vendredi 25 juillet 2014

Les Grandes espérances de David Lean

Synopsis

Un jour qu’il se rend sur la tombe de ses parents, Pip vient en aide à un évadé en volant de la nourriture chez ses tuteurs. Quelque temps plus tard, le garçon est conduit dans une étrange demeure où le temps semble s’être arrêté. Il y rencontre une sinistre vieille dame et sa jeune protégée, Estella, qui le fascine. Ces événements changeront à jamais la destinée de Pip… 

Cette adaptation de l’œuvre de Charles Dickens par David Lean est très respectueuse du roman et des caractères des personnages, même si les intrigues secondaires disparaissent dans ce long-métrage. L'atmosphère crépusculaire des marais et l'étrangeté du château de Miss Havisham donnent un cachet particulier au film, sans oublier l'interprétation des acteurs remarquable.

Une très belle adaptation donc, qui ne contient qu'une seule faute de goût, celle d'avoir choisi l'acteur John Mills pour interpréter le jeune homme Pip, ayant allégrement une bonne quinzaine d'années de plus que l'âge du personnage, ce qui malheureusement saute aux yeux du spectateur, qui a bien du mal à s'y habituer. Quel plaisir de découvrir le tout jeune Alec Guinness dans un de ses premiers rôles, bien éloigné d'Obi-Wan Kenobi dans Star Wars. Et la toute belle Jean Simmons, qui joue Estella jeune, et qui  n'avait que seize ans à l'époque du tournage.

Le film remporta l'Oscar en 1948 pour la meilleure direction artistique pour un film en noir et blanc et l'Oscar pour la meilleure photographie pour un film en noir et blanc.



Titre original: Great expectations
Réalisateur: David Lean
Acteurs: John Mills, Valerie Hobson, Jean Simmons, Alec Guinness 
Origine: Royaume-Uni
Année de production: 1946
Durée: 1h56

jeudi 24 juillet 2014

Penny Dreadful (Série TV)

Synopsis

Dans le Londres de l'époque Victorienne, Vanessa Ives, une jeune femme puissante aux pouvoirs hypnotiques, allie ses forces à celles d'Ethan, un garçon rebelle et violent aux allures de cowboy, et de Sir Malcolm, un vieil homme riche aux ressources inépuisables. Ensemble, ils combattent un ennemi inconnu, presque invisible, qui ne semble pas humain et qui massacre la population... 

Une fois n'est pas coutume, je vais vous parler d'une série TV que j'ai appréciée ces dernières semaines, à savoir Penny Dreadful, dont j'ai pu voir la première saison (8 épisodes). Se déroulant à Londres en pleine époque victorienne, cette série mélange les genres : gothique, fantastique, policier, un peu gore par moment, elle prend également son temps pour sonder la psychologie des personnages, qui sont assez nombreux. Une sorte de remake du Comic "La ligue des gentlemen extraordinaires" d'Alan Moore, dont je suis fan : on y retrouve les grandes figures de la littérature anglo-saxonne, à savoir Frankenstein, Dracula, Dorian Gray, Van Helsing... et la troublante Vanessa Ives (Eva Green), une médium qui semble être la proie d'un démon assez féroce. Eva Green est dans ce rôle absolument grandiose (il faut la voir lorsqu'elle entre en transe ou lors des scènes de possession). Une série qui m'a conquise, et si elle n'est pas exempt de défauts (quelques longueurs, trop de personnages et d'intrigues secondaires), ils sont largement rachetés par la qualité d'interprétation des acteurs et l’atmosphère étrange et soignée qui s'en dégage.  





La bande-annonce :



Créée par John Logan (2014)
Avec Eva Green, Josh Hartnett, Timothy Dalton
Nationalité Américaine
Genre :  Drame, Epouvante-horreur, Policier

mercredi 23 juillet 2014

Hever Castle, dans le Kent en Angleterre

Hever Castle fut édifié au XIIIe siècle. Il fut la propriété de la famille Boleyn, de 1462 à 1539. Henry VIII en devient le propriétaire après l’exécution de sa seconde épouse, la reine Anne Boleyn, suivi de la disgrâce de sa famille. Le roi l'offrit ensuite à sa quatrième épouse, Anne de Clèves. Hever Castle est aujourd’hui un haut lieu touristique d'Angleterre car il demeure l'un des rares édifices encore existants de l'époque d'Henri VIII. Les magnifiques jardins fleuris et arborés et autres dépendances font également le charme de ce château qui mérite bien le déplacement.

mardi 22 juillet 2014

BoyHood de Richard Linklater


Le réalisateur Richard Linklater a fait le pari fou de filmer l’histoire fictionnelle d’une famille sur une période de 12 ans. Pour ce faire, il demande aux comédiens et aux techniciens d'être disponibles pendant toute cette période, à raison de quelques jours par an, pour le tournage du film. Nous suivons donc le jeune Mason (Ellan Coltrane), un garçon sensible et songeur, à partir de ses 6 ans jusqu’à son entrée à l’université à l’âge de 18 ans. Mais nous assistons également à l’évolution de la famille au complet, principalement sa sœur Samantha (Lorelei Linklater) et leurs parents divorcés (Patricia Arquette et Ethan Hawke). 

