dimanche 22 novembre 2009

Sang impur de Hugo Hamilton

Quatrième de couverture

Roman autobiographique ou autobiographie en forme de roman, Sang impur évoque l'enfance de l'auteur dans le Dublin pauvre des années 50 et 60, entre une mère allemande que les braves gens du coin traitent de nazie - alors qu'elle est issue d'une famille où l'on détestait Hitler - et un père délirant engagé dans le combat nationaliste irlandais pur et dur, qui exige qu'aucun mot d'anglais ne soit prononcé sous son toit.

Pour les gamins de cette drôle de famille, la violence est partout : à l'école où on les traite en parias, dans la rue où les graffitis en forme de croix gammée fleurissent sur leur passage, et jusqu'à la maison par la main du père frappeur, pitoyable et risible tout ensemble, qui impose ses lubies à coups de taloches, mais échoue lamentablement dans toutes les entreprises de la vie.

« Quand on est petit, on ne sait rien. On ne sait pas où on est, qui on est, ni quelles questions poser. »

Lorsque Joseph O’Connor nous dit dans la préface que Hugo Hamilton est « le plus grand auteur irlandais dont vous n’avez pas encore entendu parler », je ne pouvais qu’être curieuse de voir ce qu’il en était d’un peu plus près. Et je n’ai pas été déçue : Hugo Hamilton revient sur son enfance avec des mots et un regard d’enfant qui nous touchent, exposé aux violences physiques et verbales des petits garçons de son âge qui le traitent de nazi sur le chemin de l’école, condamné à parler irlandais par un père ultranationaliste qui ne tolère pas la langue anglaise dans sa maison et bercé par la douceur de sa mère allemande, exilée de son pays après la guerre et qui ne cessera jamais de panser ses blessures infligées par la nazification progressive de l’Allemagne et son entrée en guerre.

Sang impur retrace le fascisme au quotidien d’un petit garçon irlandais à jamais bigarré, tacheté, chiné, moucheté et coloré, autrement dit un barm brack, un pain irlandais maison truffé de raisins allemands …

Un roman autobiographique sensible et mélancolique, douloureux et tendre à la fois.

Prix Femina étranger 2004


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