Synopsis
Justine et Michael célèbrent leur mariage en grande pompe dans la somptueuse demeure que possèdent sa sœur et son beau frère. Pendant ce temps là, la planète Melancholia se dirige vers la terre…
Lars von Trier et moi, ce n’est pas le grand amour. Mais il ne me laisse jamais indifférente. Aussi n’étais-je plus allée le voir au cinéma depuis Dancer in the dark (2000), film qui m’avait énervée au possible avec ce personnage de suppliciée jouée (merveilleusement) par Bjork, personnage à qui j’avais envie de donner des claques tellement il m’était insupportable de l’accompagner sur son chemin de croix. Et Catherine Deneuve en ouvrière… aussi plausible qu'un Stéphane Bern en ouvrier du bâtiment.
Je l’avoue humblement, j’ai un réel problème avec ses personnages de femmes sacrifiées et humiliées, avec cette question lancinante : mais que cherche-t-il à nous montrer derrière ces images de saintes martyrisées ? En tout cas ces femmes suscitent toujours en moi de la colère et de l’énervement, finissant à chaque fois par me dire qu’elles n’ont finalement que ce qu’elles méritent, un comble. Et c’est ce sentiment-là qu’il génère en moi que je reproche au réalisateur. Oui je sais, je suis parfois bien compliquée (j'entends déjà mon mari me demander seulement parfois ? hmhm).
C’est donc avec beaucoup d’appréhension que je suis allée voir Melancholia. Et miracle, j’en suis sortie plutôt satisfaite : j’ai enfin ressenti non plus de la colère mais une certaine compassion envers Justine la mélancolique (jouée par Kirsten Dunst) et sa sœur Claire angoissée par l’éventuelle prochaine collision d’une planète avec la terre (jouée par Charlotte Gainsbourg).
Pourtant ce n’était pas gagné d’avance : un scénario qui tient sur quelques lignes, un esthétisme qui peut en rebuter plus d’un, un message douteux au possible, des lenteurs nombreuses et quelques redites, comme ce mariage foireux de la première partie qui fait immanquablement penser à Festen de Thomas Vinterberg : une cérémonie de mariage ratée durant laquelle les masques tombent pour mieux laisser la place aux visages grimaçants. J’entends bien la mélancolie de Justine qui a bien du mal à s’y retrouver entre un père aussi joyeux luron que lâche et inconsistant, une mère froide et cynique, un mari plutôt maladroit, une sœur/beau-frère enfermés dans leur tour d’ivoire et un chef opportuniste dans le milieu publicitaire. Première partie suivie d’une deuxième partie plus science-fiction concernant la fin du monde prochaine assez réussie, sans oublier une intro et un final qui valent à eux seuls le déplacement.
Un film donc qui me réconcilie avec les personnages féminins de Lars von Trier : une femme mélancolique qui demeure à distance de ses proches et des spectateurs, sa sœur plus proche de nous, attachée à la terre et à sa famille. Nous ne sommes plus face à des saintes sacrifiées parce qu’elles le veulent bien mais face à des femmes fragiles qui doutent, qui angoissent, qui se posent question mais qui agissent aussi, malgré le peu de marges de manœuvres dont elles disposent. Elles n’en seront pas moins sacrifiées avec le reste de l’humanité, nous sommes bien en terrain connu avec un Lars Von Trier qui ne semble toujours pas vouloir se réconcilier avec le genre humain. N'y aurait-il donc vraiment rien à sauver sur notre triste planète ?
Quelques mises en tableaux du film, sublimes :
Réalisateur : Lars von Trier
Acteurs : Kirsten Dunst, Charlotte Gainsbourg, Kiefer Sutherland, Stellan Skarsgård, Alexander Skarsgård, John Hurt, Charlotte Rampling, Udo Kier
Origine : Danemark
Genre : Drame Science-fiction Thriller
Année de production : 2011
Date de sortie : 10/08/2011
Durée : 2h10
Que l'on nous rende "Le Sacrifice" de Tarkovski...
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