Pari totalement réussi tant le réalisateur aborde, par strates successives, tous les petits et grands événements de l’existence qui façonnent une vie. Qu'ils soient intimes, familiaux, sociétaux, technologiques, culturels ou politiques.

Subtil, fin, intelligent, troublant et émouvant. Je n'en dirai pas plus mais ne loupez surtout pas ce film, qui ne raconte rien d'autre que le petit miracle d'une vie pas toujours en équilibre mais qui tente d'y parvenir. Comme vous et moi.



Réalisateur: Richard Linklater
Acteurs: Patricia Arquette, Ethan Hawke, Ellar Coltrane, Tamara Jolaine, Nick Krause
Origine: États-Unis
Genre: Drame
Année de production: 2014
Date de sortie en Belgique : 16/07/2014
Durée: 2h43

lundi 21 juillet 2014

L'Affaire de Road Hill House de Kate Summerscale

Quatrième de couverture

Au lendemain d’une nuit pourtant bien calme, Saville Kent, cinq ans, disparaît. Sous le choc, les habitants de cette grande demeure du Wilthshire doivent faire face à deux évidences : l’enfant a été assassiné et le meurtrier est forcément l’un d’entre eux. Aussitôt, les rumeurs vont bon train. La presse, alors en plein essor, en fait un large écho. L’ensemble de la nation se passionne pour l’affaire. L’enquête piétine jusqu’à ce que Jack Whicher, célèbre détective de Scotland Yard, prenne les choses en main.

L’Affaire de Road Hill House, effroyable meurtre non élucidé pendant plusieurs années d’un jeune enfant dans l’Angleterre des années 1860, avait défrayé la chronique à son époque. Kate Summescale ne se contente pas de reprendre le déroulement des événements et la description minutieuse des lieux et des personnes présentes lors du meurtre, mais nous livre une analyse fine de ce fait divers sanglant dans son contexte familial mais également sociétal. 

Vengeance, folie héréditaire ou passagère, liaison illégitime sont les tenants psychologiques éventuels de ce crime à l’époque victorienne, qui voit l’expansion étourdissante de la presse et des reportages criminels, au point où l’on s’inquiète déjà de l’infection et de la corruption potentielles que la description de ces horreurs pouvaient engendrer chez les lecteurs. Une sorte de contamination mentale faite de sexe et de violence que les articles de journaux se complaisent à décrire. C’est également l’époque des premiers détectives de Scotland Yard, qui inspireront des romanciers tels que Charles Dickens et Wilkie Collins. Ces nouveaux détectives, d’abord présentés comme de fins limiers ayant un sens de l’observation sans faille et une intuition sans pareille, seront peu à peu considérés non plus comme des champions de la vérité mais bien comme de sordides voyeurs qui font voler en éclat l’intimité et les secrets de famille des foyers de la classe moyenne victorienne, pour laquelle la maison était un espace totalement privé et exclusivement domestique. 

« Un meurtre tel que celui-ci pouvait révéler ce qui avait pris forme à l’intérieur du foyer claquemuré de la classe moyenne. Il apparaissait que la famille cloîtrée, tant vantée par la société victorienne, pouvait entretenir un refoulement nocif et nauséabond des affects, un miasme tant sexuel qu’émotionnel. Peut-être l’intimité était-elle une source de péché, la condition qui amenait le doux tableau domestique à pourrir de l’intérieur. Plus le foyer était clos, plus son univers intérieur était susceptible de se corrompre. Quelque chose s’était infecté à Road Hill House, pendant émotionnel de ces infections transportées par la voie des airs qui terrifiaient les victoriens.» 

Il n’empêche, violer la vie privée d’une famille devenait un crime (une révélation publique pouvait autant détruire une famille ou un de ses membres qu’un meurtre) et les investigations des détectives ne tardèrent pas à être assimilées à une succession d’agressions mentales ayant parfois de graves répercutions.

