Tout le monde connaît un des plus célèbres si pas le plus célèbre tueur en série français, j’ai nommé Henri Désiré Landru. Marié et père de quatre enfants, Landru entame après son mariage une carrière d’escroc avec plus ou moins de bonheur puisqu’il fut tout de même condamné à 7 reprises pour escroqueries entre 1900 et 1912.
Celui que la presse nommera le Barbe-Bleue de Gambais commence sa petite entreprise de crémation dès 1915 : profitant du fait que de nombreuses femmes se retrouvent esseulées ou veuves – nous sommes en pleine première guerre mondiale et de nombreux hommes périssent dans les tranchées – Landru séduit, par le biais de petites annonces matrimoniales, de nombreuses femmes en leur faisant miroiter un mariage aisé. Leur séjour de quelques jours dans une villa isolée précédant leurs fiançailles se révèlera à chaque fois fatal, Landru faisant disparaître le corps après avoir fait signer à sa victime une procuration bancaire.
Vu le nombre de biographies ayant pour sujet Landru et la bonne connaissance du grand public du modus operandi du célèbre meurtrier, on aurait pu craindre que l’auteur ne nous livre qu’une simple illustration linéaire sans aucune surprise. Ce serait là bien mal connaître l’auteur ! Chabouté arrive à nous surprendre là où on ne l’attendait pas dans la mesure où il ne se contente pas de reprendre les éléments clés de la vie de Landru : si le récit commence par le réquisitoire qui conduira Landru à la guillotine en 1922, c’est pour mieux revenir ensuite à la France de l’époque et aux atrocités vécues par les poilus dans les tranchées. Non seulement il insère dans son récit les événements historiques et politiques mais il propose également une histoire alternative dans laquelle Landru ne serait plus le meurtrier tel que nous le connaissons aujourd’hui mais au contraire la victime d’une sombre et horrible machination. Pari d’autant plus réussi que le trait noir et blanc et les traits anguleux prêtés aux personnages se prêtent à merveille à cette histoire macabre et sans concession pour l’âme humaine.
Chantage, cupidité, manipulation, trahison, meurtres, Chabouté n’en a décidemment pas terminé avec la part sombre de l’homme, cet animal doué de raison mais pas toujours pourvu de moralité. Et ce n’est pas cette libre adaptation de la version officielle de l’affaire Landru qui nous prouvera le contraire, pour notre plus grand plaisir de lecteur !
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