vendredi 4 janvier 2013

Les Choses de la vie de Claude Sautet


Adaptation du roman homonyme de Paul Guimard datant de 1967, Claude Sautet réalise en 1969 le film « Les Choses de la vie » qui marque un tournant dans sa filmographie tant il change de style par rapport à ses précédents films. Style qu’il confirmera par après avec notamment "César et Rosalie" et "Vincent, François, Paul... et les autres" etc
 
Pierre Bérard (Michel Piccoli) est victime d’un grave accident de voiture. Dans le coma, gisant au bord de la route et en attente des secours, cet architecte d’une quarantaine d’années revoit son passé en accéléré. Séparé de son épouse Catherine Bérard (Lea Massari), il vit un tournant dans sa relation avec Hélène Haltig (Romy Schneider), jeune femme dont il est tombé amoureux et pour laquelle il s’est séparé de sa femme et de son fils. Et nous assistons aux derniers événements qui précèdent cet accident, agrémentés de ces petites choses de la vie, ces moments de joies et de bonheur mais aussi de peines de toute une vie.
 
Un film qui n’a pas pris une ride tant le sujet reste d’actualité : comment reconstruire sa vie lorsqu’on se souvient avec acuité des moments de bonheur passés en famille, comment concilier l’amour d’une femme et son devoir paternel, comment continuer à insérer dans sa vie un ami de toujours (joué par Jean Bouise, grand spécialiste des seconds rôles tant il arrive à donner une épaisseur à ses personnages en quelques plans à peine) avec qui on a partagé tous ses moments de bonheur en famille alors qu’il demeure un étranger pour sa nouvelle compagne. Et puis tous ces moments de joies simples partagés dont il reste un sourire, un regard, un geste. Un film sur le doute, les hésitations, la fuite, sur l’amour filial, fraternel, conjugal mais aussi l’amour qui dévaste tout et qui fait dévier la trajectoire d’une vie. Tous ces manques, ces non-dits, cette difficulté de vivre une nouvelle histoire d’amour lorsqu’elle s’inscrit dans une vie déjà bien construite et qui demande de grands sacrifices pour voir le jour.
 
J’ai beaucoup aimé ce film qui arrive à nous délivrer tant de choses essentielles de la vie par petites touches, mine de rien, petites touches qui finissent par nous étreindre et nous émouvoir véritablement. Un final qui peut nous laisser dans une certaine tristesse mais une belle scène avec Lea Massari qui donne un éclat de lumière tant son dernier geste est généreux et essentiel. On a presque envie de l’embrasser pour le coup. Car malgré la séparation, c’est le geste d’une épouse qui pense avant tout à honorer la mémoire de son mari, geste de réconciliation et de bienveillance. C’est beau et c’est aussi ça l’amour. Un film qui touche et qui bouleverse, tout en finesse. Et des acteurs excellents. A voir ou à revoir.
 
Anecdotes :
  • Le tournage de la séquence de l'accident dura dix jours
  • Un remake de ce film existe, tourné en 1994 : Intersection de Mark Rydell, avec Richard Gere et Sharon Stone
  • L’omniprésence de la cigarette sur tous les plans avec Michel Piccoli. Là pour le coup, le film date vraiment d’une autre époque 


Réalisateur : Claude Sautet
Acteurs : Michel Piccoli, Romy Schneider, Lea Massari
Origines : France Italie
Genre : Drame
Public : Tout public
Année de production : 1969
Durée : 1h35

Note : 5/5


D'autres films du réalisateur à découvrir également :

* César et Rosalie de Claude Sautet
* Max et les ferrailleurs de Claude Sautet
* Un mauvais fils de Claude Sautet


4 commentaires:

  1. Cinéaste magnifique, film tout autant, pour son récit, ses acteurs et cette mise en scène brillante. Le chef-d'oeuvre de Sautet peut-être, un chef-d'oeuvre sûrement.

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    1. J'aime beaucoup également ce cinéaste, et ce film est un de mes préférés, tant je le trouve juste, délicat et sensible. Je citerai également mes chouchous comme César et Rosalie ou Un mauvais fils, même si je les aime tous, excepté Quelques jours avec moi.

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  2. Je ne connais pas Un mauvais fils. En revanche Mado ou Un cœur en hiver sont aussi magnifiques.

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    1. Ils sont également très bons. Je te conseille vraiment Un mauvais fils, avec l'excellent Patrick Dewaere, que Claude Sautet a admirablement dirigé.

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