« Le cœur de Carson était souvent solitaire et se montrait chasseur infatigable pour ceux à qui elle voulait l’offrir, mais une telle lumière irradiait de ce cœur qu’elle en effaçait les coins d’ombre. »
Tennessee Williams
Ainsi commence la présentation de « Illuminations et nuits blanches », qui se divise essentiellement en trois chapitres.
Le premier chapitre revient sur son autobiographie inachevée, dictée
quelques jours avant sa mort, en 1967. Le titre « Illuminations et
nuits blanches » faisant référence à
l’enchaînement de bonheurs et de souffrances qui ont marqué sa vie.
Pourquoi cette autobiographie à l’approche de sa mort ?
« Les prochaines générations d’étudiants auront peut-être envie de savoir pourquoi j’ai fait telle ou telle chose, et j’ai envie de la savoir, moi aussi. J’ai été reconnue comme un écrivain presque du jour au lendemain. J’étais trop jeune pour comprendre ce qui m’arrivait et les responsabilités qu’entraînait cette reconnaissance. J’en ai éprouvé une sorte d’effroi sacré qui, associé à mes maladies, m’a pratiquement détruite. En me rappelant les conséquences que provoque le succès et en les racontant aux générations à venir, j’aiderai peut-être de futurs artistes à mieux le supporter. »
Carson décide donc de raconter sa vie avec ses mots à elle (on ne
retrouvera donc pas dans cette autobiographie son talent et sa griffe en
tant qu’écrivain qui ont fait sa renommée).
L’auteur de la préface, Carlos L. Dews, nous met toutefois en
garde : il semblerait que Carson n’ait pas pu s’empêcher de formuler des
distorsions et de fausses déclarations, donnant lieu à
un texte d’une parfaite franchise et d’une surprenant inexactitude. « Elle savait d’instinct ce qui était trop important pour être romancé et ce qui laissait libre cours à son
imagination. »
Le deuxième chapitre concerne la correspondance échangée avec
Reeves, à cette époque divorcé de Carson. Après deux années d’absence et
de silence, Reeves reprend contact avec elle peu après son
engagement en tant que Rangers sur le front qui fait rage en Europe
dans les années 44-45. Ces lettres sont le témoignage des liens étroits
les unissant : Reeves y parle de son quotidien et
de son amour pour Carson. S’amorcera ainsi petit à petit une
réconciliation qui aboutira à un second mariage, peu concluant et aussi
destructeur que le premier. Reeves se suicidera d’ailleurs
quelques temps après cette seconde séparation.
Cette partie m’a le moins enthousiasmée ; échanges intimes où je
n’avais pas ma place, impressions de voyeurisme, ennui aussi, j’ai
rapidement délaissé ce chapitre pour passer au suivant.
Le troisième chapitre rassemble trois nouvelles inédites où elle
exprime sa solidarité avec le peuple noir. Richard Wright disait qu’elle
était le seul écrivain blanc à être capable d’écrire sur
les Noirs. Ces courtes nouvelles, les dernières que Carson aient
écrites avant sa mort, étaient assurément ce qu’il y avait de mieux à
lire concernant ce livre.
En conclusion, « Illuminations et nuits blanches » est destiné avant tout aux fans de l’auteure.
Le fait que son œuvre romanesque emprunte beaucoup à son vécu et ses
expériences personnelles donne forcément envie d’en savoir plus sur sa
vie, ses relations amoureuses, ses amis, ses
dépendances… mais au fil de ma lecture, cette curiosité me semblait
de plus en plus superflue. Je préfère avant tout découvrir Carson
McCullers par le biais de ses romans et
nouvelles.
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