«Alors comment se fait-il que tout le monde tombe amoureux partout, à tout bout de champ?
– Jeune homme, dit Freud en marquant un temps d’arrêt, on n’a pas besoin de comprendre l’eau pour y plonger tête la première.»
En 1937, Franz débarque à Vienne chez Otto Tresniek, un buraliste unijambiste. Au tabac Tresniek, où se mêlent classes populaires et bourgeoisie juive, il fera l’apprentissage de la vie. Conseillé par Otto et un vieux docteur malade, fidèle client du tabac du nom de Sigmund Freud, Franz tente de séduire Anezka, une artiste de cabaret dont il est tombé amoureux. L’humour viennois d’Otto Tresniek et de Freud est la politesse du désespoir dans une société déboussolée où ils ne trouvent plus leur place. Pas plus que leur protégé, qui tentera pourtant, fidèle à leur enseignement, de nager à contre-courant.
Mon avis
J’avoue avoir été déçue par cette lecture, avec cette impression que le romancier avait systématiquement survolé la plupart des thématiques abordées. La rencontre entre Freud et Franz sonne faux et les conversations qu’ils entretiennent au gré des rencontres me semblaient tellement douteuses et improbables qu’elles en devenaient problématiques en ce qui me concerne. L’ébauche de l’éveil sensuel et du sentiment amoureux avec la jeune artiste de cabaret Anezka n’est pas non plus des plus réussies. Je pense finalement que l’auteur aurait gagné à recentrer son intrigue sur les soubresauts politiques et sociaux de la Vienne de l’époque, en renforçant la focale sur les relations du buraliste unijambiste et du jeune Franz, au lieu de s’éparpiller dans plusieurs intrigues secondaires mal agencées, peu approfondies et finalement pas très abouties. Dommage également que la relation entre Franz et sa mère soit si vite escamotée, tant on sentait là quelque chose de prometteur mais à nouveau pas assez exploité.
Un roman d’apprentissage pas toujours convaincant et un peu trop léger à mon goût. Cette première rencontre avec l’auteur ne fut pas aussi réussie que je l’espérais mais je reste tout de même sur une impression globalement plus positive que mon commentaire pourrait le laisser penser. Je compte donc revenir un jour ou l’autre vers cet auteur autrichien, histoire de ne pas rester sur cette première appréciation mitigée.
Le tabac Tresniek de Robert Seethaler, Trad. de l'allemand (Autriche) par Élisabeth Landes, Éditions Folio, 11 février 2016, 272 pages. Première édition dans sa traduction française chez Sabine Wespierser en 2014.
Ce roman a été chroniqué dans le cadre de la sélection des Prix CL 2017, dans la catégorie Catégorie Découvrir - Roman traduit . Autre roman déjà lu et chroniqué dans cette catégorie :
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