Nous apprenons également que beaucoup d’enfants naturels étaient supprimés par des femmes à bout de ressources à cette époque : en 1860, les journaux faisaient presque quotidiennement état d’infanticides. Les jurys montraient une certaine compassion tant ils préféraient les tenir pour dérangées plutôt que dépravées. Les nouvelles idées de droit et de médecine venaient d’ailleurs appuyer leur jugement : la règle McNaghten permettait par exemple d’évoquer depuis janvier 1843 « la démence passagère » devant les cours de justice.

L'Affaire de Road Hill House de Kate Summerscale  fut une lecture très intéressante à multiples points de vue. On peut parfois regretter quelques petites longueurs, notamment dans la description d'autres enquêtes élucidées par les détectives ou de trop nombreuses références aux diverses influences que ce fait divers eut sur l'imagination des écrivains de l'époque victorienne. Mais ce ne sont vraiment que de petits bémols tant l'ensemble était plaisant et se lisait sans relâche.



dimanche 20 juillet 2014

James Abbott McNeill Whistler (peinture)

James Abbott McNeill Whistler (11 juillet 1834 - 17 juillet 1903) est un peintre américain, lié au mouvement symbolique et impressionniste.


Neige à Chelsea de James Abbot McNeill Whistler, 1876
Huile sur toile, 47,2 × 62,5 cm
Cambridge (Massachusetts), Fogg Art Museum
Symphony in White, No. 1: The White Girl , 1862
National Gallery of Art, Washington
Arrangement in Grey and Black No.1 de James Abbot McNeill Whistler, 1871
Huile sur toile, 144.3 cm x 162.4 cm
Musée d'Orsay, Paris
Portrait of Whistler with Hat, 1858
Freer Gallery of Art, Washington
Nocturne in Black and Gold: The Falling Rocket, 1874
Detroit Institute of Arts
Whistler Symphony in White no 2, 1864
Tate Gallery, Londres
Nocturne: Blue and Silver - Chelsea, 1871
Huile sur toile, 50.2 x 60.8 cm
Tate Gallery, Londres
Nocturne Grey and Silver de James Abbot McNeill Whistler
Nocturne Grey and Gold – Canal, Holland
Note in Gold and Silver – Dordrecht
The Beach at Selsey Bill

samedi 19 juillet 2014

Le Grand Silence de Philip Gröning (Documentaire)


CINEMATEK@FLAGEY présente le réalisateur Philip Gröning, à l'occasion de la sortie de son dernier film, DIE FRAU DES POLIZISTEN, sorti en 2013. Une opportunité pour revoir son documentaire Le Grand Silence, qui a reçu quelques distinctions à sa sortie dont le Prix du cinéma européen 2006 pour le Meilleur documentaire et le Prix spécial du jury au Festival du film de Sundance 2006.

Ce film documentaire, d'une durée de 2h42min,  accompagne la vie de la communauté de l’ordre des Chartreux dans la maison-mère, à savoir  le monastère de la Grande Chartreuse, près de Grenoble, en pleine montagne. 


Cet ordre est un des plus rigoureux dans la mesure où les religieux observent un silence presque absolu : vivant seuls dans une cellule où ils prient, mangent, dorment et étudient, ils ne se rassemblent que pour les messes et autres offices. Pas de repas en commun donc, sauf le dimanche et les jours de fête. 

Une séquence dans lequel un moine pousse le chariot contenant tous les plats et boisons et s’arrêtant à chaque petit cassier des cellules, pour y introduite sa clé, ouvrir la porte et déposer la nourriture, fait d’ailleurs plus penser à un univers carcéral qu’autre chose. 




Il faut dire que l’enfermement y est peut-être encore plus stricte tant les activités communautaires et les sorties sont rares. C’est donc avec une grande émotion que nous assistons à quelques-unes d’entre-elles, lors d’une promenade, deux par deux, ou d’une sortie de neige absolument incroyable tant elle contraste fortement avec le reste du film. Contraste également entre la grandeur et la beauté des lieux communs, de la nature environnante aussi, et l'austérité et la petitesse des cellules.


Une façon aussi très différente d’appréhender la vieillesse, les épreuves de la vie et la mort : vieillir et être proche de sa fin, c’est surtout avoir la joie de retrouver son père, Dieu de miséricorde. 

Cette solitude et ce silence seront sans doute diversement appréciés par le public, il vaut donc mieux savoir à quoi s’en tenir avant de se lancer dans le visionnage de ce documentaire, tant il serait dommage qu'il se transforme en épreuve. Ce qui ne fut pas mon cas, trop intéressée à suivre ces hommes de foi pas comme les autres. Un documentaire qui pose plus de questions qu'il n'y répond par ailleurs. A méditer.



