Quatrième de couverture
Marian se cherche, irrésolue. Depuis qu'elle est fiancée, chez
elle tout se détraque. Si elle s'en sort à peu près avec Peter son
supposé futur mari, ainsi qu'avec son travail d'opératrice en
marketing, le fait de ne plus pouvoir s'alimenter lui pose un
problème d'une tout autre ampleur. Moins elle peut avaler, plus elle se
sent elle-même dévorée : comme si, de membre ordinaire de
notre société de consommation, elle se retrouvait dans la peau d'un
de ses produits...
Mon avis
La femme comestible, longtemps resté inédit en France mais publié
récemment dans la collection Pavillons poche, est en fait le premier
roman de l’auteur. Paru en 1969, ce premier roman
constitue une première réussite dans l’œuvre de Margaret Atwood tant
il pose avec justesse un regard acéré sur la féminité et les
stéréotypes sociaux d’une époque (les sixties) où il était de bon
ton de quitter son emploi dès le mariage conclu, où le port de gaine
était toujours conseillé, où les logeuses surveillaient (épiaient ?)
jalousement la moralité de leurs locataires féminines et
où les jeunes femmes étaient déjà considérées comme des vieilles
filles si elles n’avaient pas encore la bague au doigt.
Mais les sixties annoncent également les débuts de la pilule
contraceptive et de la libération de la femme, début également de la
société de consommation, bref une époque propice pour
s’embrouiller les méninges, tant certaines femmes peinent à se
forger une identité clairement définie tant les modèles identitaires se
multiplient tout en étant souvent très éloignés les uns des
autres. C’est que la liberté de ne plus suivre une voie toute tracée
a un prix, celui de devoir choisir et d’assumer son choix ! Avec la
crainte corollaire de se faire dévorer par un système qui
les dépasse complètement.
Ne vous fiez pas à ce compte-rendu, nous ne sommes pas dans une
étude sociologique de la condition de la femme dans les sixties. Si la
justesse du regard de Margaret Atwood sur la féminité de
l’époque n’est plus à démontrer, vous seriez étonné de constater à
quels points certains sujets demeurent toujours d’actualité : qu’en
est-il du mariage, de l’engagement ? Faut-il avoir des
enfants, faut-il un père pour ses enfants ou peut-on faire des
enfants « toute seule »? Qu’en est-il du risque de se faire engloutir et
absorber par l’autre ? Tout n’est-il pas devenu produit
consommable et périssable, bon à jeter et à être remplacer illico
presto ?
Notre héroïne en perd l’appétit tant tout devient confus depuis le
jour où elle a accepté la demande en mariage de son futur époux. Et contrairement à ce que peut faire penser ce billet, ce roman est
incroyablement drôle et grinçant à la fois. J’ai pris beaucoup de
plaisir à le lire tant le ton ironique et cinglant de
l’auteur m’a souvent fait rire. Je ne connaissais pas cette facette
humoristique de Margaret Atwood et je la découvre d’autant plus avec
délice et jubilation.
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