vendredi 30 décembre 2016

Zardoz de John Boorman

Zardoz de John Boorman
Avec Sean Connery, Charlotte Rampling, Sara Kestelman
Britannique, 1974


Synopsis

2293. La Terre a été totalement dévastée et la société est divisée en plusieurs castes : les Brutes, les Exterminateurs et les Barbares qui vouent un culte sans limites au dieu Zardoz. Tous oeuvrent pour les Éternels, un groupe d'humains immortels. Ce nouvel équilibre social va être bouleversé lorsque Zed, un Exterminateur, décide de pénétrer chez les Éternels, défiant ainsi le dieu Zardoz.


Mon avis

La période de fin d'année étant synonyme de rediffusions télévisuelles multiples, j'en ai profité pour revoir un Objet Visuel Non Identifié, le fameux Zardoz de John Boorman. Pour les moins cinéphiles, je rappelle que John Boorman n'est pas un réalisateur de série B, puisqu'il a à son actif quelques films assez renommés tels que Délivrance, Excalibur, La Forêt d'émeraude, Rangoon, Hope and Glory, Queen and Country.  Alors comment a-t-il pu s'emmêler les bobines  avec ce film aussi pompier que kitschissime ? Et comment est-il parvenu à convaincre Sean Connery (certes inoubliable dans le rôle de Zed, mais peut-être pas pour de bonnes raisons) et Charlotte Rampling (qui prend visiblement son rôle très au sérieux, renforçant bien malgré elle la  prétention boursouflée du film) de participer à ce long métrage ?  Sans doute pas sur la renommée des costumiers...

 

Quoi qu'il en soit, nous avons la grande joie (?) de suivre les pas de Zed (Sean Connery) en "petite tenue" tout le long du film, slip rouge à tendance cuissardes, poilu à grosse moustache et cheveux longs, une manière comme une autre de souligner avec élégance et légèreté l'extrême virilité de cet exterminateur messianique venu dans le masque de pierre pour pénétrer à l'intérieur du vortex. 


Le masque de pierre est en fait un subterfuge pour soumettre les barbares au nom du Dieu Zardoz, et ce sont les habitants du vortex qui en ont le contrôle.  Le vortex est une région protégée du reste du monde par un mur invisible et les habitants du vortex, qui ont atteint l'immortalité grâce à la technologie, se nomment les Éternels. Mais comme le disait si bien ce cher Woody Allen : L'éternité, c'est long… surtout vers la fin. Bref, ce joli petit monde s'emmerde depuis des siècles et la venue de Zed va égayer un quotidien devenu bien tristoune. Le prétexte tout trouvé est de sonder ses souvenirs pour analyser l'évolution de sa caste, le but non avoué de certaines femelles Éternelles étant de faire meilleure connaissance avec le mâaaale, spécimen en extinction dans le vortex (les hommes y sont efféminés et impuissants depuis belle lurette). 



Zed se prête au jeu à l'étude de bonne volonté, ce qui donne lieu à quelques scènes d'anthologie que je vous laisse le soin de découvrir par vous-mêmes.  C'est également en compagnie de Zed que nous découvrons à quel point la communauté des Éternels n'est pas aussi idyllique que cela : il y a des dissidents (rendus vieux et séniles, relégués dans un asile) et des apathiques (des Éternels atteints de l'apathie, une maladie qui se propage dans le vortex).  Mais il y a surtout le tabernacle (à ne pas confondre avec le juron québécois), une sorte de cristal représentant un espace/un réceptacle infini relié à l'esprit de tous les Éternels et qui conserve la somme de toutes leurs connaissances. Bref, le réalisateur John Boorman est un homme de son époque et les traits de sa communauté des Éternels sont joyeusement pompés sur les caractéristique du courant spirituel New Age des années 70.  Non pour le valoriser,  mais au contraire pour dénoncer toutes les dérives communautaires,  en nous démontrant comment cette communauté vivant en vase clos s'est dégénérée au cours du temps.


Une communauté prise au piège par elle-même mais qui sera libérée par Zed le messie en culotte pagne rouge, un esclave qui ne va pas libérer les autres esclaves (Spartacus, c'est ringard) mais libérer ses maîtres, les possesseurs de la vie éternelle (nettement plus hype).

Tout cela vous semble très alambiqué ? C'est normal. Quoi qu'il en soit, ce film érotique humoristique philosophique métaphysique post apocalyptique zardonique bizarre ne ressemble à aucun autre et en cela, il demeurera à jamais cultissime... à sa façon.



Un film à découvrir, bien évidemment.  La cerise sur le gâteau ? Lorsque Consuella (Charlotte Rampling) découvre enfin ce pour quoi elle est faite : accomplir sa fonction de reproduction. Ouf, on a failli avoir peur dis donc, quel soulagement de se rendre compte que la vie est un cycle et doit le rester. Sachez enfin que Le savoir (= la connaissance) n'est pas suffisant. Ce n'est pas moi qui le dit mais c'est bien Zed l'élu/le briseur de tabernacle, alors forcément, on s'incline devant une telle profession de foi. Quand je vous disais que ce film était cultissime !

Le mâle, c'est moi

L'avis très intéressant de Nébal sur le site Le cafard cosmique.

4 commentaires:

  1. C'est bien de renvoyer au regretté Cafard cosmique ! Zardoz manque encore à ma cuculture ! Par contre, j'ai découvert Délivrance de Boorman tout récemment... A priori, pas la même ambiance ;)

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    1. Ah je te le confirme, Délivrance ne ressemble en rien à Zardoz. Il faut bien reconnaître qu'une des qualités du réalisateur John Boorman est son éclectisme, tant et si bien qu'il n'est pas toujours facile de faire des liens entre ses films. Ceci dit, j'ai revu également très récemment son film Excalibur et j'avais oublié à quel point ce film pouvait aussi être parfois un peu kitch, tout en restant une valeur sûre dans le genre. Mais on retrouve tout de même une certaine filiation vestimentaire, certes moins vulgaire mais tout aussi ostentatoire, même si plus sobre (enfin tout est relatif hein). J'appréciais beaucoup Le Cafard cosmique et je le regrette bien. J'ai lu quelques billets sur le film Zardoz et c'est celui de Nébal qui me semblait le plus intéressant et le plus complet. Ce film manque effectivement à ta cuculture, à surveiller donc de près lors d'une prochaine diffusion télévisuelle... tardive, cela va de soi :)

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  2. Je n'ai pas encore osé le regarder, rien que regarder les photos me perturbe...

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    1. Tu me fais rire Tina :D

      Ah je t'assure, il faut que tu le vois, c'est un petit bijou dans son genre, et puis c'est un condensé de tellement de choses qu'on pourrait en parler pendant des heures. Car si on peut reprocher (ou pas) quelque chose au réalisateur, c'est de ne pas avoir manqué d'ambition tellement il est saturé de sujets divers. Et puis la façon si surprenante de les aborder, non franchement, tu ne peux pas rater ça :)

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