Dans le cadre de la Rétrospective Federico Fellini (03.07 - 31.08), la Cinematek de Bruxelles a présenté L’amour à la ville, un film collectif de six histoires réalisées par de grands cinéastes italiens (Michelangelo Antonioni, Dino Risi, Federico Fellini, Cesare Zavattini, Francesco Maselli et Alberto Lattuada). Les thèmes sont l’amour à la ville, les rencontres et les jeux de séduction mais aussi et surtout l’abandon et les conditions de vie plus que précaires des jeunes femmes de cette époque, entre misères sociales, rejet familial, refus de reconnaissance de paternité de l’enfant illégitime qu’elles portent ou encore difficultés de trouver un travail ayant un enfant à charge en tant que mère célibataire.
Le néoréalisme social prédomine donc largement, allant du documentaire (Tentative de suicide de Michelangelo Antonioni, L'Amour qu'on paie de Carlo Lizzani) à la reconstitution d’un fait divers (L'Histoire de Catherine de Francesco Maselli) en passant par la fiction pure et simple (Agence Matrimoniale de Federico Fellini).
Notons que les acteurs sont la plupart non professionnels, et que l’épisode L'Amour qu'on paie de Carlo Lizzani, sur la prostitution, a été coupé dans la version distribuée en France. Elle constituera par contre l’entrée en matière dans la version vue à la Cinematek de Bruxelles.
L'Amour qu'on paie (L'amore che si paga) de Carlo Lizzani. De jeunes femmes qui sillonnent les rues de la ville en long et en large pour subvenir à leurs besoins en se prostituant, avant de rejoindre leur domicile délabré à la périphérie au petit matin. Toutes partagent une même histoire, celle d’avoir été abandonnée, que ce soit du père de leur enfant ou d’un amoureux ou encore de leur famille, quand il ne s’agit pas de jeunes orphelines. Une femme qui use plus de vingt paires de chaussures par an, une autre qui vient d’être quittée par son compagnon qui n’a pas hésité a lui voler toutes ses économies. Une misère sociale et une grande solitude psychologique.
Tentative de suicide (Tentato suicidio) de Michelangelo Antonioni. Témoignages et reconstitutions de jeunes femmes ayant tenté de se suicider par amour.
Le Bal du samedi soir (Paradiso per quattro ore) de Dino Risi. Un bal populaire dans lequel les servantes en congé et les soldats en permission se retrouvent pour danser. Jeux de séduction, des corps qui bougent, qui se touchent, des yeux qui se cherchent, des bouches qui s’embrassent, celles qui attirent tous les regards et attisent toutes les convoitises ou la pauvre fille qui attend en vain de pouvoir danser. Un épisode plus ludique et léger, qui donne le sourire aux lèvres.
Agence Matrimoniale (Una agenzia matrimoniale) de Federico Fellini. Une mise en scène d’un jeune journaliste qui enquête sur le fonctionnement d’une agence matrimoniale en cherchant une épouse pour son ami lycanthrope. Humour sarcastique qui se termine sur une note tendre et émouvante de la détresse d’une femme seule prête à se jeter dans la gueule du premier loup-garou qui passe.
L'Histoire de Catherine (Storia di Caterina) de Francesco Maselli. Reconstitution d’un fait divers, celle de l’abandon d’un enfant dans un parc par sa mère, Caterina Rigoglioso, qui joue ici son propre rôle. Une jeune femme de Palerme rejetée par ses proches et le père de son enfant, sans papier et trop pauvre pour subvenir aux besoins de son fils.
Les Italiens se retournent (Gli Italiani si voltano) d'Alberto Lattuada.
Le regard des hommes sur les jolies filles qui traversent les rues de la ville.
Exercice ludique qui se termine sur une note grave et angoissante,
celle de la proie et du prédateur qui rôde.
Ce film collectif, disparate et inégal, n’en demeure pas moins un
excellent témoignage de la condition de la femme en Italie dans les
années 50. Percutant et émouvant.
Titre original: Amore in città
Réalisateurs: Michelangelo Antonioni, Federico Fellini, Dino Risi, Alberto Lattuada, Carlo Lizzani, Francesco Maselli
Origine: Italie
Genre: Comédie dramatique
Année de production: 1953
Durée: 1h49
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