mardi 15 septembre 2015

Le jardin de bronze par Gustavo Malajovich


Quatrième de couverture 

Mystérieusement disparue à la sortie du métro en compagnie de sa baby-sitter, la petite Moira n’arrivera jamais au goûter d’anniversaire où l’attend son père. Ses parents placent d’abord tous leurs espoirs dans les appels à témoins, puis se déchirent à mesure que l’enquête policière piétine. L’homme, seul, continuera la lutte. Après une dizaine d’années de recherches et d’innombrables impasses, une petite araignée en bronze, et l’alliage particulier de son métal, déporte l’enquête des pavés de Buenos Aires aux confins d’Entre Ríos, où un Kurtz argentin règne au cœur des ténèbres du Paraná. Et c’est dans un jardin de bronze aux arbres métalliques envahis par la végétation que des statues de femmes, ou plutôt d’une même femme reproduite à l’infini, révèlent l’effroyable aliénation des liens du sang. 

Un Buenos Aires gothique où des édifices majestueux abritent des bureaux démantelés, une police corrompue, des médias à la solde du pouvoir : si la réalité argentine est ici bien prégnante, la singularité de ce roman tient surtout à la conduite de la tragédie intime d’un homme qui était loin de chercher la terrible vérité qu’il s’est acharné à découvrir.

Mon avis

L’auteur Gustavo Malajovich, né en 1963 en Argentine, était un architecte de métier avant de se consacrer totalement à l’écriture. Auteur de plusieurs scénarios pour le cinéma et la télévision, il signe ici son premier roman, qui constitue également le premier volet d’une série à venir. 

Il faut bien reconnaitre que j’ai eu quelques craintes en lisant la présentation de l’auteur cité en préambule du roman, tant « auteur de scénarios » n’est pas franchement fait pour me rassurer quant à l’éventuelle qualité littéraire de la prose de Gustavo Malajovich. Craintes rapidement balayées en lisant les premières pages, tant j’étais bien en présence d’un roman et non d’un scénario prémâché pour une éventuelle prochaine adaptation, même si cela ne devrait aucunement déplaire à l’auteur.  Son roman s’y prêtant d’autant plus facilement qu'il offrirait de beaux contrastes, aussi bien au niveau des paysages que de la diversité des personnages rencontrés. 

Ne vous y trompez pas pour autant, dans la mesure où nous sommes loin d’un classique thriller américain trépidant au rythme soutenu. Rappelons d’abord que ce roman est bien argentin et non américain. Soulignons ensuite que la narration est plutôt lente (et parfois très lente), l’auteur accordant une attention toute particulière au développement et à la psychologie des personnages. La situation géopolitique argentine n’est pas en reste, sans constituer pour autant un des éléments essentiels de l’intrigue : le kidnapping d’enfant est universel et la corruption policière également, même si à des degrés divers. Ne vous fiez pas non plus à la quatrième de couverture, qui fait référence à un Buenos Aires gothique.  On se demande d’ailleurs où ils ont peu trouver une telle référence, à part dans l’imagination de l’auteur du résumé. 

Nous avons donc un roman qui prend son temps pour développer son intrigue (son évolution étant étalée sur plus de dix années), tout en avançant par à coup en fonction des nouveaux indices qui émaillent le récit. Quelques notes d’humour sont savamment distillées pour apporter quelques bouffées d’oxygène à un récit de plus en plus tendu et étouffant, qui débouchera sur un dénouement ma foi assez inattendu. Car bien  plus qu'un banal thriller, il s’agit plutôt ici de douleurs enfouies remontant à l'enfance et l'adolescence,  amenant à une issue dramatique digne d’une tragédie grecque, mais je n’en dirai pas plus. 

A défaut d’avoir été totalement captivée par ce voyage au cœur de ténèbres argentins, j’ai trouvé ce premier roman suffisamment intéressant pour envisager de poursuivre la série lorsqu’elle se présentera aux lecteurs.

Le jardin de bronze par Gustavo Malajovich, Collection Actes noirs chez Actes Sud Éditions, 8 janvier 2014, 524 pages

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