lundi 5 septembre 2016

Viva de Paddy Breathnach


A la Havane, Jesus est un jeune homme qui a appris à se débrouiller seul depuis le décès de sa mère et l’abandon de son père, ancien boxeur. Il coiffe les perruques d'artistes travestis du cabaret tenu par Mama. Lorsque ce dernier fait passer des auditions pour trouver un nouvel artiste, Jesus demande de lui laisser sa chance. Pendant ce temps, son père, sorti de prison, réapparait brutalement et n’accepte pas de voir son fils se produire sur scène. Jesus poursuivra son chemin en cherchant sa voie, tiraillé entre ses aspirations et les injonctions du paternel. 

On a déjà lu plus original comme scénario, mais le film dégage un tel charme qu’il est bien difficile de ne pas adhérer à la proposition du réalisateur, qui a su capter l’atmosphère de la capitale cubaine avec une certaine authenticité. En faisant l’économie de plans larges (il y en a mais très peu), il arrive par exemple à saisir la pauvreté et la lutte quotidienne pour survivre des plus humbles en restant au plus près de ses personnages, ne filmant la plupart du temps que des intérieurs dépouillés aux murs délabrés, qui contrastent fortement avec les visages fardés des travestis. Des personnages comme enfermés dans des lieux clos, mais le réalisateur prend toujours le soin de filmer une fenêtre ou une porte de sortie vers l’extérieur, offrant des lieux de passages de l’ombre vers la lumière, à l’image de ces artistes qui quittent les coulisses pour rejoindre la scène sous les yeux du public. J’ai aimé la symbolique des prénoms : Jesus, le fils qui doit apprendre à ne plus se sacrifier pour les autres, Angel, le père qui disparait et réapparait comme par enchantement, et Mama, la figure maternelle par excellence. J’ai aimé les chansons cubaines, qui ne parlent que d’amour, de sacrifice et de souffrance, chantées avec ardeur et passion. J’ai aimé la solitude des personnages. Mais ce n’est pas une solitude qui enferme, car il y a toujours ce mouvement de générosité qui pousse à aller vers l’autre, à l’aider et à le soutenir. J’ai aimé aussi l'attention portée sur la préparation des corps, celles qui précèdent l’entrée sur scène, mais aussi l’ultime, celle qui accompagne le dernier voyage. Enfin, j’ai aimé l’interprétation des acteurs, aux rôles terriblement casse-gueule car tellement archétypaux, et qui pourtant donnent à leurs personnages une consistance vraiment étonnante.

Lire les avis tout aussi positifs de Tina et Pascale.




Réalisateur : Paddy Breathnach
Acteurs : Héctor Medina, Jorge Perugorría, Luis Alberto García, Mark O'Halloran
Origines : Cuba, Irlande
Année de production : 2015
Date de sortie en Belgique : 31/08/2016
Durée : 1h40

6 commentaires:

  1. Ah Jesus !!! Ah Mama !!! Ah Angel !!!
    Que d'amour que d'émotion.
    Merci de me remettre en mémoire ce trio dans une journée de MERDE !!!

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    1. J'espère que cette journée n'est plus qu'un mauvais souvenir à présent ;)

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  2. Ouiii quel bijou ce film ! Rien de révolutionnaire et pourtant on est touché tout le long, c'est bien bossé - bien vu pour les prénoms - et très bien interprété. :)

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    1. Au plus le temps passe, au plus j'aime ce film. Les acteurs sont tous très bons, mais celui que je préfère est l'acteur cubain Luis Alberto Garcia. Il est vraiment excellent dans le rôle de Mama.

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    2. Ooooh Mama je l'ai adoré !!! :D

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    3. Oui, j'ai lu ton billet après avoir vu le film et j'ai pu constater que tu avais aussi craqué pour Mama. C'est fou car lorsque tu fais une recherche sur l'acteur, il paraît tellement macho sur certaines photos et pourtant, il est vraiment incroyable dans le rôle de Mama. Quel acteur !

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