vendredi 28 octobre 2016

Boris sans Béatrice de Denis Côté

Boris sans Béatrice de Denis Côté
Avec James Hyndman, Simone-Elise Girard, Denis Lavant
Canada, Québec - 2016


Boris est un homme beau, riche et intelligent. Il est aussi un homme vaniteux, orgueilleux et fier. Boris aime sa femme Béatrice, ministre au gouvernement du Canada mais clouée au lit victime d’une mystérieuse dépression. Pour fuir son quotidien, il entretient une relation avec sa collègue Helga, tout en se rapprochant de la jeune domestique de la maison, Klara, qui prend soin de sa femme. Boris vit couper des siens. Si sa femme est devenue mutique, il n’a pas non plus de bonnes relations avec sa mère, qui vit dans une pension de luxe pour personnes âgées, ni avec sa fille, qui possède également un fort tempérament. Convoqué par une étrange lettre à un rendez-vous nocturne, l’apparition soudaine d’un inconnu va obliger Boris à se confronter à ses certitudes…


La genèse du film vient d’une interrogation du réalisateur : suis-je une bonne personne ? Réponse dans ce film quelques mois plus tard, qui se distingue des films précédents du réalisateur québécois dans la mesure où il nous avait jusqu’ici habitué à mettre en scène des personnes que nous pourrions appeler les laissés-pour-compte de la société. Des personnages qui n’y trouvaient pas leur place et construisaient leur vie à l’écart, même si un événement, une angoisse diffuse ou un inconnu surgissait toujours à un moment ou un autre pour modifier la donne. Des personnages peu à l’aise dans la communication verbale, des films où les silences, l'incommunicabilité et les non-dits occupaient une place centrale.

Tout le contraire avec Boris sans Béatrice, puisqu’il nous confronte à un milieu bourgeois fortuné, même s’il demeure aussi en quelque sorte hors norme et comme à l'écart du commun des mortels par cette richesse et cette opulence. Des personnes qui maitrisent parfaitement le langage (ce qui n'évite pas pour autant les silences et un mode de communication défaillant entre les membres de la famille), toutes très belles et très propres sur elles, des riches qui ont des problèmes de riches, empêtrées dans leurs petites ou grandes névroses.

Denis Côté réalise sans doute ici son film le plus accessible, même s’il distille toujours un certain malaise et une étrangeté qui lui sont maintenant coutumiers, tout en empruntant un ton non dénué d’ironie. Une jolie réussite pour un film qui m’a convaincue, porté par un casting international de très bonne facture, quasi tous inconnus de nous, européens. A l’exception de Denis Lavant qui nous fait son Denis Lavant, mais il le fait si bien aussi. Un mot encore sur l’excellent comédien qui interprète le personnage Boris Malinovsky, James Hyndman, un acteur canadien né en Allemagne de l'Ouest et qui est surtout reconnu dans son pays d’adoption pour ses prestations théâtrales. Il a une telle prestance, un tel charisme et une si belle voix qu’il est tout bonnement impossible de le détester, même s’il joue un personnage qui a tout pour l’être.

J’ai vu ce film dans le cadre du Festival International du Film Francophone de Namur 2016. Il faisait partie des films de la compétition officielle du festival, où Denis Côté était l'un des invités.

Je vous renvoie à ces liens pour en savoir plus :

* Présentation du FIFF 
* Interview du réalisateur québécois Denis Côté au FIFF 

Présent au festival, Nicolas Gilson, chroniqueur du site Un grand moment de cinéma... ou pas, a également beaucoup aimé le film. Extrait de sa critique :

Témoignant tout à la fois d’une grande liberté et d’une réjouissante inventivité, Denis Côté nous convie avec BORIS SANS BEATRICE à vivre une expérience singulière. Vertigineux et hypnotisant, le film ouvre une porte vers la pure fantasmagorie tout en mettant en question ce que d’aucuns – à l’instar de nos sociétés et nos organes de pouvoir – considèrent comme l’accomplissement de soi. Subjuguant.

James Hyndman

Vous trouverez mes commentaires sur deux autres films du réalisateur, en cliquant sur les liens correspondants :



2 commentaires:

  1. Ah j'espère qu'il va sortir ici. Tu donnes envie.

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    1. Denis Côté propose toujours un cinéma bien à lui, j'espère qu'il rencontrera son public ! Je n'ai aucune idée si tu vas l'aimer ou pas, tu nous diras si tu as l'occasion de le voir.

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