« C'était la deuxième fois qu'elle laissait tout derrière elle. La première fois, c'était exactement comme dans la chanson des Beatles - elle avait posé un mot sur la table et s'était faufilée hors de la maison à cinq heures du matin pour retrouver Clark sur le parking de l'église, au bout de la rue. Elle fredonnait d'ailleurs cette chanson dans la camionnette qui accélérait en vrombissant. She's leaving home, bye-bye.»
Alice Munro met en scène, en huit nouvelles, des femmes qui partent. Elles fuguent, s’enfuient, s’en vont voir ailleurs. Elles quittent un foyer, une famille, une mère, elles fuient un amour naissant, rejettent un destin tout tracé. Mais elles se dispersent aussi beaucoup ces femmes, se dérobant souvent face au danger de leur propre désir. Car il semble bien qu’elles arrivent avant tout merveilleusement bien à se fuir elles-mêmes tant parfois il nous semble qu’elles cèdent facilement au renoncement et à l’abnégation. Fugitives, peut-être, mais manquant souvant d’audace et de témérité, sans aucun doute. Car ces femmes savent - au plus profond d’elles-mêmes - que la vie est faite d’occasions perdues, de petites lâchetés, de certaines mollesses et quelques indolences, sans parler de ces petits arrangements qu’on aurait bien aimé être provisoires mais qui se révèlent rapidement immuables et définitifs.
Traitées souvent de manières inattendues, ces huit nouvelles douces-amères sont un florilège de finesse et de subtilité, écrites avec une infinité de nuances et beaucoup d’élégances. Que cet auteur soit considérée comme l'un des plus grands écrivains anglo-saxons de notre époque n’est vraiment pas étonnant tant j’ai aimé me perdre et suivre le cheminement de ces femmes qui nous ressemblent tant.
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