Synopsis
A Wismar, les habitants meurent par centaines d'un mal présumé être la peste. Cette hécatombe est en fait l’œuvre du vampire Dracula qui vient de s'établir dans une maison abandonnée de la ville. Personne ne peut enrayer l'épidémie, mais Lucy est prête à tout sacrifier pour venir à bout du monstre, au lever du jour.
Si la première partie du film est clairement dans la continuité de Nosferatu le vampire de Murnau, allant jusqu’à réaliser un remake de certaines séquences, le réalisateur Werner Herzog s’en éloigne progressivement en se l’appropriant plus volontiers, tout en rendant hommage au cinéma allemand de l'entre-deux-guerres comme en témoignent les thématiques du double et de l’hypnose et l’utilisation des ombres. On y décèle également une grande influence du romantisme allemand et du symbolisme, ainsi que de la peinture et de la mythologie moyenâgeuse (je vous renvoie à ce sujet à
ce billet).
Klaus Kinski campe un vampire assez hallucinant de laideur, dans une présence fantomatique tantôt désincarnée, tantôt animale dans son côté pulsionnel, ou au contrairement terriblement humaine lorsqu’il fait part de sa souffrance engendrée par une solitude cruelle due à sa condition de non-vivant sans amour à partager.
Un vampire finalement sensible et assez touchant, même s’il incarne par excellence la présence du mal en transmettant la peste aux habitants de la ville, causant de nombreux morts et conduisant à la déchéance si pas à une certaine décadence, notamment à travers les danses macabres se moquant du destin.
Un film très stylisé au niveau des sons ambiants, de la musique, des décors, des couleurs, de la mise en scène, des éclairages et même de la diction très particulièrement de Lucy, jouée par Isabelle Adjani. L’actrice donne en effet l’impression de réciter son texte comme si elle appartenait déjà dans les limbes de l’entre-deux, tout en empruntant une gestuelle assez excessive, faisant sans doute référence au cinéma muet.
Nous retrouvons également une thématique importante dans le cinéma de Werner Herzog, à savoir la présence d’une nature grandiose pouvant susciter une angoisse diffuse d’anéantissement.
Un film d’ambiance très poétique et languissant qui ravira les amateurs de peinture tant certains plans y font immanquablement penser.
L'avis de
Martin.
Titre original : Nosferatu Phantom der Nacht
Réalisateur :
Werner Herzog
Acteurs :
Klaus Kinski,
Isabelle Adjani,
Bruno Ganz,
Roland Topor
Origines :
Allemagne,
France
Année de production : 1978
Durée : 1h44
Sur le thème du vampire, à découvrir également :
*
Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch *****
*
Byzantium de Neil Jordan ***
*
Vampyr de Carl Théodor Dreyer *****
A propos de Nosferatu, fantôme de la nuit de Werner Herzog, à découvrir également :
*
Quelques références dans l'art et mises en parallèle
* Le cinéma muet en 1922 et quelques mots sur... Nosferatu le Vampire de Friedrich W. Murnau