvons Louis-Ferdinand Céline, Lucette son épouse et leur chat Bébert quittant Paris bombardé par la Royal Air Force et traversant l’Allemagne en ruines pour rejoindre à Sigmaringen le gouvernement en exil de la France Vichyste. J’avoue très mal connaître Louis-Ferdinand Céline, dont je n’ai lu à ce jour qu’un seul de ses romans, l’excellent Voyage au bout de la nuit. Je connais dans les grandes lignes son passé trouble mais pas davantage non plus. Je n’ai donc que très peu d’éléments pour me faire une idée précise du personnage, si ce n’est qu’il semble avoir une personnalité très complexe, à multiples facettes et difficilement appréhendable. Et ce ne sont pas mes lectures coup sur coup de cette BD et du roman Sigmaringen de Pierre Assouline qui modifieront cette impression. En fait, je crois que Louis-Ferdinand Céline est une de ces personnes dont plus on en sait, moins on comprend et plus il nous échappe. D’autant plus que sa personnalité est également déformée par le prisme de celui qui tente de l’approcher, car le Céline de Pierre Assouline est forcément différent du Céline de Christophe Malavoy.

L’acteur, féru de l’écriture Célinienne et proche de Lucette Destouches, à qui il dédie « tout naturellement » cet ouvrage, a pris le pari d’adapter en bande dessinée la trilogie allemande de l’auteur, à savoir D'un château l'autre, Nord et Rigodon. Et ce avec la complicité des frères Brizzi, qui accomplissent ici un travail absolument remarquable, tant leur coup de crayon est époustouflant et constitue un véritable régal pour les yeux du lecteur. L’œuvre ici se fait volontiers caustique et dramatique, mais prend aussi parfois le chemin de la farce et du burlesque pour mieux nous présenter ce misanthrope terriblement lucide sur la condition humaine, épouvantablement aigri, grossier, impoli mais tout aussi incapable de ne pas rendre service à son prochain. Bref, le docteur Destouches est un être humain, avec tout ce que cela comporte de petitesses et de grandeurs.  Pari tenu Christophe Malavoy, tant cette adaptation en bande-dessinée est une belle réussite.

« L'homme ne voit que ce qu'il regarde et il ne regarde que ce qu'il a déjà dans l'esprit »
Theodule Ribot 




La cavale du Dr Destouches. D'après l'œuvre de Louis-Ferdinand Céline, par Christophe Malavoy, Gaëtan Brizzi et Paul Brizzi, Edition Futuropolis, 10/09/2015, 96 pages.

☆☆☆☆

15 commentaires:

  1. Anonyme4/26/2016

    Bonjour Sentinelle,
    Je déteste Céline, l'homme, qui était abject. Mais l'écrivain est tellement génial...

    Strum

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    1. Bonjour Strum,

      Je peux bien imaginer à quel point la personnalité de Céline peut susciter un rejet viscéral. Mais comme je ne suis pas non plus trop renseignée à ce sujet, j’ai pu facilement lire son roman « Voyage au bout de la nuit », qui est excellent, sans être entravée par « son côté obscur ». Pour tout te dire, je crois que je ne suis jamais allée gratter de trop près, de peur justement de ne plus pouvoir le lire par la suite, par crainte d’être contaminée par les sentiments négatifs que je pourrais éprouver à son égard. Car je pense que j’aurais beaucoup de mal à lire un roman d’un homme que je n’aime pas. J’ai bien conscience de la curiosité de cette démarche, car comment lire Hitler sans connaître Hitler, pour prendre un exemple. Enfin bref, je me renseigne un peu, mais juste ce qu’il faut pour ne pas apprendre à le détester. Je fais de même avec l’auteur Hamsun Knut. J’avais beaucoup aimé son roman « Mystères », mais le plus grand mystère réside encore dans les dissonances qu’il peut y avoir entre les écrits de cet homme et les actes qu’il a posés dans la vie. Enfin, l’homme est tout sauf quelqu’un de rationnel, tant il brille surtout par ses contradictions et autres paradoxes. Ceci dit, on sent quand même bien poindre la personnalité de Céline dans son roman, dans ce côté « revenu de tout » et totalement désabusé sur le genre humain. Ah quelle noirceur que celle du regard célinien !

