jeudi 12 mars 2015

Portrait de femme de Jane Campion


Nous sommes à la fin du 19ème siècle. Isabel Archer (Nicole Kidman), jeune américaine en visite chez ses cousins anglais, surprend son entourage par son esprit d’indépendance, son intelligence et  son imagination. Trop avide de découvrir le monde, elle refuse coup sur coup deux demandes en mariage.  Son cousin Ralph, jeune phtisique secrètement amoureux d'Isabel, demande à son père malade de lui léguer une partie de son héritage.

Libre, impétueuse et avide de découvrir le monde après être devenue riche suite au décès de son oncle par alliance, Isabel Archer finit par succomber aux charmes de Gilbert Asmond (John Malkovich), un séducteur d'origine américaine rencontré lors d’un voyage en Italie. Sans le savoir, Isabel Archer tombe dans un complot fomenté par Madame Merle, qui a de très bonnes raisons de la jeter dans les bras de son ancien amant, Gilbert Osmond. Un mariage malheureux s’en suivra, conséquence d’un choix désastreux et irréfléchi qui conduira Isabel Archer dans la plus grande tourmente psychologique qui soit…

Quatrième film de Jane Campion, Portrait de femme est l’adaptation du chef-d’œuvre de Henri James. Portrait d’une femme farouchement indépendante et libre de ses choix dans une société anglaise encore fortement corsetée, ce qui ne l’empêchera pas d’être prise au piège d’un mariage qu’elle avait pourtant initialement désiré, avant de découvrir, quelques années plus tard, les manipulations dont elle fut l’objet.

Le couple Madame Merle/ Gilbert Asmond fait inévitablement penser au couple la Marquise de Merteuil/ le vicomte de Valmont, d’autant plus que les deux personnages masculins sont joués par John Malkovich. De ce fait, le spectateur est d’emblée mis dans la confidence, à savoir la connaissance presque immédiate de la face sombre de Gilbert Asmond, alors qu’Isabel Archer tombe naïvement dans les rets de ce grand manipulateur, trop présomptueuse et trop confiante dans les élans de cœur. 

Un film intimiste sombre dans lequel on retrouvera le pessimisme dans le choix des couleurs (à dominance bleu et brune) et la semi-obscurité des intérieurs. A l’image de l’esprit embrumé d’Isabel Archer qui,  de femme célibataire indépendante et orgueilleuse,  se transformera en femme captive de son époux.  Une soumission allant parfois jusqu'au masochisme, tout en en étant partagée entre passion et confusion des sentiments. 

Un très beau film sur la perte des illusions et la révélation de soi. Une leçon d'humilité aussi.





Titre original : The portrait of a lady
Réalisateur : Jane Campion
Acteurs : Nicole Kidman, John Malkovich, Barbara Hershey, Mary-Louise Parker
Origine : États-Unis
Année de production : 1996
Date de sortie en Belgique : 05/02/1997
Durée : 2h25

A découvrir également :

* Portrait de femme de Henry James

2 commentaires:

  1. Bonsoir Sentinelle. C'est vrai que c'est un très beau film. Je suis juste un peu moins emballé que toi, parce que je trouve que c'est un peu trop grandiloquent par moments. Il faudrait que je lise le roman pour comparer.

    J'ai toutefois beaucoup aimé certains éléments de mise en scène et me suis trouvé sensible à de petits détails. Par exemple, dans l'une des premières scènes, quand Isabel Archer referme une porte, on voit rapidement son corset cloué à cette même porte. Ce qui prouve donc qu'elle ne le porte pas et donne déjà une bonne idée de son personnage.

    La société de l'époque, elle, était comme tu l'as dit corsetée, justement. Le long-métrage nous le montre vraiment et c'est un choc ! J'ai bien aimé ce que le film montre du personnage de Pansy et de la manière dont Isabel cherche à la préserver du piège dans lequel elle est elle-même tombée. Chut... je n'en dis pas plus pour ne pas trop en dévoiler à ceux qui pourraient lire ce commentaire...

    Je te dis à bientôt, amie cinéphile. Je reparlerai du film d'ici une dizaine de jours.

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    1. Bonjour Martin,

      J'espère que tu vas bien. Pour ce qui est de la comparaison avec le roman, je trouve que cette adaptation est plutôt une belle réussite, même si les sentiments sont plus exacerbés dans le film que dans le livre, qui lui insiste notamment beaucoup plus sur les différences culturelles et sociétales entre les anglais et les américains par exemple.
      J’ai trouvé que ce portrait de femme, assez libre pour l'époque, était intéressant dans la mesure où cette liberté la conduit malgré tout à une impasse. Ce qui rend par ailleurs cet échec encore plus difficile à assumer, dans la mesure où elle n’a fait confiance qu’aux élans de son cœur, au détriment des avis de ses proches ou de sa famille. Il y a quelque part un petit ton moralisateur mais j’aime aussi cette idée de devoir affronter les conséquences de ses actes, car la liberté de choisir, c’est aussi la liberté de faire de mauvais choix et de se tromper. Je trouve que la réalisatrice a très bien rendu cet état de confusion mentale et cette sensation d’étouffement que connait notre héroïne, qui passe d’abord par l’obstination et la volonté de ne pas remettre en question ses choix pour ne pas devoir se remettre en question, pour ensuite passer par le doute, avant d’entrevoir la nécessité de dépasser sa fierté en acceptant l’échec de son mariage et ses conséquences. Pour soi et aux yeux des autres. Même si la fin reste finalement assez ouverte, mais pour moi il ne fait aucun doute qu’elle ne restera pas dans ce mariage destructeur. Enfin, c’est aussi le portrait d’une jeune femme orgueilleuse qui va apprendre une certaine forme d’humilité. C’est ce qu’on appelle aussi grandir, ou mûrir ;-)

      Sur ce, à bientôt Martin, et merci pour ton commentaire.

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