Les Nuits blanches de Saint-Pétersbourg (1937) de Jean Dréville *
Avec Gaby Morlay, Jean Yonnel , Pierre Renoir
C’était l’époque où il fallait présenter sur les écrans trois ou quatre films d'atmosphère russe dans l'année et Jean Dréville semble s’être plié à cette mode florissante pour satisfaire ses producteurs. Un genre qui a produit bien peu d’œuvres impérissables, il faut bien l'avouer. Les Nuits blanches de Saint-Pétersbourg, adaptation (très fainéante) de La Sonate à Kreutzer écrite par Léon Tolstoï, ne fera pas exception à la règle. Car rien ne fonctionne vraiment dans ce film : tout est grandiloquent, superficiel, surligné et surjoué. Il manque de la finesse, de l’élégance et de la sensualité. Et quand on parle d'amour, et bien... c'est un peu navrant. Le scénario est tellement simplifié que tout ce qui faisait le sel de la nouvelle de Tolstoï a disparu, tant et si bien que les seconds rôles n’ont plus rien à dire et sont tout simplement inexistants. Les rôles principaux ne s’en sortent guère mieux, et ce malgré l'application de Jean Yonnel, qui semble vouloir donner le meilleur de lui-même. Hélas, son jeu trop théâtral ruine tous ses efforts. Après renseignement, Jean Yonnel fut l'un des derniers tragédiens dans la grande tradition des acteurs du début de siècle et effectua l'ensemble de sa carrière à la Comédie-Française. Nous y voilà ! C'était sans aucun doute un grand tragédien au théâtre, mais il n'était définitivement pas un grand acteur de cinéma. Petite anecdote amusante, je lui trouvais un petit air de ressemblance avec le comte Dracula (en tout cas, tel qu’il était incarné au cinéma à cette époque) et il se trouve qu’il était d’origine roumaine !
Jean Yonnel, Gaby Morlay |
Même la musique, pourtant essentielle dans le film, ne le sauve pas : les oreilles sont martyrisées par les notes martelées qui accentuent inutilement les effets dramatiques. Que dire de la fin ? Elle se veut romantique et mélodramatique, elle n'est que ridicule, grotesque et caricaturale. Même les violons ne manquent pas, ni le chœur russe final. Les oreilles demandent grâce et c’est avec une grande reconnaissance qu’elles accueillent le silence du générique de fin.
Les Nuits blanches de Saint-Pétersbourg est un film de commande très dispensable, tant Jean Dréville semble l'avoir expédié au plus vite pour mieux passer à autre chose. Heureusement, j’ai déjà eu l’occasion de voir d’autres films du réalisateur pour m’en faire une meilleure opinion : Le joueur d’échecs et Copie Conforme.
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