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  2. De Bébert le chat(véritable héros),fidèle compagnon et révélateur,on garde l'image qu'en donne l' écrivain dans NORD, un de ses derniers romans : [...] "il est mort ici après bien d'autres incidents,cachots,bivouacs,cendres,toute l'Europe...il est mort agile et gracieux,impeccable, il sautait encore par la fenêtre le matin même...nous sommes à rire, les uns les autres, vieillards nés!"[...]

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    1. Bébert est un chat qui, à travers le regard de Céline, semble effectivement extraordinaire. Il est représenté en bonne place sur la couverture et occupe également une place importante dans la bande-dessinée. Notamment dans un passage bien particulier, lorsque son épouse et lui-même parviennent à se procurer, via un commandant allemand dont Céline soigne la prostate, les documents administratifs nécessaires pour traverser l'Allemagne, et ce afin de rejoindre la frontière danoise. Malheur, ils doivent se séparer de Bébert, et le confie avant leur départ à une personne de confiance. Et nous voyons ce chat enfermé chez sa gardienne et qui se jette d’un bond à travers le carreau de la fenêtre, qui se brise sous son poids, pour rejoindre après tout un périple ses maîtres, qui ne quitteront dorénavant plus jamais ce chat couvert de bris de verre. Franchement, vu comme cela, il ne peut que forcer notre admiration. Et la toute dernière case de la BD met en avant-plan la petite tombe de Bébert dans le jardin de ses maîtres, avec cette inscription :
      Bébert
      Fidèle compagnon
      1932-1952

      Merci en tout cas de ton passage sur mon blog Jeannik B, surtout si c’est pour nous parler de nos amis les chats, et celui de Céline était à la hauteur de son maître je crois ;-)

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  3. Anonyme4/26/2016

    Ce débat entre l'homme et l'écrivain est sans fin. Il peut m'arriver comme toi Sentinelle de ne pas vouloir lire un écrivain à cause de l'homme. S'agissant de Céline, je n'ai lu de lui que Voyage au bout de la nuit et Mort à Crédit, où son génie d'écrivain est si évident que j'ai dû rendre les armes (d'autant que ces livres sont dénués des saillies antisémites dont il était coutumier) alors même que j'y cherchais sans doute inconsciemment des raisons de les détester à cause de l'homme. Livres géniaux donc. Mais l'homme fait que je n'ai guère envie de lire les autres livres de Céline tout en sachant que si je les lis un jour je rendrai certainement à nouveau les armes. :)
    Strum

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    1. L'Homme est-il défini par ses pensées ou par ses actes ? Vaste question, en effet. D'autant plus que dans le cas particulier de Céline, ses romans sont dénués de références antisémites, alors que ses discours en sont imprégnés. Mais a-t-il commis des actes antisémites ? Il a soigné clandestinement et gratuitement des juifs, au mépris des risques qu'il encourait à ce moment-là, tout en soignant également des nazis allemands. L'homme est vraiment paradoxal mais l'écrivain est tel qu'il semble effectivement bien difficile de faire l'impasse sur cet auteur. Donc oui, tu rendrais très probablement à nouveau les armes en reprenant la lecture d'un roman de Céline ;-)

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    2. Anonyme4/27/2016

      Bonjour Sentinelle,

      Hélas, Céline ne s'est pas cantonné aux "pensées antisémites", il est également passé aux actes. Un écrivain agit par ses livres, et si Le Voyage et Mort à Crédit ne contiennent pas de passages antisémites, ses pamphlets si, dont le célèbre Bagatelles pour un massacre, publié en 1937, où il se déclare publiquement "devenu antisémite et pas un peu pour de rire, mais férocement jusqu’aux rognons ! ». Le pire de tous, c'est l'Ecole des Cadavres, dont je cite des passages horribles (tirés de Wikipedia) pour bien montrer à qui on a affaire :

      « Les juifs, racialement, sont des monstres, des hybrides, des loupés tiraillés qui doivent disparaître. […] Dans l'élevage humain, ce ne sont, tout bluff à part, que bâtards gangréneux, ravageurs, pourrisseurs. Le juif n'a jamais été persécuté par les aryens. Il s'est persécuté lui-même. Il est le damné des tiraillements de sa viande d'hybride »

