De Mayerling à Sarajevo (1940) de Max Ophuls ***
Avec Edwige Feuillère, John Lodge, Aime Clariond
Le
destin tragique de l'archiduc François-Ferdinand d'Autriche, devenu
l'héritier de François-Joseph Ier à la mort de son fils l'archiduc
Rodolphe.
Un
film qui mélange assez adroitement la romance entre l'héritier et la
comtesse tchèque (et donc sans rang dynastique) Sophie Chotek et les
aspects historiques plus politiques tels que les changements de
gouvernance qu'auraient pu apporter l'archiduc François-Ferdinand, aux
idées plus modernes que son oncle François-Joseph, souverain despotique
qui mènera à la première guerre mondiale.
J'imagine
volontiers l'importance symbolique qu'aurait pu avoir ce film pour Max
Ophuls, dans la mesure où nous sommes à la veille de la seconde guerre
mondiale au début du tournage. Mais la grande histoire rattrapera la
petite histoire, et le tournage sera interrompu suite à la mobilisation
française de 1939, pour n'être repris qu'en février 1940, avec une
équipe réduite. La qualité
du film s'en ressent, notamment dans les dernières scènes du film, dont
la pauvre reconstitution d'une scène clé, celle de l’assassinat du
couple lors de l'attentat à Sarajevo. Ce film n'est donc pas une oeuvre
phare de sa filmographie mais il se regarde tout de même avec plaisir et
intérêt. Mention spéciale pour l'actrice Edwige Feuillère, aussi belle que talentueuse.
Et
si vous avez toujours voulu savoir ce que signifie un mariage
morganatique sans oser poser la question, le film y répondra et vous
pourrez ensuite briller en société en le mentionnant nonchalamment au
cours d'une conversation portant sur la monarchie (sujet pas très en
vogue, il est vrai, mais qui vous distinguera d'autant plus).
Ce n'est pas le premier film de Max Ophuls que je chronique sur mon blog. Je vous renvoie aux billets correspondants : Le plaisir (moyennement aimé) et Madame de... (beaucoup aimé)
Copie conforme (1947) de Jean Dréville ****
Avec Louis Jouvet, Suzy Delair, Annette Poivre
Que
ce film est drôle, savoureux dans ses dialogues et réjouissant à
regarder, grâce à l'excellent jeu des acteurs principaux, à savoir Suzy Delair et Louis Jouvet,
qui s'en donne à cœur joie dans cette double interprétation d'un
modeste employé et d'un audacieux cambrioleur, qui se ressemblent
tellement que le voleur à l'idée de l'utiliser comme alibi pour ses
prochaines combines. Franchement, son interprétation est un régal pour
les yeux, tant il arrive à donner une personnalité tout autre en
fonction de son personnage, du grand art.
Ce film n'a pas d'autre prétention que celle de vous divertir et le réussit fort bien. Les dialogues sont de Henri Jeanson,
l'auteur du "Atmosphère, atmosphère, est-ce que j’ai une tête
d’atmosphère ?" d’Arletty dans Hôtel du Nord de Marcel Carné, ou encore
de Pépé le Moko de Julien Duvivier, pour ne citer que ceux-là. Le scénariste français d'origine russe n'est autre que Jacques Companeez (La Maison du Maltais de Pierre Chenal, J'étais une aventurière de Raymond Bernard, Casque d'or de Jacques Becker).
Ce n'est pas la première fois que je commente un film de Jean Dréville, puisque je vous ai déjà présenté Le joueur d'échecs. Vu à l'époque à la Cinematek de Bruxelles et dont je me souviens encore très bien, ce qui est bon signe. Les Nuits blanches de Saint-Pétersbourg est nettement plus dispensable.
Maigret et l'affaire Saint-Fiacre (1959) de Jean Delannoy ***
Avec Jean Gabin, Michel Auclair, Robert Hirsch, Valentine Tessier
Le
commissaire Maigret retourne dans sa ville natale car sa vieille amie,
la comtesse de Saint-Fiacre, reçoit une lettre anonyme lui annonçant
qu'elle mourra le merdredi des Cendres... Le jour venu, elle est
retrouvée morte. On diagnostique un arrêt cardiaque, mais cette version
des faits ne suffit pas à Maigret.
