Quatrième de couverture
Par une froide nuit d’octobre, la jeune Ashley Cordova est retrouvée morte dans un entrepôt abandonné de Chinatown. Même si l’enquête conclut à un suicide, le journaliste d’investigation Scott McGrath ne voit pas les choses du même œil.
Alors qu’il enquête sur les étranges circonstances qui entourent le décès, McGrath se retrouve confronté à l’héritage du père de la jeune femme : le légendaire réalisateur de films d’horreur Stanislas Cordova – qui n’est pas apparu en public depuis trente ans. Même si l’on a beaucoup commenté l'œuvre angoissante et hypnotique de Cordova, on en sait très peu sur l’homme lui-même. La dernière fois qu’il avait failli démasquer le réalisateur, McGrath y avait laissé son mariage et sa carrière. Cette fois, en cherchant à découvrir la vérité sur la vie et la mort d’Ashley, il risque de perdre bien plus encore…
Jouant avec les codes du thriller, incluant dans son récit des documents, photographies, coupures de journaux ou pages web, Pessl nous entraîne dans une enquête vertigineuse autour de Stanislas Cordova et de sa fille, deux êtres insaisissables attirés par l’horreur et le mal.
L’inventivité de l’auteure et son goût indéniable pour les pouvoirs de la fiction font penser tour à tour à Paul Auster, Georges Perec, ou Jorge Luis Borges. Avec son style maîtrisé et ses dialogues incisifs, ce roman, sous l’apparence classique d’un récit à suspense, explore la part d’ombre et d’étrangeté tapie au cœur de l’humain.
Marisha Pessl aura mis sept années à peaufiner son deuxième roman, après la publication très remarquée de son premier roman, à savoir La Physique des catastrophes. J’avoue ne pas avoir fait partie de ceux qui ont crié au génie à l’époque de sa sortie, dans la mesure où j’ai terriblement ramé à la lecture de ce premier roman : abusant de digressions et de procédés littéraires artificiels, basé sur une construction très complexe, bourré de référence et d’érudition mais sans âme et ne générant aucune émotion en moi, ce roman me semblait plus clinquant que brillant, tant il finissait par sonner creux.
Mais je ne pouvais nier le fait que cette jeune femme semblait avoir un énorme potentiel et j’attendais donc son deuxième roman avec une certaine curiosité.
Et mon attente ne fut pas déçue car force est de constater que le style de Marisha Pessl a beaucoup évolué depuis lors. Par l’élaboration de son intrigue, à la construction beaucoup plus simple et à l’écriture plus aérée, Marisha Pessl nous convie à une enquête journalistique dans le milieu du cinéma. Miroir aux alouettes, art de l’illusion, du fantasme et de la transgression, objet de fascination, de mystification et de manipulation, toute l'intrigue tourne autour du légendaire réalisateur de films d'horreur Stanislas Cordova, qui manie avec brio la dissimulation et le goût du secret, et de sa fille Ashley Cordoba, retrouvée morte dans un entrepôt abandonné de Chinatown.
De quoi rendre culte ce grand maître des illusions, aux films underground et destinés à un public averti, composé de fans qui se reconnaissent et se regroupent volontiers entre eux, à l’instar des membres d’une secte occulte.
Il est intéressant également de constater que l’auteur met au centre de ce roman, tout comme dans son précédent d'ailleurs, une relation forte mais troublante et composée d'un ensemble d'attraction/répulsion entre un père charismatique et sa fille, jeune femme solitaire et orpheline de mère, précoce et virtuose.
Dario Argento |
De quoi rendre culte ce grand maître des illusions, aux films underground et destinés à un public averti, composé de fans qui se reconnaissent et se regroupent volontiers entre eux, à l’instar des membres d’une secte occulte.
Il est intéressant également de constater que l’auteur met au centre de ce roman, tout comme dans son précédent d'ailleurs, une relation forte mais troublante et composée d'un ensemble d'attraction/répulsion entre un père charismatique et sa fille, jeune femme solitaire et orpheline de mère, précoce et virtuose.
Une enquête initiatique très plaisante à lire par son côté ludique, mais qui lorgne plus du côté du roman noir qu’il ne l’aborde franchement. Et moins profond qu’un roman de Paul Auster ou Jorge Luis Borges, contrairement à ce qui est dit dans la quatrième de couverture. Malgré ces petits bémols, je lui attribue une bonne note pour le sujet abordé, à savoir le cinéma. Alors je ne vais pas bouder mon plaisir lorsque les deux univers se rencontrent, avec en filigrane la grande question du pouvoir de la création et de la fiction, ainsi que leurs formidables ancrages dans notre imaginaire. Et dans lequel le génie côtoie aussi une certainement forme de monstruosité quand il prend des allures de grand gourou, sans oublier celui de prédateur.
Hitchcock |
Et si vous avez la fibre cinéphile et appréciez le roman noir, je ne peux que vous conseiller le roman « La conspiration des ténèbres » de Theodore Roszak (1991). Un titre malheureusement trompeur tant il ne s’agit pas vraiment d’un thriller haletant mais d’un roman au contraire assez lent, obsédant et sinueux dans son intrigue. Il reprend pas mal de thèmes traités ici, tout en explorant d'autres, mais sur un mode plus sombre et délétère.
Intérieur nuit de Marisha Pessl , Collection Du monde entier chez Gallimard, 20-08-2015, 720 pages
☆☆☆½
Intérieur nuit de Marisha Pessl , Collection Du monde entier chez Gallimard, 20-08-2015, 720 pages
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