      — L'École des cadavres, Paris, Denoël, 1938, p. 108
      Ou encore :

      « Je me sens très ami d'Hitler, très ami de tous les Allemands, je trouve que ce sont des frères, qu'ils ont bien raison d'être racistes. Ça me ferait énormément de peine si jamais ils étaient battus. Je trouve que nos vrais ennemis c'est les Juifs et les francs-maçons. Que la guerre c'est la guerre des Juifs et des francs-maçons, que c'est pas du tout la nôtre. Que c'est un crime qu'on nous oblige à porter les armes contre des personnes de notre race, qui nous demandent rien, que c'est juste pour faire plaisir aux détrousseurs du ghetto. Que c'est la dégringolade au dernier cran de la dégueulasserie »

      Collaborationniste durant l'occupation, il soutient ouvertement les nazis : "Pour devenir collaborationniste, j’ai pas attendu que la Kommandantur pavoise au Crillon… On n’y pense pas assez à cette protection de la race blanche. C’est maintenant qu’il faut agir, parce que demain il sera trop tard. […]" Etc.

      Strum

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    3. Bonjour Strum,

      Je me suis mal exprimée précédemment, car par pensées, j’incluais aussi les discours. Donc oui, ses pamphlets sont dégueulasses, car il n’y a vraiment pas d’autres mots pour l’exprimer. Mais tu es d’accord avec moi pour dire que l’écrivain est excellent, et ça on ne peut pas le lui retirer non plus. Maintenant c’est à chacun de choisir de lire ou pas Céline, tout en sachant qu’on ne retrouvera pas ses discours antisémites dans ses romans. Et quel que soit ce choix, personne n’a, à mon sens en tout cas, ni tort ni raison. De même, je ne taxerai jamais une personne d’antisémite sous le seul prétexte qu’elle lise un roman de Céline. Je pense d’ailleurs que nous sommes tous les deux d’accord là-dessus également.

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  4. j'avais vu, il y a quelques années à la télé, un interview de Céline chez lui; cela m'avait laissé l'impression d'un type très sale à tout point de vue dans un environnement aussi délabré que lui ; il me semble que le commentateur nous avait dit que ça baraque avait brulé peu de temps après qu'il soit parti? c'est en tout cas pas un homme. dont on peut saluer le courage et qui donne envie de le lire

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    1. Je comprends ta position Alex, et nous pouvons être heureux d'avoir la liberté de pouvoir choisir nos lectures en fonction de notre bon vouloir, sans se voir imposer ou déposseder de quoi que ce soit. Cet écrivain suscitera de toute façon toujours la polémique, ce qui est bien compréhensible également.

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  5. Anonyme4/27/2016

    Je voudrais d'ailleurs rajouter une chose (ne pouvant modifier mon précédent post) : autant je pense qu'il est normal de reconnaitre le génie littéraire de Céline, et de célébrer ses romans comme il se doit, autant la tendance récente qui consiste à faire de l'homme un personnage de fiction (dans plusieurs livres, BD, films) en insistant sur la complexité ou le côté humain malgré tout du personnage, me gêne un peu. Je me demande parfois si cela ne traduit pas un genre de fascination malsaine ou aveugle chez certains pour le personnage (je m'empresse de dire que ce n'est évidemment pas ton cas Sentinelle :) ). A titre personnel, je n'ai pas envie d'en savoir plus ou de voir transformer en héros de fiction quelqu'un qui a, entre autres actes affreux durant l'occupation, demandé expressément à ce que l'on republie ses pamphlets antisémites durant l'occupation (c'est-à-dire à une époque où on tuait les juifs, de sorte que c'était de la part de Céline des appels au meurtre) parce qu'il trouvait que la persécution des juifs et leur déportation par les nazis n'allaient pas assez vite. Voilà, j'ai vidé mon sac sur le sujet. :)
    Strum

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    1. Tu peux rajouter autant d’éléments que tu veux Strum, ce blog est ouvert à la discussion et si je le maintiens depuis toutes ces années, c’est bien moins pour la publication de mes billets que pour le partage et les échanges qu’ils sont susceptibles d’engendrer. C’est en cela d’ailleurs que le blog apporte un plus par rapport aux autres supports, je pense par exemple à Facebook ou à d’autres réseaux sociaux. Je ne pose qu’une seule condition, celle de respecter la nétiquette. Ce en quoi tu n’es jamais en défaut. Je ferme ici la parenthèse :)

      Je reviens maintenant à ton dernier commentaire, que j’ai envie de nuancer à plusieurs niveaux.

