mardi 27 mai 2008

Un roi sans lendemain de Christophe Donner

Christophe Donner, qui aime visiblement se mettre en scène dans ses romans, nous dit d'emblée qu'on lui donne une réputation d'ennemi du roman.
Il veut relever le défi qui consiste à nous parler de lui à la troisième personne, lui assurant ainsi une impression de libération et par la même occasion lui offrant l'opportunité de jouir d'une plus grande liberté de narration.

Nous voilà donc en présence de Henri Norden (anagramme de Donner – vous suivez toujours), auteur qui accepte d'écrire le scénario d'un film sur le jeune Louis XVII, fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette mort dans la prison du Temple à l'âge de dix ans, en 1795. Henri Norden nous fait part très rapidement de ses doutes quant à la réalisation du projet, nous parle de sa rencontre avec une femme qui se prénomme Dora, de ses ex-petits amis (sous-entend donc sa bisexualité), de ses rencontres concernant la préparation du film, du choix des acteurs, de son obsession pour les martyres et les exécutions macabres etc

Je dois bien avouer que la partie du roman consacrée à Henri Norden n'est pas vraiment celle qui a suscité le plus mon enthousiasme. Non seulement je n'étais pas très intéressée par le sujet mais j'ai eu du mal à comprendre le lien qui unissait les deux récits, celui de Norden et celui de Louis XVII, si ce n'est qu'elle permet de justifier une belle fin de roman lorsque Norden se recueille sur la relique de ce jeune roi sacrifié qui se retrouve enfin dans la crypte des rois de France, aux côtés des tombes de ses ancêtres (l'auteur nous contera d'ailleurs toutes les péripéties inimaginables de cette relique au cours du temps qui a finalement été identifiée en 2000 comme étant bien celle du fils de Marie-Antoinette).

J'ai nettement plus apprécié le récit concernant les évènements précédents et suivants la naissance du jeune Louis jusqu'à sa mort et au-delà.
Christophe Donner/Henri Norden nous décrit cette tragédie sous un angle résolument non-conformiste et inhabituel. Non seulement il part à la recherche du responsable du décès du jeune roi mais il analyse les évènements sous un regard extrêmement critique de la révolution.

Si Christophe Donner ne prétend pas détenir la vérité, il essaye en tout cas de lever le voile sur tous les mensonges et de rétablir un certain équilibre dans les faits tels "qu'ils se sont passés".

Extraits de son interview sur le site Evene
Pourquoi critiquer autant la révolution qui est avant tout une émancipation intellectuelle, politique, sociale ?

La question est “Comment a-t-on réussi à faire de la révolution quelque chose de positif ?” Les Lumières ne commencent pas en 1789, c’est bien avant. Ni Voltaire, ni Rousseau, ni Diderot n’ont appelé à faire la révolution. Elle fut en réalité une situation de violence que l’on a justifiée en parlant d’un peuple qui crevait de faim, d’un Louis XVI qui aurait été un affreux dictateur, etc. On a imaginé l’Ancien Régime comme quelque chose de terrifiant. C’est faux. C’est un gros mensonge. Louis XVI n’était pas un despote sanguinaire. A son grand tort, d’ailleurs. S’il avait été un fin stratège politique, il aurait agi avec violence à un certain moment de son règne. Il était totalement incapable de faire tirer sur la foule. C’est probablement le monarque le plus gentil que les Bourbons ont engendré. Cette explosion de violence est plus de l’ordre de l’irrationnel. C’est une situation incalculable, imprévisible qui a fait que la violence s’est répandue comme un torrent d’absurdités. Ce n’est pas la misère qui a déclenché cette révolution et les choses auraient pu se passer différemment. Il n’y a pas de fatalité dans l’histoire.

Pour ceux qui aiment les récits historiques, je vous conseille également le roman La chambre de Françoise Chandernagor. Ce roman analyse sous un angle plus intimiste et psychologique la personnalité et le ressenti de ce jeune roi dépassé par les évènements tout au long de sa lente dégradation physique et psychique. 


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