Terrence Malick est un réalisateur américain atypique. Il cultive en effet une certaine distance avec "le système" et préfère rester dans l'ombre plutôt que de s'exposer, aussi ses contrats de tournage stipulent qu'il ne sera pris aucune photographie de lui et qu'il n'a aucune obligation de faire la promotion de ses films.
On sait toutefois qu'il aurait passé son enfance entre les champs de blé et les puits de pétroles, à côtoyer les agriculteurs et
travailleurs saisonniers. On veut bien le croire dans la mesure où peu de réalisateurs arrivent à sa cheville lorsqu'il s'agit de
filmer la nature, les forêts et de manière générale les grands espaces américains.
Avec Les Moissons du ciel, sorti en 1978, Terrence Malick nous offre une fois de plus des images époustouflantes de beauté !
Outre les grands espaces filmés avec génie, le réalisateur nous fait découvrir le jeune débutant (à l'époque) Richard Gere dans une œuvre poétique et lyrique, qui n'est pas sans rappeler certains grands thèmes mythiques ou religieux. Bon, autant le dire tout de suite, le jeu monolithique du « beau » Richard Gere ne m’a pas du tout convaincue, je dirai même qu’il est un peu la seule ombre au tableau extrêmement réussi dans l’ensemble. Par contre, je suis totalement tombée sous le charme de Sam Shepard :-)
Nous sommes en 1916, Bill (Richard Gere), ouvrier dans une fonderie, sa petite amie Abby (Brooke Adams) et sa petite sœur Linda quittent Chicago pour faire les moissons au Texas. Saisissant l'opportunité qui s'offre à eux de sortir de la misère, Bill pousse Abby à céder aux avances d'un riche fermier
(Sam Shepard), qu'ils savent atteint d'une maladie incurable.Bill se présentera au fermier comme étant le frère d’Abby, et
restera donc dans les parages lorsque le riche fermier et Abby se
marieront. Mais ce dernier se rend compte que quelque chose ne
colle pas dans cette version : la tragédie s'annonce lorsqu'il
aperçoit certaines scènes un peu trop intimes pour avoir lieu entre un
frère et une sœur.Le drame prend une ampleur grandiose lorsque les champs de blés,
dévorés pas les sauterelles, prendront feu suite à une altercation entre
les deux hommes. Le film prend à ce moment là des allures
de fuite du paradis perdu extrêmement réussie.
Les images sont belles mais il y a également une vraie histoire et
les personnages sont consistants et tout en nuances. Le soliloque de la
petite sœur a toujours du sens et apporte quelque chose
au film, il ancre vraiment notre attention sur la suite de
l'histoire, histoire intemporelle du triangle amoureux mais tellement
bien menée je trouve, sans vulgarité aucune. On s'attache à tous
les personnages, on comprend les motivations et les attentes des uns
et des autres, on ne les condamne jamais, quel que soit leur choix.
Ce que j'aime bien aussi chez Terrence Malick, c'est l’importance et
la place qu’il octroie à la nature, terre aussi nourricière et
protectrice qu’imprévisible et destructrice.
Le film a gagné de nombreux prix, dont l'oscar de la meilleure
photographie en 1978 et le prix de la mise en scène au festival de
Cannes en 1979. Il fut par contre un échec commercial cuisant, à
tel point que Terrence Malick ne reprendra la réalisation que vingt
ans plus tard, en 1998, avec « La Ligne rouge » (The Thin Red Line).
Quant à moi, « Les moissons du ciel » (Days of Heaven) est
le film que je préfère du réalisateur, car même si ses films les
plus récents, progrès technologiques aidant, sont d’une qualité d’images
inégalables, la qualité du scénario couplée à la beauté
de la photo en fait une œuvre des plus réussies.
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