lundi 15 août 2016

Locataires de Kim Ki-duk


Nous sommes tous des maisons vides,

Attendant ardemment que quelqu'un vienne ouvrir la porte et nous libère... 


Et un beau jour, 


Un homme, comme un fantôme, apparaît et ouvre la porte pour m'emmener avec lui. 


Aujourd'hui, je fais confiance à cet homme pour le suivre sans réserve, 


Vers un destin nouveau...


Kim Ki-duk

Par un habile stratagème, Tae-suk repère rapidement les logements vidés de ses occupants, partis quelques jours en vacances ou en déplacement pour raison professionnelle. Si ce jeune homme sans domicile fixe occupe ces lieux temporairement vacants, ce n’est jamais pour y voler ni dégrader quoi que ce soit mais pour y loger et s’y nourrir, tout en prenant grand soin des lieux "squattés" : il arrose les plantes, fait de petites réparations ou encore lave à la main le petit linge des absents. Jusqu’au jour où il loge dans une maison qu’il croit inoccupée alors que Sun-houa, une femme maltraitée par son mari et qui occupe toujours les lieux, l’observe à la dérobée…  


Deux âmes esseulées qui se rencontrent et qui n’ont pas besoin de la parole pour se comprendre, des échanges qui passent par un geste, un regard, une attitude, un amour qui éclot et comble la béance des maisons vides par la tendresse, la complicité et la douceur qui les unissent. Des moments fragiles et délicats qui vont se fracasser lorsque la réalité reprendra ses droits, l’un se retrouvant en prison et l’autre de retour chez son mari maltraitant. Nous passons du calme à la violence et au désir de vengeance, mais ce n’est que pour mieux glisser progressivement vers quelque chose de plus éthéré et d’évanescent.

Un joli film plein de charme et de mystère, même si je ne m'y retrouve pas toujours quant à certains messages véhiculés - attention spoiler - notamment dans ce choix de retourner auprès de son mari violent par confort et sécurité matérielle, ce qui témoigne aussi d'une certaine condition féminine, ou le fait d'attendre la venue du prince charmant pour tenter de s'en libérer. Bref, il reste encore du chemin à parcourir...

Locataires a reçu le Lion d'argent (prix du Meilleur réalisateur) au Festival de Venise en 2004.


Titre original : Bin Jip
Réalisateur : Kim Ki-Duk
Acteurs : Lee Seung-Yeon, Jae Hee, Kwon Hyuk-Ho, Joo Jin-Mo
Origine: Corée du Sud
Année de production: 2004
Durée: 1h35
Disponible en DVD et VOD

10 commentaires:

  1. Il est sur ma pile "à revoir" depuis des mois. Je crois que je vais m'y mettre :-) Je me souviens qu'il m'avait transporté ce film même si comme toi je comprenais mal qu'elle retourne chez son mari.

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    1. Ce sont des détails qui coincent un peu mais l'ensemble a tellement de charme qu'on passe dessus assez facilement.

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  2. Et la beauté du garçon !!!

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    1. Pas très expressif mais d'une beauté plastique irréprochable !

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  3. Quand je dis qu'il est sur ma pile... ne va pas imaginer que je les suce !

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    1. Rho comment peux-tu penser une seconde que j'ai pu faire le lien, déjà que je suis passée à côté avec Park ;-)

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  4. Je ne me suis pas posée autant de questions pour la fin : pour moi elle retourne effectivement dans cette vie inacceptable car désormais, elle sait qu'elle pourrait la supporter grâce à son "fantôme".
    Sinon j'aime beaucoup ce film émouvant et d'une grande poésie.

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    1. Quelque part, sa vie à changer, effectivement, car elle attend son retour et sait qu'elle ne sera plus jamais seule. Mais je n'ai pas pu m'empêcher de relever cette soumission de l'épouse, comme si cela allait de soi de retourner vivre chez son mari violent qu'elle n'aime pas, comme si elle ne pouvait pas faire autrement. A part ça, ce film est vraiment d'une grande poésie.

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    2. Je crois surtout qu'il s'est attaché à une situation réaliste : beaucoup de femmes, surtout dépendantes financièrement de leur mari, ne partent pas en cas de violence conjugale. Et en Corée, ça reste très mal vu d'être divorcée.

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    3. Je ne l'avais pas vu de ce point de vue, mais oui effectivement, cela doit être malheureusement assez représentatif de la société coréenne.

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