dimanche 2 avril 2017

Fukushima mon amour de Doris Dörrie

Grüße aus Fukushima de Doris Dörrie
Avec Rosalie Thomass,  Kaori Momoi
Allemagne, Sortie 2017


Marie est une jeune femme allemande désemparée suite à une rupture amoureuse, alors qu’elle allait bientôt se marier à son fiancé.  Elle décide de noyer son chagrin en participant à une mission humanitaire à Fukushima. Déguisée en clown, elle est censée apporter un peu de joie aux rescapés, qui habitent dans des préfabriqués spartiates et sans âme(s).   

Satomi, une geisha retraitée qui fait partie des victimes de la catastrophe, se moque bien de efforts inutiles et vains de Marie, et le lui fait savoir. Marie, qui éprouve quelques difficultés à s’adapter à la culture japonaise, s’interroge sur sa mission et déplore son inutilité. Lorsque Satomi décide, de son propre chef et sans consulter personne, de retourner dans ce qui reste de la maison qui l'a vu naître et située dans la zone interdite, Marie choisit, après un moment d'hésitation, d'y rester en sa compagnie. Elles sont pourtant si différentes ! Mais elles apprendront, chacune à leur manière, à se découvrir et se lieront d'amitié.

Fukushima mon amour, c'est bien sûr un retour sur les lieux emblématiques de la catastrophe nucléaire, survenue le 11 mars 2011, ou plutôt ce qu'il en reste. Un véritable séisme écologique et psychologique, que la réalisatrice abordera essentiellement à travers la rencontre de deux femmes que tout oppose :  l'âge, la vie, la langue, la personnalité, le tempérament. Un choc des cultures aussi.  Mais sont-elles si différentes que cela ? Chacune a ses petits secrets, ses failles et ses plaies à cicatriser, chacune à ses propres fantômes à affronter, qui n’hésitent d’ailleurs pas à se manifester. Souvenirs, culpabilité, deux femmes qui devront se réconcilier avec la vie en sachant aussi se faire pardonner.  

Un très joli film réalisé en noir et blanc sur la mémoire, la perte, la reconstruction de soi, mais également sur la rencontre, l’amitié, la complicité et la réciprocité.  Un film délicat, sensible et plein de pudeur dans sa façon d’aborder ce qui se joue au fur et à mesure du déroulement de l’histoire.  

Encore un mot sur la traduction française du titre, qui fait référence à Hiroshima mon amour d’Alain Resnais, alors que le titre allemand ne le fait pas (Grüße aus Fukushima =  Greetings from Fukushima ou Salutation de Fukushima). Dire que j’ai lu une critique très négative du film parce que le journaliste s’évertuait à le comparer à son illustre prédécesseur. Stop, on s’arrête là un moment : si les deux films ont en commun une ville exposée aux radiations atomiques (ce qui n’est pas rien en soi), les comparer au détriment du film de Doris Dörrie me semble totalement déplacé, injuste, idiot et sans intérêt.  Voilà qui est dit.

Quoi qu'il en soit, nous n’étions que cinq personnes dans la salle, et uniquement des femmes, que je ne connaissais pas du tout au demeurant. Et nous avons toutes les cinq beaucoup aimé le film (ben oui, j’étais curieuse de savoir ce qu’elles en avaient pensé, alors je n’ai pas hésité à m’en informer).  L’une d’elle m’a ensuite fortement conseillé de voir l'un des précédents films de la réalisatrice,  "Cherry blossoms, un rêve japonais". Eh bien, je n’y manquerai pas, merci du conseil ! 



6 commentaires:

  1. Hello Sentinelle !

    Ce film a failli être retenu pour une soirée de mon association, et finalement, nous sommes passés à côté sans nous y arrêter. C'est dommage, semble-t-il. Les photos ont l'air très belles, en tout cas, et merci à toi de cette chronique !

    J'allais te conseiller "Cherry blossoms", mais, ayant lu ton texte jusqu'au bout, je me suis alors rendu compte que ce n'était plus la peine ;-)

    Bon dimanche :)

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    1. Coucou Martin !

      On a très peu entendu parler de ce film, qui a sans doute été très mal distribué. Et quelques critiques sont passées complètement à côté, le comparant bêtement à Hiroshima mon amour. Bref, le film n'a pas soulevé un fol enthousiasme et c'est dommage car je l'ai trouvé très bon. Alors, si jamais tu as l'occasion d'y revenir, n'hésite pas.

      Cherry blossoms est bien noté !

      Très bon dimanche à toi, ami cinéphile :)

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  2. Pas vu. Et Cherry blossom ynon plus...
    Ça m'exaspère cette façon de comparer les films.
    Comme récemment Lion et Millionnaire truc... Ça n'avait RIEN à voir.

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    1. Ça m'exaspère tout autant que toi. Il y a déjà si peu de femmes réalisatrices, et dans le nombre, il faut encore trouver de bonnes réalisatrices. Doris Dörrie me prouve avec ce film qu'elle fait partie du nombre : elle signe un film intelligent, sobre, sensible, original dans son contenu et dans sa forme (je n'ai pas encore vu un autre film tourné à Fukushima jusqu'à présent). Un film forcément peu distribué, car pas commercial. C'est le boulot des critiques de les faire sortir du lot, et qu'est-ce que je lis ? Une critique qui compare ce film à Hisroshima mon amour, sous le prétexte que le titre du film a été traduit en français pour y faire référence (quelle idée stupide en plus). Mais ce film n'a rien à voir, bordel ! Ou si peu ! A se demander s'il a vraiment vu le film de Doris Dörrie. C'est nul, nul, nul.

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  3. Oui les critiques peuvent être exaspérants.

    J'ai parfois la preuve qu'ils n'ont pas vu le film car ils parlent de scènes qui n'ont pas eu lieu... Ce doit être un copain qui leur fait une blague en leur disant "tu n'as qu'à écrire ça".
    A beaune la semaine dernière j'étais assise à côté d'un critique (charmant et belge d'ailleurs). On a discuté avant le film. Et... 20 mn avant la fin, il est parti...

    Fuku n'est resté qu'une semaine à l'affiche chez moi. Pas eu le temos de le choper.

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    1. Je suis bien d'accord avec toi, et je l'ai constaté à plusieurs reprises. Dans ce cas-ci, je me suis dit qu'il n'avait même pas vu le film du tout et qu'il s'était contenté de lire le titre traduit en français. Il a du se dire un truc du genre "ah, elle se compare à Alain Resnais, n'importe quoi, mais d'où elle vient cette pauv' fille, allez hop, je la descends en une vingtaine de lignes, vite fait bien fait, je ne vais pas prendre de risque en disant que son film n'est pas à la hauteur". Et voilà comment on gagne son cachet. Moi, je veux bien publier mon billet pour défendre ce film, et gratuitement qui plus est :-D

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