Nous sommes dans la Russie du 18e siècle. La résistance polonaise gronde, et l'impératrice Catherine II (l’actrice Françoise Rosay) est bien décidée à étouffer ce que l’histoire appellera la rébellion de Vilna. Un jeune patriote polonais, nommé Boleslas et dont la tête est mise à prix, tente de s'enfuir des frontières russes. Il sera aidé par l’étrange et l'original baron de Kempelen (l’acteur Conrad Veidt), qui s'entoure d'automates de sa fabrication, dont celui d'un joueur d'échecs. Dissimulé dans ce dernier, le jeune polonais pense pouvoir semer ses poursuivants à la solde de l’impératrice de Russie, mais c’est sans compter sur un des agents de la reine, qui a compris le subterfuge. Il achète l’automate pour le livrer à l’impératrice, qui assiste à une démonstration des talents du désormais célèbre joueur d’échecs au cours d’une soirée au palais…
En voilà un curieux drame historique pour un film à costumes qui reconstitue la cour de Catherine II avec, reconnaissons-le, un luxe de décors et d’habits. Curieux dans la mesure où il oscille constamment entre la farce, l'ironie, la comédie romantique et le drame. Sans oublier ce petit côté surnaturel engendré par la présence silencieuse mais suffisamment inquiétante des automates, qui semblent parfois prendre vie, et de leur non moins troublant concepteur, le baron de Kempelen. Et si les quelques batailles sont assez mal rendues, on ne peut nier le grand charme de ce film, qui ne risque pas de nous faire pleurer dans les chaumières malgré le drame qui se noue, mais qui se révèle très plaisant grâce aux répliques savoureuses d’une impératrice vraiment pas comme les autres et très bien interprétée par la comédienne Françoise Rosay. Une actrice française que je connais encore très mal, et ce visiblement à grand tort, tant je l’ai trouvé excellente. Il n'est peut-être pas inutile de souligner que cette grande dame est toujours considérée comme une légende du cinéma français. Que dire du comédien allemand Conrad Veidt ? Je suis décidément de plus en plus fan de cet acteur, que je rencontre ici pour la première fois dans un rôle parlant, et en français svp ! Et c’est toujours un petit moment d’émotion d’entendre pour la première fois la voix d’un acteur, qu’on avait jusqu’ici vu principalement dans des films muets.
En final, un film inégal par moment mais injustement oublié car très plaisant dans l’ensemble tant il se regarde toujours agréablement.
Françoise Rosay et Conrad Veidt |
Titre : Le joueur d’échecs
Réalisateur : Jean Dréville
Acteurs : Françoise Rosay, Conrad Veidt, Bernard Lancret, Micheline Francey
Origine : France
Genre : Drame
Année de production : 1938
Durée : 1h10
Affiche du film réalisé par Raymond Bernard |
Sachez également que ce film s’inspire de l'histoire véridique du Turc mécanique, une grande supercherie mise au point en 1770 par Johann Wolfgang von Kempelen. Il s’agissait d’un automate prétendument doté de la faculté de jouer aux échecs (en fait un homme qui se glissait derrière le mannequin) et qui remportait la plupart des parties qu’il jouait avec des humains. Il rencontrera quelques personnages célèbres tels que Napoléon Bonaparte, Catherine II de Russie et Benjamin Franklin…
« Le joueur d'échecs de Jean Dréville » a été vu dans le cadre du CYCLE CONRAD VEIDT : DE CALIGARI À CASABLANCA, présenté en ce moment à la Cinematek de Bruxelles.
Disponible également en DVD.
Disponible également en DVD.
D'autres films avec l'acteur Conrad Veidt à découvrir sur ce blog :
* L'Homme qui rit de Paul Leni
* Les Mains d'Orlac de Robert Wiene
A lire également :
* L'inhumaine de Marcel L'Herbier
Merci pour ton commentaire sur mon livre et bravo à toi aussi pour nous dénicher chaque semaine des films oubliés ou ignorés qui ont contribués à faire ce que le cinéma est devenu: UN 7ème ART !
RépondreSupprimerMerci à toi également Alex. Mais pour le coup, c'est bien à toi que reviennent toutes les félicitations du jour ;-)
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