Citation
C’était il y a dix étés. Celui de mes dix-huit ans ; l’été où mon père mort apparut puis disparut dans le silence d’où il était sorti ; l’été des esprits et des secrets ; le dernier été où je me considérai comme un des espions de Dieu. Un été long, blanc, d’histoires que l’on accepta tous, tout en sachant que d’un bout à l’autre elles n’étaient que mensonges. L’été où la huldra sortit de sa cache et noya trois hommes, l’un après l’autre, dans les eaux froides et lisses du détroit de Malangen.
Mon avis
John Burnside est un poète et nous le prouve une fois de plus avec ce roman qui explore cet entre-deux, que nous pourrions appeler les interstices de l’espace-temps. Lorsque la réalité se trouble et se confond avec les songes, visions, fantasmes, contes et autres vielles légendes. Magique, énigmatique, sombre et lumineux à la fois, comme ces nuits d’insomnie des jours sans fin du cercle polaire. C'est un coup de cœur.
Présentation de l'éditeur
Dans une île du nord de la Norvège, un endroit désert, magnifique et spectral où l’été est miraculeusement doux et radieux, Liv vit avec sa mère, un peintre qui s’est retiré là en pleine gloire pour mieux travailler. Son seul ami est un vieil homme qui lui raconte des histoires de trolls, de sirènes et de la huldra, une créature surnaturelle qui apparaît sous les traits d’une femme à l’irrésistible beauté, pour séduire les jeunes gens et les conduire à affronter les dangers et la mort. Noyades inexplicables et disparitions énigmatiques se succèdent au cours des nuits blanches de cet été arctique qui donne aux choses un contour irréel, fantasmagorique. Incapable de sortir de l’adolescence et de vivre dans le monde réel, Liv erre dans ce paysage halluciné et se laisse dangereusement absorber dans la contemplation des mystères qu’il recèle. Voici un livre d’une intense poésie. Lyrique. Féérique. Dérangeant. Comme souvent chez Burnside, on est à la limite – difficile à appréhender – entre ce qu’on sait et ce qu’on rêve. On est aussi dans un grand thriller.
Pour en savoir plus sur la huldra, personnage issu du folklore scandinave, je vous renvoie sur le site de La compagnie de la Branche Rouge, qui en parle très bien : c'est ici.
☆☆☆☆☆
L’été des noyés (Summer of drowning) de John Burnside, traduit de l'écossais par Catherine Richard, Éditions Métailié, 28/08/2014, 336 pages.
The midnight sun in Longyearbyen, 2007 @ Dagny |
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