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Affichage des articles du octobre, 2009

La vie aux aguets de William Boyd

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Quatrième de couverture Pendant la canicule de l’été 1976, dans la campagne oxonienne, une jeune femme rend visite à sa mère, dont les propos la désarçonnent. Que penser en effet quand votre mère si anglaise, si digne, vous annonce tout de go qu’elle n’est pas Sally Gilmartin mais Eva Delectorskaya, une émigrée russe et une ex-espionne de haut vol ? Et pourtant Ruth Gilmartin doit s’y résoudre : tout est vrai. Depuis trente et quelques années, pour tenter de retrouver la sécurité, voire sauver sa peau, Sally-Eva a échafaudé avec soin le plus vraisemblable des mensonges. Au fil de la lecture du mémoire que lui remet sa mère, Ruth voit sa vie basculer. À qui se fier ? À personne justement, comme le voulait la règle numéro un du séduisant et mystérieux Lucas Romer qui a recruté Eva en 1939 pour les services secrets britanniques. Mais Ruth comprend. Si Eva se découvre maintenant, c’est qu’elle a besoin de l’aide de sa fille pour accomplir sa dernière mis...

Ce que je sais de Vera Candida de Véronique Ovaldé

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Extrait Les vies se transforment en trajectoire. Les oscillations, les hésitations, les choix contrariés, les déterminations familiales, le libre arbitre réduit comme peau de chagrin, les deux pas en avant trois pas en arrière sont tous gommés finalement pour ne laisser apparaître que le tracé d’une comète. C’est ainsi qu’Itxaga devint peu à peu ce qu’il est encore et que, de loin, on ne pouvait lui imaginer une autre vie que la sienne.   Mon avis Véronique Ovaldé avait déjà retenu mon attention lors de la lecture de son roman Déloger l’animal , paru en 2005. Un sujet original à l’atmosphère étrange, mélancolique et onirique, le tout porté par une plume poétique et un auteur que j’allais suivre sans aucun doute. Et j'ai retrouvé avec plaisir la plume gracieuse de Véronique Ovaldé, avec cette touche originale de réalisme magique qui la distingue de la plupart des écrivains français contemporains. Avec ce roman sur la filiation et la transmission, la féminité et la ma...

Lait noir de Elif Shafak

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Elif Shafak nous parle de la maternité dans ce récit autobiographique dans lequel l’auteur s’interroge quant à la possibilité de pouvoir combiner maternité et écriture, en évoquant le choix de vie de quelques grandes dames de la littérature telles que Virginia Woolf, Simone de Beauvoir, George Sand, Doris Lessing, Ursula K. Le Guin, Zelda Sayre Fitzgerald et d’autres poètes ou romancières turques moins connues sous nos latitudes. Un constat s’impose, il n’y a pas de réponse toute faite à cette question ni de lignes directrices majeures mais une multitude d’aménagements et d’accommodements divers, propre à chaque femme. « Une règle est restée inchangée jusqu’à nos jours : les écrivains masculins sont avant tout perçus comme des écrivains, ensuite comme des hommes. Quant aux femmes écrivains, elles sont d’abord femmes, puis écrivains. » La question de l’écriture et de la maternité sera également exploitée de manière originale et humoristique par le biais des ‘petites voix in...

Jan Karski de Yannick Haenel

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Si la figure centrale du livre est bien évidemment Jan Karski, ce récit s’articule également autour de plusieurs axes principaux tels que le devoir et la responsabilité du témoin, la question polonaise, l’extermination des juifs et la complicité passive des Alliés qui ‘savaient’. Un récit découpé en trois parties qui se complètent et se juxtaposent afin de mieux approcher le parcours insensé d’un homme porteur d’un message ultime qu’il ne cessera de clamer à la surface du monde, un homme devenu malgré lui un personnage digne de la mythologie grecque, ne devant rien envier à cette pauvre Cassandre douée du don de prophétie mais condamnée à ne jamais être entendue. La première partie reprend le témoignage de Jan Karski face à la caméra de Claude Lanzmann lors du tournage de La Shoah , la deuxième partie est un résumé de l’autobiographie de Jan Karski et la troisième partie est celle romancée par Yannick Haenel, chaque partie n’étant jamais redondante par rapport à l’autre mais...

L'Héritage d’Esther de Sándor Márai

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Quatrième de couverture Publié en 1939, L'Héritage d’Esther rassemble en un bref récit tout ce qui fait l'art de M á r a i. Retirée dans une maison qui menace ruine, engourdie dans une solitude qui la protège, une femme déjà vieillissante voit soudain ressurgir le seul homme qu'elle a aimé et qui lui a tout pris, ou presque, avant de disparaître vingt ans plus tôt. La confrontation entre ces deux êtres complexes - Esther la sage, ignorante de ses propres abîmes et Lajos l'insaisissable, séducteur et escroc - est l'occasion d'un de ces face à face où l'auteur des Braises et de La Conversation de Bolzano excelle. La tension dramatique extrême, l'atmosphère somnambulique, l'écriture sobre et précise font de ce court roman un véritable chef-d'œuvre. « L’héritage d’Esther » reprend beaucoup de thèmes déjà développés dans son roman « Les braises » : univers bourgeois en déconfiture, délabrement et ruine imminentes, nostalgie et fin d’une ...

L'anneau maudit de Selma Lagerlöf

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Selma Lagerlöf (1858-1940) fut la première femme honorée du Prix Nobel de Littérature (1909). Auteur suédois, son œuvre la plus connue n’est autre que Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède. Peut-être certains d’entre vous se souviendront mieux de l’adaptation en dessin animé japonais « Nils Holgersson », réalisé dans les années 80 par Hisayuki TORIUMI (le petit enfant sur le dos d’un jar qui accompagne les oies sauvages dans leur migration à travers la Suède jusqu'en Laponie, c’est Nils). Une grande dame de la littérature que j’avais envie de découvrir depuis pas mal de temps, raison pour laquelle je n’ai pas hésité longtemps à me procurer l’excellent conte « L’anneau maudit » lorsque l’occasion s’est présentée. Ce court récit fantastique nous plonge dans la Suède de roi batailleur Charles XII, plus précisément dans la région du Värmlan, région natale de Selma Lagerlöf qui connaît bien son histoire et les légendes qui la nourrissent. Le roi Char...