vendredi 19 août 2011

Crimes of the Future de David Cronenberg


Je crains cependant, qu'en restant ici plus longtemps, mon équilibre si précieux s'immobilise de façon morbide.

Adrian Tripod


Je viens de visionner un des premiers films de David Cronenberg , à savoir Crimes of the Future (1970). Film pour le moins expérimental et surprenant, d’une lenteur exaspérante sans aucun dialogue direct mais une voix-off parcellaire noyée dans un environnement sonore bidouillé à partir de sons provenant des fonds marins assez irritants et terriblement vieillots (j’avais parfois l’impression de me retrouver dans un des vaisseaux Enterprise de Star Trek), joué par des acteurs qui pour la plupart n’en sont pas (et c’est rien de le dire) et un personnage principal androgyne au possible (Adrian Tripod, directeur de la « Maison de la Peau », joué par Ronald Mlodzik). 




En deux mots, nous ne savons pas très bien ni dans quel pays ni à quelle époque nous sommes mais le monde tel qu’il est nous est montré à travers le regard d’Adrian Tripod, qui se présente comme le directeur d’une clinique résidentielle initialement destinée aux patients riches traités pour des maladies de la peau pathologiquement graves causées par les produits de beauté. Il aurait pris la direction de l’institut suite à la disparition de l’ancien directeur, institut particulièrement déserté d’ailleurs suite aux décès des patients et personnels soignants, conséquence d’une terrible épidémie (hégémonie de la maladie de rouge qui fait penser à la menstruation lorsqu’il mentionne que cette maladie ne frappait d’abord que des femmes post pubertaires avant de se propager à l’ensemble de la population). « Cette oppression stimulante du rouge » conduisant à une certaine confusion pour ne pas dire une confusion certaine chez d’Adrian Tripod. Bon là, on commence à se poser des questions sur l’état mental du directeur de la « Maison de la Peau » : n’est-il pas en plein délire d’interprétation ? Ne serait-ce pas plutôt un asile de dingue tombé aux mains des derniers survivants ? Car si la qualité générale de la « maison » se détériore nous dit-il, on ne peut s’empêcher de faire un parallèle avec son état psychologique qui semble rejoindre dangereusement cette pente déclinante.

Je n’en dirai pas plus mais sachez qu’on retrouve tous les thèmes privilégiés de l’auteur : société cloisonnée et déclinante, isolement et manque de repère, folie et schizophrénie, épidémies, sociétés occultes, mutations et transformations des corps, dégénérescences évolutives mais aussi génération de nouvelles formes de vie, sexualité déviante, maladies néo-vénériennes, violence, du Cronenberg pur jus et hyper condensé.




Je ne peux pas dire que j’ai aimé et apprécié ce film, trop underground à mon goût mais son intérêt est ailleurs : nous retrouvons toutes les obsessions de l’auteur, obsessions bien mieux traitées par la suite mais tout est là, en attente de germination. A réserver aux fans donc, mais c’est réellement surprenant de constater à quel point l’auteur trimballe ses thèmes de prédilection depuis le début. Et quel chemin parcouru depuis !

Réalisateur : David Cronenberg
Origines : Canada, Royaume-Uni, France
Public : Tout public
Année de production : 1999
Durée : 1h37

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