mercredi 3 décembre 2014

La Femme qui tremble, Une histoire de mes nerfs de Siri Hustvedt

La femme qui tremble est un essai dans lequel Siri Hustvedt nous parle de ce curieux phénomène de dissociation (tremblements et spasmes incontrôlables du corps alors que la parole et le raisonnement demeurent) qui l'assaille parfois lorsqu'elle prend la parole en public. La première manifestation de ce phénomène survient en 2005, lors d’un discours préparé en l’honneur de son père disparu deux années auparavant. Cet essai permet de partir de l'intime de l'auteur pour aller à la rencontre de concepts philosophiques, psychanalytiques, psychiatriques et neurologiques des maladies mentales afin de mieux cerner la nature de ce mal qui lui échappe.

C’est toute l’histoire de la pathologie mentale qui est revisitée, histoire dans laquelle la femme a souvent joué le rôle principal (cf l’étude de l’hystérie ou ‘conversion’, moins connotée péjorativement). Il est beaucoup question de la femme, de la maladie mais aussi de l’affect et de l’identité : comment comprendre cette femme qui tremble, comment l’accepter et l’intégrer dans son identité avec humilité ?

Si elle aborde la souffrance et la solitude engendrées par la maladie, elle n’en oublie pas moins ses apports bénéfiques sur le potentiel créateur et imaginatif de certaines célébrités.

Un bel essai qui fait le point sur nos connaissances actuelles et les limites de ces différentes approches ‘scientifiques’ : la maladie est aussi ce que nous en faisons, avec toute la subjectivité que cela sous-entend. Un bel essai qui nous dévoile la fragilité et la sensibilité mais aussi le courage d’une femme qui tremble mais qui n'en continue pas moins de prendre la parole en public tout en poursuivant son travail d’écrivain.

La Femme qui tremble, Une histoire de mes nerfs de Siri Hustvedt,  traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Christine Le Boeuf, Éditions Actes Sud, Collection Babel, 11 janvier 2013, 288 pages.


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