vendredi 6 octobre 2017

A propos du cinéaste Yasujirō Ozu

Si elle ne se marie pas, tu as des soucis ; si elle se marie, tu as de la peine.

Extrait du film Printemps tardif





Je vous parle des plus beaux films du monde. Je vous parle de ce que je considère comme le paradis perdu du cinéma. A ceux qui le connaissent déjà, aux autres, fortunés, qui vont encore le découvrir, je vous parle du cinéaste Yasujiro Ozu. Si notre siècle donnait encore sa place au sacré, s’il devait s’élever un sanctuaire du cinéma, j’y mettrais pour ma part l’œuvre du metteur en scène japonais Yasujiro Ozu…  Les films d’Ozu parlent du long déclin de la famille japonaise, et par-là même, du déclin d’une identité nationale. Ils le font, sans dénoncer ni mépriser le progrès et l’apparition de la culture occidentale ou américaine, mais plutôt en déplorant avec une nostalgie distanciée la perte qui a eu lieu simultanément. Aussi japonais soient-ils, ces films peuvent prétendre à une compréhension universelle. Vous pouvez y reconnaître toutes les familles de tous les pays du monde ainsi que vos propres parents, vos frères et sœurs et vous-même. Pour moi le cinéma ne fut jamais auparavant et plus jamais depuis si proche de sa propre essence, de sa beauté ultime et de sa détermination même : de donner une image utile et vraie du 20ème siècle. 

Wim Wenders

8 commentaires:

  1. Dire que je n'ai vu aucun film d'Ozu. Mais là je suis décidé Wenders et toi, et aussi l'ami Martin, vous m'avez convaincu de ne pas trop remettre à plus tard.

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    1. Cela me semble incroyable, mais voyons le bon côté des choses, tu as encore tant à découvrir ! Et moi de même, Printemps tardif n'étant que le deuxième film que j'ai vu du réalisateur, après Voyage à Tokyo. Et je les ai aimés tous les deux. Beaucoup. Je suis de plus en plus réceptive au cinéma japonais et le prochain sera probablement Kenji Mizoguchi, avec son film Miss Oyu (je me souviens d'ailleurs que Strum en avait dit le plus grand bien).

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  2. Quelle bonne idée de parler d'Ozu. Cela fait longtemps que je n'ai pas revu ses films, mais j'ai un grand coffret de lui en réserve et il faudrait que je m'y remette. Beau texte de Wenders.

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    1. Je crois savoir de quel coffret tu parles, j'avais hésité moi-même à me l'offrir mais comme je ne connaissais pas bien le réalisateur, je me suis dit qu'il était plus sage de le découvrir dans un premier temps autrement. Il n'y a pas mal de films du réalisateur disponibles en VOD, je vais donc poursuivre ma découverte tranquillement :-)

      Superbe texte de Wim Wenders, du coup, on se sent bien petit pour en parler à son tour. Mais j'ai toujours beaucoup de mal à écrire sur les films que j'apprécie et qui me touche le plus. Par pudeur peut-être ? Je ne sais pas.

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  3. Hello !
    Oh oui ! Aujourd'hui, et plus que jamais, osons oser Ozu ! J'en suis presque au même point que toi, Sentinelle, et j'aimerais en voir d'autres. On va finir par s'incruster chez Strum jusqu'à ce qu'émotion s'ensuive. Cela devrait aller vite.

    "Printemps tardif" est une pure merveille et la scène de ta deuxième photo m'arrache aisément quelques frissons. Du grand grand cinéma !

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    1. Simplicité, subtilité, délicatesse, élégance, douceur mais aussi lucidité et sagesse. C'est un plaisir de se laisser emporter par la mélancolie de Yasujirō Ozu.

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  4. Ah Ozu, un réalisateur que j'apprécie de plus en plus au fil des années et des revisionnages. Avec l'âge, je suis plus sensible à son cinéma qui traite si bien du temps qui passe, de la séparation et de la mort... sans oublier les petits riens du quotidien qui nous font rire et nous émeuvent...
    J'avais revu dernièrement Bonjour (le plus "drôle" de ses films) et le Goût du saké, son ultime film, un des plus émouvants, dont l'histoire est quasi-identique à Printemps tardif.
    Tu as encore de merveilleux films à découvrir devant toi ! (comme Fin d'automne, Fleurs d'équinoxe ou Été précoce entre autres). Bon(s) visionnage(s) !

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    1. J'y suis de plus en plus sensible également. Je crois que c'est le bon moment pour moi de découvrir ses films, je me sens prête, ou du moins ouverte, attentive et à l'écoute pour les recevoir et les apprécier comme ils le méritent. Merci de ton passage, K. :-)

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