      Concernant la tendance qui consiste à faire de l'homme un personnage de fiction, j’attire ton attention sur le fait que cette BD est l’adaptation de la trilogie allemande écrite par Céline, à savoir D'un château l'autre, Nord et Rigodon. Il ne s’agit donc pas d’une fiction écrite par un tiers, mais du compte-rendu d’un moment bien particulier de la vie de Céline, écrit par lui-même. Il me semble que c’est important de le souligner.

      Je reviens ensuite sur le fait que cela te gêne que ces fictions puissent révéler ou insister sur la complexité ou le côté humain du personnage. Là je suis en désaccord avec toi, et je vais tenter de m’en expliquer. Relever la complexité d’un homme (et Céline l’est, dans la mesure où il se complaît dans la misanthropie et l’antisémitisme, tout en prodiguant des soins aux personnes malades et ce quels que soient sa nationalité, sa religion, les dangers qu’il encourt ou la possibilité que cette personne a ou pas de le rétribuer financièrement) n’est pas l’absoudre pour autant. Pour moi, le « monstre » n’existe pas. C’est une facilité que de le penser mais la réalité est plus complexe. Plutôt qu’un monstre, je préfère voir un être humain, certes abject, mais qui avait aussi ses propres contradictions. Tout en sachant que le reconnaître n’excusera en rien ses pamphlets antisémites.

      Tu sais, cela me fait penser à tout le scandale qu’il y a eu à une époque autour du fait qu’on avait présenté Hitler (dans un film ? un documentaire) comme une personne qui adorait son chien. Dans ce même cas de figure, on pourrait tout aussi bien reprocher de mentionner l’affection de Céline pour son chat Bébert. Pourquoi montrer un trait tellement ‘humain’ alors qu’Hitler fut responsable de millions de mort. Pourquoi ne pas le cantonner à cette seule figure de monstre ? Parce que ce serait une erreur selon moi, parce que Hitler était un homme, abject certes mais un homme quand même, et vouloir le simplifier à cette seule dimension monstrueuse serait quelque part comme nous dédouaner : ‘il est un autre, il ne fait pas partie de nous’. Ma démarche sera toujours de retrouver cette humanité et cette complexité chez une personne, aussi abjecte soit-elle, mais cela n’est pas pour autant de l’ordre de la fascination malsaine ni de l’absolution. Je peux accepter les contradictions, sans vouloir éviter pour autant la condamnation. Bon, tout ceci est finalement bien long et difficile à expliquer. J’ai quand même l’espérance d’avoir réussi à te faire comprendre mon point de vue à ce sujet ;-)

