samedi 8 octobre 2016

L'Autre rive de David Gordon Green

Undertow de David Gordon Green
Avec Jamie Bell, Devon Alan, Josh Lucas, Dermot Mulroney, Kristen Stewart
États-Unis, 2004

Deux jeunes frères, Chris et Tim, vivent avec leur père dans un bled paumé du sud des États-Unis. Orphelins de mère, leurs conditions de vie sont rudes et la fragilité du plus jeune, refusant de s’alimenter correctement mais mettant en bouche toutes les crasses qu’il trouve sur son chemin pour se faire vomir, pose question. Un jour débarque leur oncle Deel, tout juste sorti de prison et dont ils ne connaissaient même pas l’existence. Leur père propose à ce dernier de venir habiter chez eux, histoire de lui laisser le temps de se retourner. Mais l’oncle Deel convoite surtout l’or familial dont s’est approprié son frère, quitte à l’assassiner pour l’acquérir. Les deux enfants, témoins du meurtre de leur père, s’enfuient avec l’or, qui selon la légende familiale, serait maudit. Deel se lance à leur poursuite à travers le Mississippi.

Je n’avais jamais entendu parler de ce film ni ne connaissais le réalisateur David Gordon Green. Mais l’affiche, quelques extraits et la présence du jeune acteur britannique Jamie Bell, que j’aime bien, ont suffi à me donner envie de le découvrir. Et je n’ai pas été du tout déçue par le voyage, tant il mélange le récit d'apprentissage, le thriller, le road movie, le drame, mais également le conte et le mythe suite à l’apparition de l’oncle (qui prend volontiers les traits d’un ogre dévoreur d’enfants) ou la présence d’une légende familiale (l’or maudit). Le meurtre du frère n’est pas sans rappeler non plus un certain passage de la Bible, sans oublier le clou qui transperce le pied de Chris dans une des premières séquences du film. J’ai envie de dire que le personnage n’a jamais aussi bien porté son prénom qu’à ce moment-là, même si on sent bien que son tempérament n'en fera pas une victime sacrificielle consentante. Le film n’évite pas quelques lenteurs, surtout dans la deuxième partie, celle de la fuite des enfants à travers le Mississippi (j’ai failli écrire à travers l’Égypte, en référence au massacre des innocents), mais cela ne m’a pas gêné outre mesure. Outre un rythme qui s’essouffle dans le temps, on peut aussi lui faire le reproche de susciter bien peu d'émotion, comme de laisser en friche quelques pistes ou de proposer un final un chouia décevant. 

Une information qui a son importance : le réalisateur cite comme source d’inspiration le film Days of Heaven (Les moissons du ciel) de Terrence Malick, qui a d’ailleurs coproduit son film. On peut effectivement trouver une certaine filiation, même si je n’ai pas trop fait le lien, trouvant David Gordon Green bien moins messianique que Terrence Malick.  On pense aussi (mais de loin) au film La nuit du chasseur de Charles Laughton, bien qu'il ne se hisse jamais à sa hauteur. Est-il utile de vous préciser que l’acteur Jamie Bell est très bon dans ce film ? Petite surprise, l’apparition furtive de Kristen Stewart, encore toute jeunette.

Un film inquiétant, dur et cruel à la fois d’un réalisateur qui ne semble pas avoir concrétisé toutes les promesses qu'il a pu susciter. Mais je peux me tromper, n’hésitez pas à m’en dire plus si vous connaissez mieux que moi ce réalisateur. 





10 commentaires:

  1. De David Gordon Green, j'avais vu et relativement bien apprécié 'Joe' avec Nicolas Cage qui rappelle là qu'il reste un grand acteur même si ses dernières prestations laissent penser le contraire.
    ++

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    1. Ah mais oui, je me souviens de la sortie de ce film, pas vu car trop proche de ma vision de Mud de Jeff Nichols, que j'avais beaucoup aimé. Du coup, j'allais forcément les comparer, au détriment (enfin, je pense) du film de David Gordon Green. Et bien voici venu le temps de le voir je crois :)

      J'aime bien Nicolas Cage, malgré les choix hasardeux des dernières années. J'ai plus de mal avec ses différentes coupes de cheveux, sans parler de ses colorations plus que douteuses :D

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  2. Hello Sentinelle !

    Caramba ! J'avais l'occasion de voir le film et je l'ai laissé filer ! Ta chronique me donne quelques regrets... bon, partie remise à une prochaine fois.

    Je ne connais pas vraiment David Gordon Green, mais j'ai "Joe" dans mon viseur et je me dis qu'il est possible que ce soit une bonne pioche, comme le souligne notre ami Ronnie. Sur mon blog, tu pourras retrouver un autre de ses films, "Prince of Texas", franchement atypique, mais que j'avais trouvé un peu décevant. Une certaine langueur m'avait dérouté...

