Lilith (Jean Seberg), au prénom très évocateur puisqu’il fait référence
au mythe du démon dévorateur et tentateur, est une patiente internée
aussi belle que désirable.
Femme tentatrice et fragile à la fois, à l’appétit sexuel insatiable,
elle ne peut s’empêcher de séduire les hommes, les femmes et même les
petits garçons qu’elle croise lors de ses sorties
autorisées.
Vincent Bruce (Warren Beatty), ergothérapeute fraîchement engagé à
l’hôpital psychiatrique dans lequel elle réside, ne résiste pas
longtemps au charme de cette jeune femme qui telle une plante
vénéneuse se révèle toxique à celui qui ose la consommer.
Une scène particulièrement explicite reprend d'ailleurs ce thème de
la végétation potentiellement toxique que Lilith croque à pleines dents
par provocation.
Le personnage de Lilith est évidemment des plus intéressants mais
celui de Vincent Bruce l’est tout autant : au lieu d’apporter son
soutien et son aide à Lilith, c’est Lilith qui révèlera les
fêlures de Vincent. Et elles ne sont pas en reste, sortant de la
guerre de Corée et orphelin ayant perdu très jeune sa mère atteinte de
maladie mentale.
Tous les personnages semblent en fait enfermés, comme privés de liberté et de mouvements, et de nombreux plans soulignent bien cet aspect du film, comme s’il y avait d’un côté les enfermés dedans mais aussi tous les autres, les enfermés dehors, ceux dont les failles sont plus ou moins cicatrisés mais qui ne sont pas à l’abri d’une déchirure plus vive.
Tous les personnages semblent en fait enfermés, comme privés de liberté et de mouvements, et de nombreux plans soulignent bien cet aspect du film, comme s’il y avait d’un côté les enfermés dedans mais aussi tous les autres, les enfermés dehors, ceux dont les failles sont plus ou moins cicatrisés mais qui ne sont pas à l’abri d’une déchirure plus vive.
Ce qui donnera lieu d’ailleurs à un très beau final en gros plan sur le
visage de Vincent Bruce dégoulinant de sueur mais je n’en dirai pas
plus.
Film sur la folie, la passion amoureuse, la complexité des
sentiments et les fêlures, sans oublier de subtils portraits de
personnes en souffrance dans lequel s’invite parfois une certaine poésie
des images. Et ce n’est pas un hasard si un patient, féru de Fiodor
Dostoïevski et faisant référence à ses deux romans phares que sont «
Crime et châtiment » et « Les frères Karamasov », pose des
questions à Vincent sur ce qu’est la vertu et la moralité avant
d’aborder pleinement le sentiment de culpabilité et les regrets dans le
derniers tiers du film. L’inceste paraît également en
filigrane, par Lilith et son jeune frère suicidé mais aussi par la
trouble ressemblance de Lilith et de la mère de Vincent. Importance du
double, des images qui se reflètent dans l’eau, des jeux
de miroir. Un très beau film à plusieurs niveaux. Sans oublier la
superbe photographie noir et blanc, la musique, la finesse du scénario,
l’interprétation des acteurs dont celle de Jean Seberg
(notons également la première apparition de Gene Hackman et un des
premiers rôles de Peter Fonda). Il y a de la poésie dans ce film,
certaines scènes bucoliques prenant parfois des expressions
oniriques proches de la rêvasserie. Un film que je recommande
chaudement.
Réalisateur : Robert Rossen
Acteurs : Warren Beatty, Jean Seberg, Peter Fonda, Kim Hunter
Origine : États-Unis
Genres : Drame, Romance
Public : Tout public
Année de production : 1964
Durée : 1h54
Note : 4/5
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