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    2. Anonyme4/28/2016

      Tu as très bien résumé ton point de vue et je le comprends très bien Sentinelle. ;-) Je vais tâcher maintenant de préciser le mien. Dans la trilogie allemande, Céline s'est mis en scène, faisant de lui un personnage de fiction. Dans la BD que tu chroniques, le film récent avec Denis Lavant, le livre récent contant ses dernières instants (le tout faisant une tendance ou une actualité autour de Céline, disons), Céline est aussi un personnage de fiction, comme s'il était le vieil oncle indigne et excentrique, mais génial, de la littérature française. Il est parfaitement normal que ce personnage de fiction soit montré sous ses diverses facettes, les mauvaises comme les moins mauvaises, et ce n'est pas cela qui me gêne. D'ailleurs, je n'ai pas dit que Céline était un "monstre", c'est évidemment un être humain. Ce qui me gênait, ou ce que je craignais (le terme "malsain" que j'ai utilisé était un peu fort), c'est que cette tendance à considérer Céline comme un personnage fasse oublier ou escamote, notamment pour ceux qui l'ignorent (il y en a), le véritable Céline, le délateur, le criminel paranoïaque qui ne trouvait pas les nazis suffisamment antisémites sous l'occupation, celui qui fait référence au visage de Desnos (face et profil) parce qu'il voit des juifs à déporter partout, l'auteur de l'Ecole des cadavres qu'il fit republier exprès sous l'occupation pour appeler à l'extermination des juifs. Celui-là n'était pas un homme 'terriblement lucide sur la condition humaine' (là, tu parlais du personnage de fiction), mais un salaud, sans doute à moitié cinglé, et il me semblait donc utile (en tout cas, pas superflu) de rappeler par mes citations plus haut à qui on avait à faire. Pour terminer, je trouve que c'est tout à ton honneur de chercher l'humain derrière le "salaud". Pour ma part, j'avoue que je n'en ai pas envie - je suis capable en revanche de lire ses livres et de les trouver fabuleux car je sais qu'il n'y a pas de lien de cause à effet entre la morale et l'art ; le talent est amoral et il y a des gens indignes pétris de talents et d'autres admirables dénués de toute facilité artistique. Céline en tant qu'homme ne m'intéresse pas (le mal et la haine ne m'ont jamais intéressé même si je sais qu'ils existent - pareil pour Hitler puisque tu en parles ; il était humain, c'est une évidence, et je n'éprouve pas le besoin de voir un film sur lui pour m'en convaincre ; pas pour me dédouaner ou pour dire "je ne suis pas comme lui", mais parce que l'homme derrière Hitler ne m'intéresse absolument pas) et il y a tellement d'êtres humains formidables, que c'est plutôt ceux-là dont j'aurais envie de lire les aventures. En tout cas, merci pour cette intéressante discussion. :)
      Strum

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    3. Pour revenir sur Céline en tant que personnage de fiction, je trouvais important de distinguer le fait qu’il s’agissait ici de l’adaptation de sa trilogie et non d’une fiction écrite par un tiers, car je pense que j’aurais sans doute été plus mal à l’aise dans ce derniers cas de figure. Ceci dit, j’ai bien conscience que ce personnage reste malgré tout une « autofiction », avec ce que tout cela comporte de subjectivité, de déformation, de fantasme, voire de mensonge ou de manipulation. Je n’avais pas connaissance du film ni du livre récents que tu mentionnes, Céline est donc effectivement « tendance » en ce moment en France, ce qui m’avait échappée. Je comprends ta méfiance, dans le sens où il faut rester prudent sur ce qu’on montre ou pas, avec l’idée de ne pas escamoter « le pire » au profit du « meilleur » (façon de parler, disons ses contradictions). Ce qui m’intéresserait maintenant de savoir, c’est pourquoi Céline est « tendance » depuis quelque temps en France, en tout cas suffisamment pour présenter des créations à son sujet, mais c'est un autre débat ;-)

      Ce n’est pas vraiment chercher l'humain derrière le "salaud" qui m’intéresse, disons que cela fait partie d’une interrogation plus générale en ce qui me concerne. Sans rentrer trop dans les détails, je suis psy de formation, et si j’occupe depuis des années une fonction professionnelle dans un tout autre domaine, j’ai tout même suivi cinq années d’étude sur le sujet, avec un intérêt forcément très prononcé pour tout ce qui concerne le développement de la personnalité. Donc oui, « les salauds » peuvent aussi m’intéresser, même si j’étais davantage préoccupée par la maladie mentale et ses traitements que par le profil des détraqués. Ceci dit, on peut aussi se poser des questions sur la santé mentale de Céline ;-)

      Merci à toi pour ta contribution à ce billet Strum. Je vois que tu viens de publier une chronique intitulée « Panique : les bas instincts des foules selon Julien Duvivier et Georges Simenon ». Ayant lu le roman et vu le film (et dans la foulée le « Monsieur Hire » réalisé par Patrice Leconte), j’aurais beaucoup de choses à en dire. Mais ce sera pour un autre jour. A bientôt donc !

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  6. Anonyme4/28/2016

    A bientôt pour ton commentaire sur Panique alors !

    Strum

    PS : Je n'ai pas étudié la psychanalyse, mais j'ai lu certains ouvrages de Freud et Jung et c'est un domaine qui m'intéresse.

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