J’aime beaucoup les polars
venus du froid : ils ont une tonalité particulière et je savoure à
chaque fois ma lecture du moment. Il s’agit cette fois-ci de l’auteur
islandais Arni Thorarinsson et de son deuxième roman
traduit en français aux éditions Métailié qui s’intitule Le Dresseur
d'insectes.
Il se trouve que je suis tombée dessus par hasard à la bibliothèque
au rayon nouveauté et je n’ai évidemment pas résisté à l’appel. Ceci
dit, j’ai parfois eu bien du mal à me faire aux noms
des protagonistes, souvent bien difficiles à se remémorer. Je vous
conseille donc, dans la mesure du possible, de commencer par le premier
opus, Le temps de la sorcière, de façon à se
familiariser avec les personnages et de ne pas se sentir trop démuni
lorsqu’ils apparaissent dans ce second opus. Ne vous découragez pas si
ce premier roman ne vous enthousiasme pas plus que
cela, il semblerait effectivement que son deuxième opus soit bien
meilleur mais je ne saurais le certifier, je vous en reparlerais donc le
moment venu lorsque je l’aurai lu à mon tour.
Et puisque je suis occupée à vous parler des noms biens compliqués
des nombreux personnages qui émaillent ce récit, je ne résiste pas à
vous faire un petit commentaire en marge de ce
roman. Car s’il est parfois laborieux de s’y retrouver, il est tout
aussi difficile de savoir si nous avons affaire à un personnage
masculin ou féminin, ce qui avouons-le, jette un trouble
supplémentaire à cet épineux problème de « noms » islandais (je mets
noms entre guillemets car, comme vous allez le lire plus bas, il ne
s’agit pas vraiment de noms mais de
prénoms). Oui je sais, cela semble bien compliqué c’t’affaire.
Pour nous éclairer un peu, Eric Boury, le traducteur français du
roman, a eu la très bonne idée de nous aider dans ce débroussaillage :
sachez que les noms de famille sont très rares en
Islande. Du coup, ce que vous prenez pour le nom qui suit le prénom
n’est autre que le prénom du père ou, à quelques rares cas, celui de la
mère, suivi de –son(fils) pour les hommes et de
–dottir(fille) pour les femmes. De même, si vous cherchez quelqu’un
dans l’annulaire téléphonique ou dans quelque fichier que ce soit, cette
recherche s’effectuera par le prénom de la personne.
Etonnant, n’est-il pas ?
Sur ce, fermons cette parenthèse – qui je l’espère était des plus intéressantes - pour mieux revenir au roman…
Au lendemain de la grande fête des commerçants de Akureyri, la
grande ville du Nord de l'Islande, on dénombre de nombreuses gueules de
bois, quelques dépucelages, plusieurs agressions, plusieurs
viols aussi. Mais une femme qui se présente sous le nom de Victoria
demande à Einar, le correspondant local du Journal du soir, de se rendre
immédiatement, avec la police, dans une "maison
hantée" de la vieille ville: ils y découvrent le corps d'une jeune
fille étranglée. Personne n'a signalé de disparition. Peu après, Einar
apprend que son informatrice, entrée dans une clinique de
désintoxication, a été assassinée. Fort de son expérience d'ancien
alcoolique, il se fait interner pour mener son enquête. Résistant à la
pression de son rédacteur en chef avide de sensationnel,
il saura découvrir l'identité réelle des deux victimes, engluées
dans des relations perverses, et impuissantes devant les puissances de
la modernité qui transforment à marche forcée une société
dans laquelle la famille a gardé toute son importance.
Première originalité de ce roman, le protagoniste principal de cette
série, Einar, n’est pas un policier mais un journaliste qui a été muté
dans les territoires du Nord du pays. Ce qui est moins
original, c’est que ce monsieur souffre de problèmes d’alcool (je
vais finir par croire que tous les islandais sont des alcooliques en
puissance), bien qu’il semblerait que ce ne soit bientôt
plus qu’une ancienne habitude. En attendant, ce sont ces anciens
démons qui l’aideront à s’immiscer dans le clinique de désintoxication
afin de mener son enquête, à savoir découvrir les
circonstances qui ont mené au meurtre de son informatrice.
Il faut dire que les responsables du journal local du soir sont
avides de sensationnalisme afin d’augmenter au maximum les ventes et que
Einar est prêt à tous les sacrifices pour nourrir la bête,
son sens de la justice et sa curiosité faisant le reste. Il est bien
question de surenchères journalistiques, de conflits éditoriaux et
autres mais j’avoue que je n’ai pas trop suivi cet aspect
là du roman.
Car ce qui m’intéresse avant tout dans ces polars venus du froid,
c’est qu’ils vont bien au-delà de l’intrigue policière pour mieux
ausculter la société islandaise et ses travers, bien éloignés
des clichés touristiques : libéralisme des jeunes, alcool, drogue,
influence de la culture américaine, viol et prostitution pour un
éventuel moment de gloire, l’Islande n’est décidemment
plus une île isolée de tout mais bien un espace où la mondialisation
gagne du terrain (ceci dit, les récents problèmes politiques et
économiques islandais ont depuis lors bien tordu le cou à ces
mêmes clichés). Ce roman ne faisant pas exception à la règle, je
l’ai dévoré en deux jours à peine et j’en redemande !
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