    Bon, pour résumer, je pense quand même qu'on tient là un réalisateur intéressant, dont il faudrait peut-être suivre les projets futurs. Cela change en tout cas des gros blockbusters que Hollywood balance par centaines chaque année...

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    1. Hello Martin !

      Ah dommage que tu sois passé à côté, car je l'ai effectivement vu à la télé, sur TCM plus exactement. Ils le repasseront peut-être encore ?

      Maintenant que tu le dis, je me souviens également de la sortie de "Prince of Texas" ! Je suis moins tentée par ce film que par "Joe", tant il me semble effectivement atypique (bien que cela ne me fasse pas peur, que du contraire) mais aussi - et surtout - pas totalement abouti.

      Ceci dit, et malgré mes quelques bémols pour "L'Autre rive", ce réalisateur a vraiment attisé ma curiosité. Comme toi, je pense qu'on tient là un réalisateur intéressant, et je vais dorénavant y être plus attentive dans le futur.

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  3. Je connais ce film de nom (essentiellement parce que je m'intéressais un petit peu à Jamie Bell) mais je ne savais pas ce que ça valait, surtout que ce réalisateur fait visiblement des films très différents. Mais je note ce film pour le voir définitivement.

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    1. Attention, ce film n’est pas parfait, il a ses qualités mais aussi ses défauts, et j’en cite quelques-uns. Mais on sent que le réalisateur a du potentiel. Remarque, ce film est sorti en 2004 et David Gordon Green n’a, me semble-t-il, toujours pas dépassé ses promesses. Aussi, j’ai regardé ce we son film plus récent, « Joe » (2013), et j'ai retrouvé quelques-uns des défauts déjà rencontrés dans « L’autre rive ». Notamment des lenteurs qui apparaissent dans la deuxième partie de ses films, conduisant à un relâchement de l'intrigue et un essoufflement de l'ensemble. Mais je trouve qu'il reste malgré tout un réalisateur à découvrir.

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    2. J'avoue ne pas bien connaître son travail, c'est donc difficile à dire :)

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    3. Oui, mais j'ai envie que tu l'apprécies bien Tina, alors je ne veux pas que tu mettes d'emblée la barre trop haut, alors j'attire ton attention sur ses défauts, mais en fait, j'aimerais que tu le vois comme moi, avec un regard "innocent" (ahahha je suis une petite comique moi des fois),enfin tu vois ce que je veux dire hein :-)

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  4. Rien d'extraordinaire, vu ce soir & me suis quelque peu ennuyé :(
    Dans une honnête moyenne pour ce qui me concerne.

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    1. J’ai quant à moi visionné son film « Joe » ce we, et j’ai été étonnée de retrouver quelques-unes des faiblesses dans la mise en scène du réalisateur qui étaient déjà bien présentes dans « L’autre rive ».

      Depuis, je me suis mieux renseignée sur ses autres films (Prince of Texas, Manglehorn) et ce sont souvent les mêmes critiques qui reviennent, à savoir les fameuses lenteurs qui peuvent ennuyer le spectateur. Le fait qu’on les retrouve systématiquement dans sa mise en scène au fil des années me fait dire que c’est une volonté de David Gordon Green d’utiliser cette rupture de rythme et ce languissamment pour exprimer quelque chose. Mais quoi exactement ? Étirer le temps pour marquer sa durée ? Introduite une sorte de réalisme ? Accorder plus de place à la psychologie des personnages ? Ne connaissant pas vraiment le réalisateur, difficile de trancher tant les options sont nombreuses.

      Perso, je ne vais pas non plus faire un éloge de la lenteur au cinéma mais si le film est riche en symbolique, cela ne me dérange pas : ce sont comme des respirations pendant lesquelles mon esprit se met à vagabonder, pour mieux ensuite revenir vers le film. Et j’apprécie cette liberté que m’offre le réalisateur. A l’inverse, je déteste les films surexcités qui me donnent la sensation d’étouffer. Ceci dit, dans ce cas bien précis, j’ai tendance à trouver que la lenteur chez David Gordon Green est plus une faiblesse dans sa mise en scène qu’une qualité. C’est sans doute aussi une des raisons qui font qu’il reste depuis des années ce réalisateur prometteur qui n’est toujours pas arrivé à concrétiser tout le potentiel qu’il semble détenir. Mais il est encore jeune, et il a du temps devant lui pour évoluer.

      Mince Ronnie, tu me balances deux phrases et je te réponds à n’en plus finir, de quoi me faire passer pour une incorrigible bavarde, ce que je ne suis pas dans la vie. Du moins, pas toujours. :D

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