Adapté de L'Affaire Saint Fiacre de Georges Simenon (j'en parle ici),
ce film respecte le roman dans ses grandes lignes, tout en s'en
différenciant par certains aspects, notamment en ce qui concerne
l'attitude de Maigret. Dans le roman, le commissaire se complait dans
ses souvenirs d'enfance en se laissant volontiers porter par les
événements. Dans le film, Jean Gabin a toujours cette lueur
mélancolique dans les yeux mais dirige plus en main de maître l'enquête
en cours. C'est par ailleurs une constante dans l'adaptation des romans
de Simenon avec Jean Gabin comme interprète principal, les personnages
simoniens interprétés par l'acteur sont souvent plus terre à terre, plus bavards et plus interventionnistes que les
personnages littéraires, davantage contemplatifs et doués d'une capacité d'absorption semi-consciente de l'environnement, plus intuitifs et vulnérables en quelque sorte. Quoi qu'il en soit, c'est un plaisir de l'accompagner sur
les lieux de son enfance et de revoir la Place d'Allier et la
reconstitution en studio du Grand Café de l'époque, à Moulins en
Auvergne. Un Grand Café dans lequel j'ai eu le plaisir de me rendre à
plusieurs reprises. Pour le coup, la nostalgie joue pour moi également.
La
mise en scène est classique mais efficace, l'interprétation des acteurs
honnêtes et l'ambiance provinciale et l'utilisation du château assez
intéressantes. A noter, les dialogues sont de Michel Audiard. Un bon
Maigret, en somme.
Une autre adaptation de Maigret au cinéma ? Les inconnus dans la maison de Henri Decoin, avec Raimu.
Une autre adaptation de Simenon, avec Jean Gabin ? Le président de Henri Verneuil.
Une autre adaptation de Simenon, avec Jean Gabin ? Le président de Henri Verneuil.
Bonjour. Tu sais que j'aime beaucoup ta moisson de vieux films. Je viens de voir Copie conforme, pas désagréable. J'ai vu De Mayerling à Sarajevo que j'aime bien mais qui n''est pas parmi les meilleurs Ophuls. Quant à Maigret et l'affaire Saint Fiacre ce n'est déjà plus tout à fait pour moi un vieux film (question de génération). C'est un cas particulier pour moi. Hyperclassique, moins riche que le roman comme tu l'as très bien écrit. Mais je le revois à la TV chaque fois qu'il est rediffusé, c'est à dire très souvent, avec sa galerie de seconds rôles très typés. C'est ainsi le film que j'ai le plus vu. Environ 15 fois. J'en connais des scènes entières par coeur. A bientôt.
RépondreSupprimerBonjour Eeugab,
SupprimerC'est toujours un plaisir de te retrouver par ici :)
Je dois t'avouer que j'avais hésité d'ajouter "Maigret et l'affaire Saint Fiacre" dans ma moisson de vieux films, mais il a un petit côté désuet, du coup, je l'ai ajouté quand même. Je n'en reviens pas que tu l'aies vu aussi souvent. A bientôt !
Comme Claude, je suis fan de cette moisson patrimoniale !
RépondreSupprimerUn Ophuls (que je n'ai pas vu hélas), donc forcément recommandable à mes yeux, un Dréville (que j'ai en stock, je n'ai plus qu'à m'y mettre) réunissant Jouvet et Delair, comme dans "Quai des Orfèvres", et ce Maigret mitonné façon Delannoy/Gabin/Audiard (trio du "Baron de l'écluse") que j'ai également en affection.
Merci Princécranoir :)
SupprimerLe Dréville et le Delannoy, je les ai aussi vus à la télé. Le Ophuls fait partie des DVD du coffret II, Gaumont - 120 ans. Il me reste encore pas mal de films à voir du coffret, du plaisir en perspective !
Je n'ai vu aucun de ces films. Le Dréville m'intéresse particulièrement.
RépondreSupprimerIl est passé dernièrement à la télé, j'espère que tu as eu le réflexe de l'enregistrer ;-)
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