Raspal me l’avait fait jurer, l’autre jour, un peu avant de mourir :
- Tu l’écriras, ce livre, dis ?
J’ai fait le modeste, je lui ai dit que je n’avais pas belle instruction, ni le parler de ceux qui font les livres.
- Ca ne fait rien, tu l’écriras à ta manière.
- Personne ne croira ce que je dirai…
- Je suis témoin ! qu’il a crié, Raspal.
Il ne savait pas encore que la mort mangeait lentement ses reins. C’était notre dernière rencontre.
Et c’est ainsi que Clothaire, vieil homme solitaire, s’engage à devenir le garant de la mémoire collective du temps passé. C’est qu’il s’en est passé des choses exceptionnelles dans la contrée : pays de légendes, de sortilèges et de maléfices, lieu où la magie est « prête à surprendre les plantes, les bêtes, quelquefois les hommes », territoire tout remuant de mystères où se déroulera l’histoire de Reine, de Tristan, des Berluet et « du petit monde qui s’était dessiné dans un passé pas bien lointain, entièrement disparu aujourd’hui. » Clothaire est en effet plutôt bien placé pour nous raconter cette histoire, car s’il fut le témoin des événements passés, il fut également un de ses acteurs principaux !
- Tu l’écriras, ce livre, dis ?
J’ai fait le modeste, je lui ai dit que je n’avais pas belle instruction, ni le parler de ceux qui font les livres.
- Ca ne fait rien, tu l’écriras à ta manière.
- Personne ne croira ce que je dirai…
- Je suis témoin ! qu’il a crié, Raspal.
Il ne savait pas encore que la mort mangeait lentement ses reins. C’était notre dernière rencontre.
Et c’est ainsi que Clothaire, vieil homme solitaire, s’engage à devenir le garant de la mémoire collective du temps passé. C’est qu’il s’en est passé des choses exceptionnelles dans la contrée : pays de légendes, de sortilèges et de maléfices, lieu où la magie est « prête à surprendre les plantes, les bêtes, quelquefois les hommes », territoire tout remuant de mystères où se déroulera l’histoire de Reine, de Tristan, des Berluet et « du petit monde qui s’était dessiné dans un passé pas bien lointain, entièrement disparu aujourd’hui. » Clothaire est en effet plutôt bien placé pour nous raconter cette histoire, car s’il fut le témoin des événements passés, il fut également un de ses acteurs principaux !
Tout commence un bon matin de mai. Tristan, bel éphèbe généreux aux
cheveux longs sorti tout droit de la littérature médiévale, s’arrête à
Chompes, plus précisément dans la cour de la ferme des
Berluet, afin de demander la permission de se servir de son écuelle à
l’eau du puits de la ferme. Le propriétaire des lieux, Alphonse
Berluet, est une sorte d’inventeur un peu fou des
plus habiles. On se demande d’ailleurs bien où il va trouver ses
grandes idées : il a déjà réussi à faire fonctionner un tracteur avec de
l’alcool de prune, inventé la première machine au
monde capable d’éplucher des pommes de terre et même mis sur pied un
tribunal en plein air au village. Sa dernière invention en date est la
construction d’un avion, avion avec lequel il
compte bien prendre son premier envol très prochainement. « C’est
donc ainsi que Tristan fut retenu à Chompes pour deux jours. Tout de
suite, il avait gagné l’amitié des Berluet qui le
traitèrent comme un fils ». Mais lorsque, devant les trente
personnes invitées dans la cour, Alphone s’élance pour son premier
envol, l’essai ne se passe pas tel qu’il l’avait imaginé…
laissé pour mort, inerte et sans conscience, le voilà plongé dans un
coma irréversible.
La médecine étant impuissante à le guérir, un seul espoir demeure :
faire appel à la magnifique Reine, une rebouteuse-guérisseuse des plus
talentueuses qui fait chèrement payer ses
services. C’est que Reine doit payer un lourd tribut à un être de
fumées, une sorte de diable commerçant pour conserver sa beauté…
Je n’en dirai pas plus. Sachez simplement qu’Adamek est un conteur et un poète.
Le fusil à pétales est tour à tour un conte baroque, un chant
courtois médiéval romantique, une farce, une fable féerique, burlesque
et rocambolesque. Merci Larkane pour cette très agréable
découverte !
Le fusil à pétales a obtenu le prix Rossel en 1974.
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