mardi 20 décembre 2011

L'Enfance d'Ivan d’Andreï Tarkovski



Nous sommes en pleine deuxième guerre mondiale. Le jeune Ivan, 12 ans à peine, ne vit plus que pour venger la mort de sa mère, tuée par les allemands en allant au puits. Il rejoint le front russe pour servir sa cause, s’infiltrant au risque de sa vie à l'intérieur des lignes allemandes pour fournir de précieux renseignements.

L’enfance d’Ivan est le premier long métrage d’Andreï Tarkovski (1962) et tout l’univers du réalisateur est déjà présent dans ce premier film : l’enfance meurtrie, la mère et son absence, le deuil, la nostalgie et la perte de l’innocence, la nature sublimée, les scènes oniriques et des images de guerre (rappelons que Tarkovski n'avait que 14 ans à la fin de la seconde guerre mondiale).


Mais ce qui frappe surtout est cette omniprésence de la matière liquide dans ce premier film et dans son œuvre en général : cette pluie qui purifie et qui peut sauver des vies humaines, en effaçant les traces de pas laissées sur le sol pouvant trahir notre présence à l’ennemi, cette eau qui nettoie et désaltère les corps, cette surface réfléchissante tel un miroir, le marais comme passage entre deux rives, entre deux mondes, ce lieu d’entre-deux sur lequel on conduit son embarcation tel Charon conduisant les ombres errantes des défunts vers le séjour des morts.


Un film sur l’attente, l’enfance sacrifiée, l’enfant vengeur devenu monstrueux malgré sa blondeur angélique,  aussi sombre et maléfique que les événements qui ont précédé cette rupture, ce point de non-retour. Un enfant qui déstabilise, qui a déjà tout perdu que pour connaître encore la peur, un enfant qui pose question, à qui on s’attache malgré son étrangeté, un enfant qu’on voudrait protéger malgré lui. Un enfant déjà mort.


Je retiens aussi quelques images magnifiques comme cette forêt de bouleaux, ce lieu préservé et à l’écart de la folie de hommes, l’étreinte (forcée ?) d’un homme et d’une femme au-dessus du vide d’une tranchée.


Présence déjà de la cloche en fonte, des chevaux, des icônes religieuses, des arbres, des ambiances crépusculaires et des miroirs et autres surfaces réfléchissantes.


Une première œuvre qui annonce le grand Tarkovski à venir, ce réalisateur construisant ses films comme autant de prières et de méditations sur la nature et la conscience humaine.


Titre original : Ivanovo Detstvo
Réalisateur : Andrei Tarkovski
Acteurs : Nikolaï Burlyaïev, Valentin Zubkov
Origine : Russie
Genre : Drame
Année de production : 1962
Durée : 1h34

Note : 5/5


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