Au milieu des années 1970, à New York, deux couples d'artistes ont partagé les rêves de liberté de l'époque. De l'art et de la création, ils ont fait le ciment d'une amitié qu'ils voulaient éternelle et, quand ils ont fondé leur famille, se sont installés dans des appartements voisins. Rien n'a pu les préparer aux coups dont le destin va les frapper et qui vont infléchir radicalement le cours de leurs vies...
Siri Hustvedt nous convie à un voyage à travers les régions inquiétantes de l'âme : bouleversant, ambigu, vertigineux, Tout ce que j'aimais est le roman d'une génération coupable d'innocence qui se retrouve, vingt ans plus tard, au bout de ses rêves.
J’ai beaucoup aimé ce roman, particulièrement le dernier tiers. Beaucoup d’humanité se dégagent de ces pages, avec tout ce qu’elle a de meilleur et de pire : amitié, amour, créativité, générosité, empathie, accompagnement mais aussi deuil, mensonge, manipulation, déchéance et vice.
Un très bon roman sur la perte et la question d’identité. Qui sommes-nous ? Comment devenons-nous ce que nous sommes ? Quel est le poids de notre héritage familial ? Quelle responsabilité avons-nous en tant que parents ou proches dans cette construction identitaire ? Beaucoup de questions sans réponses simples ni définitives tant la complexité du cheminement de l’homme dans la construction de son identité est grande et difficilement appréciable.
Roman sur la culpabilité mais aussi sur ces moments très délicats que sont ces points de non-retour dans une vie : il y a des événements qui font qu’aucun retour en arrière n’est possible, de gigantesques carrefours qu’on n’attendait pas s’ouvrent à nous et nous voilà bien obligés de nous y engouffrer sans trop savoir où cela nous mènera. Travail difficile qui consiste dans un premier temps à accepter cette perte de contrôle et ces moments d’égarements, tout en essayant de se reconstruire petit à petit.
« Tout ce que j’aimais » est mon roman préféré de l’auteur à ce jour. Et pourtant ce n’était pas gagné d’avance tant il peine à prendre son envol et prend son temps, mais cela vaut la peine de s’accrocher tant la diversité des thèmes abondent et la manière délicate d’y toucher finit véritablement par nous transporter. Je retiendrai surtout de ce roman une belle sensibilité et sa belle humanité.
Tout ce que j’aimais de Siri Hustvedt , Éditions Actes Sud, Collection Babel, août 2013
vu ton commentaire c'est un livre qui fait diablement envie, mais peut être qu'il faudra très longtemps pour le lire et surtout comprendre les questions qu'il pose; on ne lit pas pareil non plus suivant l'âge....j'ai mis quarante ans pour arriver à faire un site avec les écrits d'un homme que mon père m'avait donné envie de connaitre et aujourd'hui je découvre toujours des choses nouvelles dans ce qu'il a écrit.
RépondreSupprimerC'est la raison pour laquelle j'aimerais plus souvent revenir vers des lectures que j'ai beaucoup aimées dans le passé. Parce que je ne suis plus la même, parce que j’ai acquis plus de connaissances, plus d'expériences, ce que je relirai aura donc forcément des résonnances différentes, et pourtant je retrouverai également des résonnances similaires, car si je suis différente, je suis restée malgré tout la même : mon identité a toujours ses mêmes fondements, même si elle continue à se nourrir d’autres choses.
SupprimerDonc oui, on découvrira toujours de nouvelles choses dans la relecture d'un auteur et je regrette de ne pas revenir plus souvent vers un livre aimé. Je me souviendrai d’ailleurs toujours de la réponse de Simone Signoret à un journaliste, à la fin de sa vie : je n'ai plus de temps à perdre, alors je relis les auteurs que j'ai aimés. Et je crois que je ferai de même à un moment de ma vie :-)