mardi 25 juillet 2017

Okja de Bong Joon-ho

Okja de Bong Joon-ho
Avec Seo-Hyun Ahn, Tilda Swinton, Jake Gyllenhaal, Paul Dano
États-Unis, Corée du Sud.  Date de sortie : 2017

C'est un film sur la perte de l'innocence d'une petite fille (Seo-Hyun Ahn) qui s'est toujours occupée avec amour d'Okja, un énorme cochon transgénique. Jusqu'au jour où la vilaine Lucy Mirando (Tilda Swinton), directrice de la multinationale Mirando (un géant de l’agro-alimentaire, de Monsato à Mirando, il n'y a qu'un pas), décide de se réapproprier son bien pour mieux le transformer, à l'aide de ses congénères, en saucisses industrielles afin d'enrayer une bonne fois pour toute la faim dans le monde (et s'en mettre plein les poches par la même occasion). Mais c'était sans compter sur la volonté inébranlable de Mija, qui se lance dans un véritable périple pour sauver son cher et tendre cochon et le ramener à la maison. Elle croise sur sa route un groupe d'activiste de la cause animale... 

Nous retrouvons toute la palette du réalisateur déjà présente dans The Host, qui arrive une nouvelle fois à mélanger les genres avec une aisance déconcertante : l'aventure, l'action, le suspens, le fantastique, la satire anticapitaliste, le conte, le drame, la farce, le burlesque... nous sommes aussi bien dans un film engagé que familial, politique ou écologique. Un film sur la dénonciation de l'exploitation animale, sur la manipulation de l'opinion publique et sur la société de spectacle, oui, bien sûr, mais aussi et avant tout un film de divertissement, avec cette volonté de toucher le plus large public possible. On admire la virtuosité du réalisateur, aussi à l'aise dans les scènes bucoliques du début que dans les scènes d'action et de poursuite. Si je ne devais relever qu'un seul bémol, ce serait cette comparaison malheureuse qui vient à l'esprit lorsqu'on assiste à l'une des dernières scènes de l'abattoir, qui fait inévitablement penser aux camps d'extermination de la seconde guerre mondiale. Là, pour le coup, j'ai vraiment été mal à l'aise, tant j'ai trouvé le parallèle indélicat et mal venu. Mais pour le reste,  à l'exception de quelques petits moments de faiblesse ici ou là, ce film est d'une efficacité assez redoutable. 


Du même réalisateur, sur ce blog :


9 commentaires:

  1. J'ai vu ce film avec ma mère et elle a la même réflexion que toi sur le camp de concentration. Je trouve que c'est quand même bien trouvé dans le sens où les deux étaient livrés à la mort, que ce soit des êtres humains ou des animaux c'est la même chose, c'est inhumain et totalement barbare de faire ça. Après c'est sûr qu'on est éduqué dans le sens où manger de la viande ce n'est pas gênant mais on ne pense à ce qu'il y a derrière. Dans le même style il y a un livre magnifique : Défaites des maîtres et possesseurs de Vincent Message.

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    1. Je comprends qu'on puisse avoir de la compassion autant pour les animaux que pour les êtres humains (nous sommes tous des êtres vivants) mais quand je pense aux personnes qui vont voir ce film et qui ont perdu une partie ou toute leur famille dans un camp de concentration, voir cette comparaison avec des cochons, aussi transgéniques qui soient, c'est choquant, en tout cas en ce qui me concerne. Ceci dit, cette scène dans le film est réussie sur le plan cinématographique, mais je vois au-delà et là, ça coince pour moi. J'ai lu également Défaites des maîtres et possesseurs de Vincent Message (mais j'ai encore préféré son précédent, dans un tout autre registre). Je te le conseille, si jamais tu ne l'as pas encore lu : Les veilleurs de Vincent Message. Un roman très étrange mais très original : http://livresque-sentinelle.blogspot.be/2013/12/les-veilleurs-de-vincent-message.html

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  2. La fin ne m'a personnellement pas gêné. J'ai en revanche été plus gêné par le côté excessif de la satire et par le jeu assez insupportable de Jake Gyllenhaal. Même si l'exceptionnel talent de metteur de Bong n'est pas à cause (quelle course-poursuite fabuleuse à Séoul !), à mon avis il s'agit de son moins bon film.

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    1. On peut effectivement être gêné par le jeu extrêmement caricatural de Jake Gyllenhaal ou de Tilda Swinton. Pas trop de mal en ce qui me concerne, avec un côté très cartoon totalement assumé. J'aurais beaucoup de mal à classer ses films, je crois que je les aime bien tous en fait :-)

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  3. Pas de bras, pas de chocolat.
    Pas de Netflix pas D'Okja...

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    1. Pas de Neflix, mais ça ne m'empêche pas de voir Okja...

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  4. Okja n'est pas pour moi le meilleur film de son réalisateur et effectivement sa démonstration manque parfois de subtilité (et effectivement le rapport avec les camps : je vois où il veut en venir sur la cruauté des hommes envers les animaux mais c'est assez louche pour ceux qui ont été dans les camps - même si dans un sens on les a aussi comparés à des animaux). Et Gyllenhaal en fait des toooonnnnnnes ! Mais cela, l'ensemble m'a quand même plu, la réflexion reste pertinente, y a de l'émotion, on s'ennuie pas, la mise en scène est belle, le film est nécessaire et actuel.

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    1. Gyllenhaal en fait des tonnes et reste donc très cartoonesque j'ai envie de dire, un archétype de la connerie, de la prétention, de la bêtise, de l'avidité d'être célèbre. Mais ça ne m'a pas trop dérangée. Je trouve que le film est quand même très réussi, car même s'il reste au niveau du divertissement, la fin est loin d'être idyllique : la petite fille sauve son cochon à prix d'or et puis s'en va, laissant derrière elle les milliers d'autres qui connaîtront un destin funeste. On reste dans une démarche individualiste et capitaliste finalement, tout s'achète, même la liberté de son cochon. Les autres, ben c'est bien malheureux mais tant pis pour eux. La comparaison avec les camps est je trouve très forte mais quand même déplacée, en ce qui me concerne. Reste que ce passage traite à lui seul de l'antispécisme, mais inversé en quelque sorte : ne faites pas aux animaux ce que vous avez fait aux humains. C'est très fort quand j'y pense, mais euh dérangeant dans sa démonstration.

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  5. Effectivement, tous les personnages, y compris la môme (même si on se demande ce qu'elle aurait pu faire), sont discutables. Je comprends vraiment ce qui te dérange dans la scène du camp de concentration : on voit où ça veut en venir (et effectivement l'inversement est hyper intéressant) mais c'est mal amené et dérangeant.

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