mercredi 2 décembre 2009

Mr. Vertigo de Paul Auster

Quatrième de couverture

« J'avais douze ans la première fois que j'ai marché sur l'eau. L'homme aux habits noirs m'avait appris à le faire, et je ne prétendrai pas avoir pigé ce truc du jour au lendemain. Quand maître Yehudi m'avait découvert, petit orphelin mendiant dans les rues de Saint Louis, je n'avais que neuf ans, et avant de me laisser m'exhiber en public, il avait travaillé avec moi sans relâche pendant trois ans. C'était en 1927, l'année de Babe Ruth et de Charles Lindbergh, l'année même où la nuit a commencé à envahir le monde pour toujours. J'ai continué jusqu'à la veille de la Grande Crise, et ce que j'ai accompli est plus grand que tout ce dont auraient pu rêver ces deux cracks. J'ai fait ce qu'aucun Américain n'avait fait avant moi, ce que personne n'a fait depuis. »

Lu il y a des années, j’ai eu envie de me replonger dans une des mes lectures préférées de Paul Auster. Et le plaisir fut à nouveau au rendez-vous. Même si « Mr Vertigo » est une œuvre un peu en marge de ce que nous propose habituellement l’auteur, nous y retrouvons tout de même quelques thèmes qui lui sont chers (les années d’apprentissage, la loyauté, le deuil, la culpabilité, la solitude, la résilience).

Quel enchantement que celui d’accompagner cette petite canaille dans ses années d’apprentissage de son art mais aussi de la vie, quel plaisir également de retrouver ces personnages hauts en couleur, que ce soit Maître Yehudi, Esope, Mrs Witherspoon ou maman sioux.

Personne ne bourre le mou à maman Sioux.
Je suis trop vieille et trop grosse pour avaler tout ce que disent les gens.
Les mensonges,  c'est comme les  os de  poulet.   Ils se  coincent dans mon gosier, et je les recrache.

Suivre les traces du jeune Walter, c’est aussi aller à la rencontre de cette Amérique mythique, gangrenée par la violence et le racisme mais aussi terre d’asile des laissés-pour-compte.
Je n’étais plus Walt Rawley, le petit Blanc misérable sans un pot pour pisser, j’étais Walt le Prodige, le minuscule casse-cou qui défiait les lois de la pesanteur, le seul et unique as des airs.

Pays de tous les contrastes mais également de tous les possibles, dans lequel un homme - parti de rien - peut renaître plusieurs fois de ses cendres, quels que soient les coups du sort qui se dresseront sur sa route, tel  le fabuleux phénix.
Je ne voudrais pas paraître sans coeur, mais la vie appartient aux vivants, et malgré le choc qu'avait été pour moi le massacre de mes amis, je n'étais encore qu'un gosse, un petit pois sauteur avec des fourmis dans les jambes et des articulations en caoutchouc, et il n'était pas dans mon caractère de me traîner tout gémissant ni de porter le deuil longtemps.

Un roman initiatique dans lequel Paul Auster déploie de manière assez inhabituelle humour et dérision. Un roman que je conseille donc fortement, même s’il est un peu à part dans sa bibliographie. Évidemment, je n’ai pas pu m’empêcher d’y aller de ma petite larme à la fin du récit…


Mr. Vertigo de Paul Auster, Editions Faber & Faber, 5 janvier 2006, 288 pages.


 Note

2 commentaires:

  1. L'histoire (et la couverture je l'avoue) me tentent bien ! Je n'ai jamais lu cet auteur et j'espère que le côté doré American dream ne sera pas omniprésent

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    1. Bonjour Marianne,

      Oh tu ne dois avoir aucune crainte à ce sujet, que du contraire ! Du même auteur, je te conseille également fortement mon petit chouchou de sa bibliographie, à savoir Moon Palace. Mais commencer par Mr. Vertigo est très bien aussi :-) Bonne découverte en tout cas.

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