Documentaire
Date de sortie : 20 décembre 2006
Réalisé par : Philip Groning
 Durée : 2h42min
Année de production : 2005
Titre original : DIE GROSSE STILLE
Distributeur : Diaphana Films

vendredi 18 juillet 2014

Le Pouvoir de Hilary Mantel, tome deux de la trilogie Le Conseiller

Le Pouvoir, deuxième volet de la trilogie Le Conseiller, succède au premier volet qui s’intitulait Dans l’ombre des Tudors. Nous suivons la carrière du conseiller du Roi Henry VIII, Thomas Cromwell, de 1535 à 1536. Une période importante, entre le décès de Catherine d’Aragon, la destitution de la reine Anne Boleyn et les sentiments grandissants d’Henry VIII envers la jeune et sage Jeanne Seymour. 

Thomas Cromwell se voit confier une difficile mission, celle de condamner la reine Anne Boleyn et ses amants hypothétiques, pour laisser place au troisième mariage d’Henry VIII avec Jeanne Seymour, qui s’effectuera dix jours à peine après l'exécution d'Anne Boleyn. 

Thomas Cromwell n’a pas d’autre choix que de celui de répondre aux désirs du Roi, tout en sachant que l’échiquier du pouvoir s’en trouvera bouleversé en remettant la haute noblesse anglaise sur le devant de la scène politique, noblesse qui le déteste et ne désire qu’une chose, qu’il libère cette place tant convoité auprès du roi, lui qui vient de si basse extraction. 

Rivalités, jalousies, convoitises, mensonges. Aucun personnage ne suscite de la sympathie ni de l’empathie, ce ne sont que des pions sur l’échiquier du pouvoir. Hilary Mantel maîtrise bien son sujet et prend son temps pour développer les intrigues et les enjeux de l’époque. Une écriture plaisante mais un manque de souffle persiste malgré tout, même si la lecture fut plus aisée que celle du premier tome,  tant le lecteur est déjà familiarisé avec les nombreux personnages. 

 A défaut de trouver cette lecture passionnante, je l’ai toujours trouvé intéressante et instructive.

jeudi 17 juillet 2014

La bête s'éveille de Joseph Losey


Le psychiatre londonien Clive Esmond (Alexander Knox, acteur que nous retrouvons dans Les damnés de même réalisateur, l’accent écossais en moins) décide d’héberger à son domicile un malfrat  (Dirk Bogarde), qui vient de l’agresser. Pas vraiment pour faire œuvre de charité mais pour tenter une nouvelle expérience, celle de soigner par la parole en faisant remonter les souvenirs d’enfance. Si l’épouse du médecin est au départ hostile à ce projet, elle finit néanmoins par tomber amoureuse de ce mauvais garçon, menteur et incontrôlable.

Ce premier film anglais du réalisateur, signé sous un pseudonyme pour cause de liste noire et maccarthysme américain, brille essentiellement par la naïveté et la faiblesse de son scénario. Joseph Losey en parlera comme d’ « une espèce de livre de chevet pour mâle sénile », ni plus ni moins. Il faut dire que le budget alloué au film était absolument ridicule et qu’il n’avait pas vraiment les moyens de faire mieux à l’époque.

Pourtant les acteurs font ce qu’ils peuvent, notamment Dirk Bogarde, qui signe ici sa première collaboration avec le réalisateur et qu’on retrouvera par la suite dans d’autres films de Joseph Losey. La mise en scène n’est pas mauvaise non plus et le montage loin d’être déshonorant.

Les thèmes de la contamination mentale, du mal, de l’enfermement et de la manipulation se retrouvent bien mais seront nettement mieux traités dans le futur, dans une des œuvres majeures du réalisateur, à savoir The Servant, dans lequel on retrouvera l’excellentissime Dirk Bogarde.

A voir par curiosité mais un film dont on peut facilement se passer et qui a surtout constitué le point de départ à la carrière de réalisateur en Angleterre.



Titre original : The Sleeping Tiger
Réalisateurs : Joseph Losey
Acteurs : Dirk Bogarde , Alexis Smit,  Alexander Knox
Genre : Drame
Origine : Royaume-Uni
Année de production : 1954
Durée : 89 minutes


D'autres films du réalisateur à découvrir également :

* Mr. Klein de Joseph Losey
* The Servant de Joseph Losey
* L'Assassinat de Trotsky de Joseph Losey