Valentine de Marie Laurencin |
« Nos désirs vont n’interférant, et dans la confusion de l’existence, il est rare qu’un bonheur vienne justement se poser sur le désir qui l’avait réclamé. »
« Or, les souvenirs d’amour ne font pas exception aux lois générales de la mémoire, elles-mêmes régies par les lois plus générales de l’habitude. Comme celle-ci affaiblit tout, ce qui nous rappelle le mieux un être, c’est justement ce que nous avions oublié (parce que c’était insignifiant et que nous lui avions ainsi laissé toute sa force). C’est pourquoi la meilleure part de notre mémoire est hors de nous, dans un souffle pluvieux, dans l’odeur de renfermé d’une chambre ou dans l’odeur d’une première flambée, partout où nous retrouvons de nous-même ce que notre intelligence, n’en ayant pas l’emploi, avait dédaigné, la dernière réserve du passé, la meilleure, celle qui quand toutes nos larmes semblent taries, sait nous faire pleurer encore. »
La prisonnière de Marie Laurencin |
« Il n’y a pas d’homme si sage qu’il soit, me dit-il, qui n’ait à telle époque de sa jeunesse prononcé des paroles, ou même mené une vie, dont le souvenir ne lui soit désagréable et qu’il souhaite être aboli. Mais il ne doit pas absolument le regretter, parce qu’il ne peut être assuré d’être devenu un sage, dans la mesure où cela est possible, que s’il a passé par toutes les incarnations ridicules ou odieuses qui doivent précéder cette dernière incarnation-là »
« Bien que ce mensonge fût, Andrée me connaissant si peu, fort insignifiant, je n’aurais pas dû continuer à fréquenter une personne qui en était capable. Car ce que les gens ont fait, ils le recommencent indéfiniment. »
Les jeunes filles de Marie Laurencin |
« Si, en ce goût de divertissement Albertine avait quelque chose de
Gilberte des premiers temps c’est qu’une certaine ressemblance existe,
tout en évoluant, entre les femmes que nous aimons successivement,
ressemblance qui tient à la fixité de notre tempérament parce que c’est
lui qui les choisit, éliminant toutes celles qui ne nous seraient pas à
la fois opposées et complémentaires, c’est-à-dire propres à satisfaire
nos sens et à faire souffrir notre cœur. »
À l'ombre des jeunes filles en fleurs de Marcel Proust, deuxième tome de À la recherche du temps perdu, Éditions Gallimard pour la première publication en 1919. Ce roman reçoit la même année le Prix Goncourt.
A lire également :
* Extraits : Du côté de chez Swann de Marcel Proust
Ah, que ces choses-là sont bien dites, merci Sentinelle. C'est peut-être ce que je préfère dans La Recherche, ces observations d'une grand finesse psychologique qui émaillent le récit. Plus que cinq tomes ! :D (attention le prochain, Le Côté de Guermantes, est le plus mondain de tous, avec une scène de diner de 150 pages qui m'avait éloigné de Proust plusieurs années)
RépondreSupprimerStrum
Marcel Proust est un fin psychologue, doublé d'un grand mélancolique : j'ai rarement lu un auteur qui parlait aussi bien des illusions de l'amour. Un grand jouisseur également, de par sa sensibilité, son imagination, sa curiosité. Ah le pouvoir de l'imaginaire ! Bon, me voilà donc arrivée à ce fameux tome dans lequel se retrouve ce fameux passage de 150 pages. Il me fait un peu peur ce passage, j'avoue...
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