Quatrième de couverture
Il règne autour des murailles du sinistre château de Myslocz une
atmosphère bien étrange. On raconte alentours qu’un trésor y serait
enfoui, que certaine pièces seraient hantées, que le
Prince, maître des lieux, serait frappé par la folie. Une « faune »
singulière gravite autour de ce lieu maudit et maléfique : une jeune
héroïne fatale, son double masculin
qui attire le mal comme un aimant, un savant trop naïf, un
secrétaire sans scrupule et un étrange mage…
Tous ces pions sont en place, certains sont littéralement
possédés par d’autres, ou par le mal dans sa plus pure essence. Ils
vont d’observer, se tromper, se haïr ou même s’aimer dans
un climat d’angoisse et d’épouvante. Quel est donc le terrible
secret qui peuple les corridors de Myslocz ?
Entre deux lectures intéressantes mais pas des plus rigolotes (
« Reflets dans un œil d’or » de Carson McCullers et « Le retour » d’Anna
Enquist ), j’avais envie
d’alterner avec quelque chose de plus léger et mon choix s’est posé
sur le roman « Les envoûtés » de Witold Gombrowicz.
Je ne connaissais absolument pas cet auteur mais après quelques
recherches sur le net, je me suis rendue compte que cet écrivain
polonais (1904-1969) était reconnu comme l’un des plus grands
auteurs du XXe siècle. C’est étrange mais « Les envoûtés » ne me semblait pas être une œuvre impérissable d’un grand auteur.
En fouinant un peu plus, je me rends compte que « Les envoûtés »
avait été publié à l’époque où le jeune Gombrowicz voulait écrire un
mauvais roman avant tout alimentaire et bien
populaire. Pari réussi puisque « Les envoûtés » sera publié en
feuilleton dans deux quotidiens polonais durant l’été 1939 en échange de
très bons honoraires. Je vous brosse en grandes
lignes les péripéties de ce roman qui faillit ne jamais voir le jour
dans la mesure où l’attaque allemande contre la Pologne conduira à
l’interruption de la publication des deux quotidiens
polonais. Il aura fallu attendre l’année 1986 avant de mettre la
main sur les trois derniers chapitres. Si cela ne tient pas du miracle…
rhu rhu...
« Les envoûtés » est un roman gothique et d’épouvante. Nous y
retrouvons tous lieux communs du genre : un château lugubre surgit du
brouillard et de la forêt, des dédales et
des souterrains pour y parvenir, des phénomènes de possession, la
présence d’un esprit malin, …
Mais il y a aussi d’autres éléments moins habituels comme l' analyse
psychologique qui conduit Witold Gombrowicz à s’interroger sur la
notion d’identité. L’analyse sociologique n’est pas en
reste : nous sommes en présence d’une société constituée de classes
cloisonnées qui ont bien du mal à se côtoyer tels que la grande et
moyenne noblesse déclinante, les demi-mondains
arrogants et les milieux populaires, société où l’ambition sociale
joue un rôle de première importance quels que soient les moyens
utilisés.
L'auteur a tout de même bien du mal à aller jusqu’au bout du genre
fantastique, le dénouement faisant appel à une rationalité de bon aloi.
« Les envoûtés » n'est donc pas une oeuvre majeure de l'auteur
(quelque longueurs, l’ensemble un peu décousu, quelques
invraisemblances) mais il m’a donnée envie d’en savoir
plus sur Witold Gombrowicz, à suivre donc !
A noter que ce n’est que quelques jours avant sa mort, en juillet
1969, que Gombrowicz revendiqua l’œuvre dans sa biographie : « Je suis
néanmoins porté à croire que cette idée de "mauvais
roman" fut l'apogée de ma carrière littéraire - jamais, ni avant ni
après, je n'ai conçu d'idée plus créatrice. »
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