vendredi 14 avril 2017

Les pêcheurs de Chigozie Obioma

Extraits

Mes frères - Ikenna, Boja, Obembe - et moi avions peu à peu compris que lorsque les deux ventricules du foyer - notre père et notre mère - gardaient le silence comme les ventricules du cœur retiennent le sang, nous risquions, à la moindre piqûre, d'inonder la maison.

[...]

Le christianisme avait beau avoir balayé le pays igbo, des miettes de religion traditionnelle avaient échappé au balai. 




Mon avis

Il s’agit du premier roman de Chigozie Obioma, qui nous invite à une sorte de tragédie grecque totalement revisitée par le conte africain.  Les superstitions et autres prophéties conduisent tout droit au châtiment et à la vengeance, détruisant un foyer devenu vulnérable depuis le départ du père, parti travailler loin de sa famille. Un récit qui demeure malgré tout très ancré dans la réalité économique, sociale et politique du Nigéria des années 90, avec son lot de calamités, de massacres, de querelles religieuses, de troubles politiques, sans oublier la présence inquiétante des soldats et le climat insurrectionnel qui l’accompagne. Un roman qui aborde également la fragilité de l’enfance et les espoirs déçus d’un père qui avait des rêves pour ses fils, qui auraient dû emprunter le chemin de l’exil, seule perspective réelle pour accomplir ses ambitions. Un récit qui accorde également une très grande place à l’importance de la fratrie et du noyau familial.  

Une très belle écriture et une étonnante maîtrise pour un premier roman. Malheureusement, et pour une raison que je ne m’explique pas, je suis restée tout au long de ma lecture comme à distance des personnages, n’arrivant pas à leur donner chair ni à ressentir de l’émotion malgré les épreuves traversées par tous les membres du clan familial. Mais cela ne remet aucunement en cause le talent de l’écrivain, juste la lectrice que je suis. Je n'ai d'ailleurs aucun doute quant au fait que Chigozie Obioma sera prochainement un auteur qui comptera dans le monde littéraire de ces prochaines années.


Quatrième de couverture

Un jour de janvier 1996, dans un village du Nigeria, quatre frères profitent de l’absence de leur père pour pêcher au bord du fleuve interdit Omi-Ala. Le sorcier Abulu, qui les a vus, lance sur eux une terrible malédiction : l’aîné, Ikenna, mourra assassiné par l’un de ses frères. La prophétie bouleverse les esprits, et hante la famille jusqu’au dénouement tragique. Avec cet admirable récit dans lequel le tempo du conte africain accompagne la peinture du monde contemporain, Chigozie Obioma invente une forme nouvelle d‘écriture romanesque. Avec Les Pêcheurs, Chigozie Obioma prend place parmi les grandes voix de la littérature africaine. 


Présentation de l'auteur

Chigozie Obioma, né en 1986, est un écrivain nigérian. Né dans une famille de douze enfants, Chigozie Obioma fait des études supérieures à Chypre, où il obtint une bourse et un poste d'enseignant. Après cela, il publie son premier roman intitulé Les Pêcheurs. Une année plus tard, il part aux États-Unis, où il reçoit des cours de Creative Writing à l'université du Michigan. Il enseigne aujourd'hui la littérature africaine à l’Université du Nebraska.  En 2015, il est lauréat du Prix Booker, pour son roman Les Pêcheurs. Il obtient également le prix du premier roman du Guardian et le prix des nouvelles voix Afrique et Moyen-Orient du Financial Times.

« De la même façon qu’il y a des tragédies grecques, ou shakespeariennes, Les Pêcheurs est selon moi une tragédie igbo. Cette forme littéraire ne me semble pas du tout périmée, notamment pour évoquer des sociétés telles que celle d’où je viens, où la spiritualité et les ­superstitions continuent à jouer un rôle très important. » 

Source : http://www.telerama.fr

4 commentaires:

  1. Je vois ce que tu veux dire. C'est bien écrit. On sent la sincérité et la part autobiographique mais... on. s'en fout un peu.
    C'est pénible. Il y a une éternité que je ne suis pas tombée en pâmoison devant un livre.
    Ils pourraient faire un effort..

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    1. Tomber en pâmoison ? Je parle pour moi mais plus le temps passe et moins j'ai envie de tomber en pâmoison devant qui ou quoi que ce soit, et c'est tant mieux ;-)

      Le roman est bien construit, bien écrit, bien pensé, mais je suis restée comme en dehors. J'aimerais comprendre pourquoi mais je n'en sais trop rien.

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  2. Ah si pour un livre ou un film je veux toujours...
    Pour un être humain ça m'étonnerait que ça arrive...

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    1. Ce sera plus difficile, c'est certain ;-)

      C'est vrai qu'il m'arrive de plus en plus rarement d'être totalement enchantée à la lecture d'un roman. Je n'ai d'ailleurs pas un seul coup de cœur depuis le début de cette année.

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