Véritable phénomène littéraire en Europe, avec ses huit millions
d’exemplaires vendus, Millénium n’est plus vraiment à présenter. Il
connaît un tel succès que la ville de Stockholm a mis sur pied
un circuit touristique d’une heure et demie pour guider les fans sur
les traces du héros SuperBlomkvist. Quelques chiffres pour mesurer
l’ampleur du phénomène : sur les neuf millions d’habitants
suédois, la trilogie s’est vendue à 2,7 millions d’exemplaires,
trente-deux pays ont acheté les droits de publication, 150.000
exemplaires pour la sortie en librairie du mois de septembre aux
Etats-Unis.
C’est la maison d’édition française qui se frotte les mains :
meilleure vente d’Actes Sud depuis sa création en 1978, qui a créé à
l’occasion une collection spéciale Actes Noirs, allant de 2 à
3.000 ventes par jour et parfois jusqu’à 4.000, avec six millions
d’euros du chiffre d’affaires net à ce jour !
Et moi dans tout ça, qu’est-ce que j’en ai pensé ?
J’ai commencé Millénium 1 en septembre 2007, j’ai terminé Millénium 3
en septembre 2008, soit exactement un an pour lire les trois tomes ou
les quelques 1900 pages que compte la trilogie. Le fait
de mettre un an pour lire la série et l’extrême facilité avec
laquelle j’ai pu attendre plusieurs mois avant d’enchaîner les tomes
suivants indique clairement que je n’ai pas été totalement «
addict ».
Est-ce à dire que ce n’était pas si terrible tout compte fait ? Non
plus ! Au contraire, j’ai trouvé que pour un best-seller, il était
plutôt bien fichu. Et pour cause, l’auteur Stieg Larsson,
décédé d'une crise cardiaque en 2004 à l’âge de 50 ans, peu de temps
après avoir remis les dernières épreuves à son éditeur, savait de quoi
il parlait : faisant figure de référence dans la lutte
contre l'extrême droite et le racisme, il dirigeait également une
revue suédoise dénonçant les manifestations ordinaires du fascisme en
Suède. Qu’on se le dise, Millénium est bien plus qu’un
simple polar, raison d’ailleurs pour laquelle son lectorat dépasse
largement les fans purs et durs du genre, pire, je gage que certains
lecteurs assidus de polars n’y trouveront peut-être pas
vraiment leur compte et resteront un peu sur leur faim.
Car on y trouve avant tout une description de la société suédoise
contemporaine, des investigations journalistiques, une dénonciation des
abus du monde politique & financier, de la
criminalité en col blanc, des pervers sexuels, sans oublier une
étude sur la maltraitance des femmes.
Mais pourquoi n’ai-je pas été « addict » alors ?
Et bien… disons que je n’ai jamais pu me projeter dans les
protagonistes de la série : Lisbeth Sallander, jeune pirate informatique
gothique et à demi autiste, m’a fait penser à Fifi Brindacier
et le journaliste SuperBlomkvist, trop lisse et trop parfait, manque
un peu d’aspérité pour qu’on y croit vraiment ! A croire que Stieg
Larsson, lui-même journaliste et rédacteur en chef de la
revue Expo, ait voulu projeter dans son héros une image totalement
idéalisée de sa personne. Bref, je suis toujours restée un peu «
en-dehors », d’où sans doute mon absence d’addiction.
Quelques passages m’ont vraiment fait sourire aussi, notamment
lorsque la sexualité des protagonistes était abordée. Ah ça, pour être
en Suède, nous sommes bien en Suède : bandage, partouze,
infidélité revendiquée et acceptée, partie fine à trois avec mari à
tendance homosexuelle, relation lesbienne et SM, tout y passe avec une
telle décontraction que nous avons le sentiment que la
Suède est décidemment à des années lumière de la France et de la
Belgique en ce qui concerne les moeurs sexuelles. Stieg Larsson décrit
parfois en cinq lignes, avec une simplicité désarmante, ce
que d’autres auteurs français décriraient dans un bouquin entier
avec multitudes prises de tête, culpabilité et névroses diverses ! Le
coup de la femme qui a passé la nuit avec son amant ou
oubliant d’avertir le mari qui commençait à se faire du soucis et
qui râle un peu après avoir tenté toute la nuit de la contacter en lui
disant de ne plus jamais oublier de le tenir au courant la
prochaine fois afin qu’il ne se fasse plus de soucis inutiles fait
franchement rire ! Ici, ce n’est plus la sexualité qui est taboue mais
bien ce qui touche aux sentiments… ah ben oui, nobody is
perfect :-D
En conclusion, un bon best-seller donc, même si je ne crierais pas
au génie ni à l’œuvre du siècle bien que ce fût une lecture
intéressante, divertissante et plaisante. Et c’est déjà pas si mal
!
Millénium 1 : Les hommes qui n'aimaient pas les femmes, Edition
Actes Sud, Collection Actes Noirs, ISBN 2742761578, 09/2006, 574 pages
Millénium 2 : La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une
allumette, Edition Actes Sud, Collection Actes Noirs, ISBN 2742765018,
652 pages
Millenium 3 : La reine dans le palais des courants d'air, Edition
Actes Sud, Collection Actes Noirs, ISBN 2742770313, 710 pages
Traduit du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain. Cette
traduction a donné lieu à une polémique, en raison d'étrangetés de
formulations et d'incorrections stylistiques et grammaticales
(source : wikipedia).
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